Une semaine de randonnée à Corfou - la grande traversée

Cela faisait un moment que je cherchais une belle occasion de partir en trek. Marcher durant une semaine dans des paysages nature, faire des rencontres et découvertes permises uniquement par le rythme de la randonnée pédestre m’apparaissent comme une évidence après quelques expériences plus courtes. Mais où se lancer ? Après quelques recherches, je me suis tourné vers une visite de Corfou à pied.

Pourquoi ? Parce que j’adore les îles et leur ambiance si singulière, que ma première découverte de la Grèce dans le Dodécanèse à Kos et Patmos m’avait laissé un gout de reviens-y. Visiter Corfou m’est apparu comme une belle idée, cette île dénotant par son aspect multiculturel, sa surprenante végétation, bien plus luxuriante que sur les autres îles du pays et des paysages montagneux comme je les aime.

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Cette expérience de randonnée itinérante à Corfou, je voulais la vivre sans accompagnateur, mais pas sans filet de sécurité et avec confort. Peu expérimenté, je suis parti avec une amie pour m’accompagner, mais surtout en faisant confiance à une agence de voyage spécialisée dans l’itinérance à pied et à vélo : Grand Angle.

Mes motivations principales pour ce choix ? Ne pas avoir à transporter toutes mes affaires sur mon dos, un confort incroyable ! Et profiter de l’expérience d’une agence implantée localement pour le choix de l’itinéraire, gérant toute la logistique.

Voilà, c’est parti pour une semaine à Corfou en randonnée, traversant l’île du sud vers le nord, dans les terres et sur le littoral, jusqu’au sommet du Pantokrator, point culminant de l’île.

Etape 1 randonnée à Corfou – de Paramonas à Komianata – entre oliviers et points de vues

• Distance – 15 km
• 5h15 de marche
• Dénivelé 600 m +

Avant de démarrer dans le vif de ce trek à Corfou, il faut que je vous raconte notre arrivée dans l’île avec Mélina. Pour rappeler le contexte, nous étions en crise sanitaire depuis plus d’un an, et c’était enfin l’occasion de repartir hors de France, d’entendre des sons inconnus, d’être interpellés par des repères culturels différents, d’être bousculés de notre routine.

Nous arrivons de nuit, attendus par un chauffeur devant nous amener jusqu’à l’hôtel. L’accueil est jovial, la conduite un peu trop virile et nous tentons de percevoir les premières images de Corfou dans la pénombre. La douceur de cette nuit d’automne laisse espérer des journées chaudes et ensoleillées.

Une fois arrivés, le gérant nous accueille avec un large sourire et nous invite à nous mettre à table. Pas question d’aller nous réfugier dans notre chambre malgré l’heure tardive. Je pense que je n’ai jamais autant entendu le mot bienvenue en si peu de temps. Après un rafraichissement et quelques bavardages, notre voisin de table visiblement rendu très guilleret par quelques rasades d’ouzo nous tape la discute (enfin essaye…). Nous comprendrons qu’il est Allemand, vivant en Finlande et qu’il vient ici tous les ans. Mais je n’en suis pas sûr…

Ce dont je suis sûr, c’est que nous sommes bien en mode voyage, et cela fait un bien fou.

Lendemain matin, réveil matinal au lever du soleil, nos affaires sont vites prêtes, nous emmenons juste un petit sac à dos avec le nécessaire pour la journée.

Après un petit déjeuner vite englouti, nous ne trainons pas pour nous mettre en route, nous sentons déjà que marcher pendant la fraicheur du matin est une bonne idée. On a beau être en octobre, nous sommes au milieu de la Méditerranée et la chaleur se fait encore bien présente l’après midi.

Après quelques centaines de mètres, nous découvrons la côte, l’eau turquoise, les reliefs de l’île annonçant un dépaysement total et de superbes panoramas en perspective.

Nous montons raide à travers des oliveraies surprenantes. Les oliviers n’ont pas du tout la forme que j’ai l’habitude de voir, avec des arbres assez petits, les branches facilement accessibles. Non, les arbres semblent bien plus vieux, très grands, avec des troncs aux formes tortueuses, magnifiques.

Nous apprendrons plus tard qu’il s’agit d’un mode de culture différent, hérité d’une période où l’on produisait de l’huile pour l’éclairage et non la consommation. D’ailleurs l’huile d’olive produite à Corfou n’est pas de top qualité, dommage… Mais c’est en train d’évoluer parait-il.

Arrivés au sommet après cette grosse montée, je reprends mon souffle pour observer un premier point de vue global sur Corfou. Les sommets se dessinent à l’horizon, tranchant avec l’azur de mer et du ciel. La topographie de l’île est de toute beauté. Et dire qu’on a encore une petite semaine pour en profiter… Nous allons nous régaler !

Nous poursuivons le reste de la journée dans l’intérieur des terres, dans une sorte de maquis qui me rappelle la Corse, traversant ainsi l’île d’ouest en est pour terminer dans le charmant village de Komianata, offrant une sublime vue sur la ville de Corfou.

Etape 2 trek à Corfou – de Komianata à Pelekas – entre villages et collines

• Distance – 20 km
• 6h15 de marche
• Dénivelé 500 m +

Après un bon repas et une bonne nuit, nous partons au lever du soleil, la chaleur étant encore bien présente. Sans compter que partir aux premières lueurs offre de superbes lumières sur la mer et les montagnes de Corfou.

Pour cette deuxième journée de randonnée à Corfou, nous resterons la plupart de la journée dans les terres. Alternant entre sentiers, oliveraies, montées vers de beaux points de vues et villages charmants.

Au cours du chemin, nous passons par un monastère situé au beau milieu d’une oliveraie, absolument désert lors de notre passage. L’occasion d’une belle pause au calme.

D’ailleurs, si vous passez comme nous par le village de Sinarades où nous avons fait notre pause déjeuner, passez au petit musée folklorique, l’occasion d’en savoir plus sur la culture corfiote.

En arrivant à Pelekas, un tout autre paysage se découvre, laissant voir la côte ouest très escarpée, plongeant vers de superbes plages de sables au fond de criques turquoise.

Nous découvrons avec délectation notre hotel pour cette nuit (levant hotel), situé dans les hauteurs de Pelekas, un superbe bâtiment dominant la baie avec, pour ne rien gâcher, un piscine avec vue… Je peux vous assurer qu’après 6 heures de marche bien chaudes, c’était un régal absolu !

Nous n’aurons croisé qu’un ou deux randonneurs de toute la journée. Il faut dire que nous sommes hors vacances scolaires. Quand je vois certains commentaires sur Corfou avec des images de plages bondées, je suis bien heureux d’avoir choisi ce mode de voyage…

Etape 3 visite de Corfou à pied – de Komianata à Liapades – entre plages et forêt

• Distance – 20 km
• 6h15 de marche
• Dénivelé 600 m +

Avant de partir pour la plus longue étape de notre visite de Corfou en mode trek, nous partons au lever du soleil à quelques centaines de mètres du levant hôtel vers l’observatoire du kaiser Wilhelm II. Un belvédère situé sur un promontoire rocheux offrant la plus belle vue de ce séjour selon moi. Avec les brumes matinales, la vue sur la mer et les montagnes, je comprends pourquoi l’empereur allemand qui a donné son nom à l’observatoire appréciait autant ce point de vue.

Bon, le gaillard venait ici en villégiature pendant la première guerre mondiale… No comment.

Notre route débute par une descente vers une magnifique plage à flanc de falaise. Il est encore tôt et nous avons du chemin à parcourir, alors nous réservons la baignade pour une autre occasion, mais ce n’est pas l’envie qui manque !

Nous remontons ensuite vers les hauteurs pour replonger dans les terres. Nous croiserons d’ailleurs une tortue terrestre sur le sentier ! Une belle surprise, avant de redescendre à travers une grande forêt d’oliviers.

Si la première partie de la randonnée était magnifique, nous étions un peu fatigués sur la fin, la dernière partie étant un peu plus monotone et les deux premiers jours se faisant ressentir dans les mollets.

Aussi, les nombreuses décharges sauvages parsemant l’île viennent un peu ternir l’image de carte postale. L’abandon de voiture semble être une passion locale…

C’est que la variété impressionnante des paysages croisés jusque là nous a rendu exigeants ! Voir des détritus abandonnés dans un si bel écrin est difficilement compréhensible de nos jours.

Réconfort ultime en arrivant à Liapades, une magnifique plage avec un coucher de soleil non moins magnifique. Quoi de mieux pour se délasser, se requinquer tout en régalant ses mirettes ?

Décidément, cette conjugaison randonnée – plage est une parfaite alliance pour visiter Corfou.

Etape 4 – rando à Corfou de Liapades à Agios Georgios – entre nature et culture

• Distance – 18 km
• 5h de marche
• Dénivelé 350 m +

Si cette 4e étape fut la plus courte de notre visite de Corfou, ce fut peut être également la plus belle. D’un point de vue des payages, nous avons longé la côte, tantôt au pied des falaises, tantôt dans les hauteurs.

Si cette partie est un peu moins sauvage que la partie sud de Corfou, elle regorge de trésors culturels qui donnent une dimension supplémentaire à cette visite de Corfou. A commencer par le magnifique monastère de Paleokastritsa, point de départ de notre randonnée du jour.

Les monastères sont une institution incontournable à Corfou, et dans toute la Grèce d’ailleurs. Loin de l’image de monastères austères et fermés comme on pourrait le croire, ce sont des lieux intégrés dans la vie civile, ouverts aux visiteurs, vivants.

Petit exemple, en arrivant au monastère, nous retrouvons deux moines attablés au bar situé devant l’entrée, partageant une bière de bon matin en riant joyeusement avec les passants. Une ambiance à laquelle je ne m’attendais pas !

Le monastère en lui même est magnifique, isolé sur une presqu’île, avec son cloitre fleuri et sa chapelle richement décorée. Un moine nous interpelle pour savoir d’où nous venons, nous souhaiter la bienvenue. Une attention appréciable malgré l’aspect très touristique du lieu.

Après cette première étape culturelle, nous remontons en haut de la falaise pour longer la côte jusqu’à la falaise d’Angelocastro.

Dominant fièrement la mer, ce chateau avait une fonction bien précise : déjouer les attaques de pirates. Durant des siècles, ils ont écumé cette partie de la Méditerranée, pillant les villages côtiers.

Ce qui explique d’ailleurs que les villages anciens ne sont pas directement au bord de l’eau, mais perchés à flanc de colline. Du coup, l’activité de pêche n’était pas si intense contrairement à ce qu’on pourrait croire vue la physionomie de l’île.

Après cette visite historique, nous reprenons notre randonnée vers une des plus belles vues de notre séjour. Le sentier emprunte un chemin de muletier à flanc de falaise dévoilant un panorama à couper le souffle sur la Méditerranée. Avec Agios Georgios en ligne de mire, les oliviers en contrebas et l’azur parfait de la mer, nous savourons l’instant en ralentissant le pas.

Une fois arrivés au bas de la falaise, il ne nous reste que deux ou trois kilomètres jusqu’au village balnéaire d’Agios Georgios. Le sentier longeant une plage sauvage, nous préférons faire une pause ici en pleine nature et en profiter pour une petite baignade rafraichissante. Comment mieux terminer une si belle randonnée ?

Ah si, par une petite bière sur la plage d’Agios Georgios…

Etape 5 randonnée à Corfou – de Spartylas à Kerkyra – en passant par le mont Pantokrator

Ai-je osé dire que l’étape 4 était la plus belle de ce séjour à Corfou ? C’était sans compter sur la dernière étape de cette randonnée itinérante. Franchement, il y a compétition !

Et c’est un point que j’ai adoré dans le tracé proposé par Grand Angle pour ce voyage à Corfou, un crescendo délicieux pour finir au sommet du Pantokrator, le point culminant de Corfou à 906 m.

C’est depuis le charmant village de Spartylas que nous débutons notre dernière randonnée à Corfou, après un court transfert depuis notre hôtel.

A flanc de montagne, nous débutons notre marche vers le sommet avec un ciel nuageux et un soleil encore bas. Résultat, des reflets sur la mer magnifiques, donnant une atmosphère encore différente à l’île.

Nous découvrons dans cette montée une végétation radicalement différente de ce que nous avons croisé jusqu’alors. Le sol calcaire accueille des bruyères en fleur et autre plantes aromatiques ajoutant l’odeur aux réjouissances rétiniennes.

Nous passons un bon moment à scruter les détails de cette flore, passant de la vue sur la baie aux ruines d’une chapelle (Taxiarchis) pour arriver sur des plateaux karstiques où viennent paitre quelques vaches.

La diversité des paysages à Corfou nous aura étonné de bout en bout.

Nous apercevons alors le point culminant de Corfou : la Pantokrator. Si sa forme est majestueuse, nous sommes un peu déçus par la forêt d’antennes qui peuple son sommet. Si je comprends bien l’utilité pour capter la radio, la télévision etc. C’est très disgracieux…

Mais bon, faisons fi et grimpons jusqu’au sommet. Ce n’est pas dans le tracé, mais le détour n’est pas très long. Ce serait tout de même dommage de ne pas profiter de la vue à 360° depuis le sommet !

Nous avons eu bien raison, la vue sur le continent est magnifique (en tournant le dos aux antennes…). Nous avons comme le sentiment que ce sommet marque la fin de notre randonnée corfiote, même s’il reste un bon bout de chemin pour redescendre vers Kalami.

En quittant le sommet, nous apercevons un orage qui menace le Pantokrator, saisissant contraste entre le bleu parfait du ciel d’un côté et le noir des nuages au dessus du sommet.

Pour redescendre, nous ne suivons pas tout à fait le chemin indiqué, naviguant à vue vers la côte. Un dernier tronçon agréable qui nous emmène jusqu’à un chemin côtier de toute beauté, allant de crique en crique jusqu’à Kalami.

L’occasion de prendre un dernier verre à la « White House » dans l’ancienne maison de l’écrivain Lawrence Durell avant de rejoindre la capitale, Corfou ville.

• Distance – 20 km
• 6h de marche
• Dénivelé 500 m +, 600 m –

Bonus : visite de Corfou ville, que faire, que voir ?

Quelle randonnée ! Une semaine exceptionnelle en terme de diversité de paysages, de découvertes patrimoniales, mais aussi de rencontres.

Nous pourrions en rester là, mais il serait dommage de ne pas s’octroyer un joli bonus en consacrant deux jours de visite à Corfou ville, dont le centre historique est classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

Le séjour proposé par Grand Angle ne consacrait qu’une journée à la visite de Corfou ville, mais nous avons pris du rab, notre vol retour étant tard le soir.

L’occasion de prendre de temps d’aller se perdre dans les ruelles du centre historique, de visiter les remparts et les deux forts entourant la ville.

Mais aussi d’en apprendre plus sur l’histoire incroyable de l’île faite de multiples invasions et influences successives, donnant ce mélange de cultures tout à fait unique et savoureux aujourd’hui.

D’ailleurs, on retrouve des traces de ces influences successives à travers l’architecture de la la ville de Corfou. Corynthienne, puis romaine, elle fut le point de contact entre orient et occident pendant des siècles. Elle passa même brièvement sous contrôle français après la révolution, puis des russes, des britanniques et même de l’Italie à plusieurs reprises entre la 1ere et seconde guerre mondiale… Pour finalement revenir dans le giron de la Grèce après la guerre.

Si cette histoire très agitée a bien sûr influencé la culture de Corfou, il en résulte un caractère unique, très différent des autres îles grecques. Corfou est résolument méditerranéenne, mais avec ce je ne sais quoi d’influences orientales et occidentales mixées qui donne tout son charme à l’île et ses habitants.