Un des formidables atouts du Nicaragua au delà de ses volcans, ses villes coloniales, sa nature, c’est la possibilité de vivre en immersion dans une famille, dans des communautés qui développent une autre forme de tourisme. Le tourisme communautaire.
Une alternative durable : le tourisme communautaire au Nicaragua
A Léon, nous tombons justement par hasard sur une adresse de communauté dans les alentours de Matagalpa. Le flyer est peu précis mais on décide tout de même de tenter notre chance. Après plusieurs bus, nous atterrissons dans un village et nous réussissons à trouver une personne de la communauté dans un dépôt de café. Nos sacs posés à côté d’immenses sacs de café s’imprègnent d’une odeur des plus délicieuses, mais nous doutons quelque peu d’arriver à nos fins.
En effet, les habitants sont un peu étonnés de nous voir débarquer. Il faut dire qu’on l’a joué improvisation totale. Mais cela ne les empêche pas de nous trouver une famille prête à nous accueillir pour quelques jours. 2-3 kilomètres en bus nous séparent de notre but. Le chauffeur nous indique le moment pour descendre, il s’agit de l’entrée de la communauté où une jeune fille, Géraldine, nous attend.
Le tourisme communautaire est une forme de tourisme directement géré par ce qu’on appelle des « communautés » : entendez un groupe de familles, de citoyens, d’habitants, d’un même territoire.
Le principe réside sur le fait que ce sont elles qui vont décider et organiser les activités touristiques de leur territoire. Le logement se fait dans des familles et les guides font aussi partie de la communauté. Ce type de tourisme permet à la fois aux communautés de développer de nouvelles activités économiques générant des revenus, mais aussi de développer de nouvelles compétences. De plus, l’absence d’intermédiaire favorise le fait que les communautés sont les premières à gérer et bénéficier des retombées économiques.
Les voyageurs sont invités à partager le quotidien d’une famille, davantage qu’à consommer des activités ou des biens. Ainsi c’est une forme de tourisme durable et solidaire qui respecte davantage l’environnement et valorise le patrimoine culturel et traditionnel.
Nous serpentons un chemin sablonneux où les racines forment des obstacles pour les têtes en l’air. Quelques maisons « en dur » laissent place à des constructions traditionnelles en terre. L’une d’elle sera notre logement pour quelques jours. Notre premier contact avec la famille est cordial, mais la timidité gagne toutes les parties.
Nous sommes quelque peu intimidés de rentrer dans l’intimité d’une famille. Le confort est sommaire, mais ce n’est pas ce que nous sommes venus chercher ici.
Rencontres improvisés et insolites dans la communauté de la Reyna
Ce sont les petits instants du quotidien qui nous intéressent ici. Alors avant d’aller manger, nous allons flâner un peu dans le village. Très vite, comme dans de nombreux pays, une petite ribambelle d’enfants finit par nous suivre. Des sourires, des yeux pétillants et des techniques pleines de malice sont le point commun de ces charmants bambins. Le contact n’est pas difficile à établir. Quelques hola, como te llamas ? Et le tour est joué. Mais il est un outil encore plus puissant : mon appareil photo. A la vue de mon joujou, ils me font signe de les prendre en photo. Je m’exécute, leur tend le résultat et je provoque ainsi l’hilarité générale. Les poses se succèderont, tantôt chaotiques, tantôt sérieuses.
La séance est interrompue par une moto qui s’arrête et semble également s’intéresser à nous. A son bord, deux journalistes qui réalisent une étude sur le tourisme dans la région cherchent des cobayes pour répondre à leurs questions. Le ministère du tourisme est actuellement intéressé par le projet de l’UCA (coopérative agricole de producteurs de café) et cherche à le soutenir. L’instant est insolite. Je me retrouve alors en train de répondre à une interview filmée en espagnol ! Je n’ai jamais su ce qu’est devenu cet enregistrement. Mais avec mon espagnol de l’époque, pas sûr qu’il ai pu exploiter quelque chose. Et pas sûr que j’en assumerai le contenu !
De retour dans la famille d’accueil, nous retrouvons Géraldine. La maison est simple et notre chambre tout autant. Les seules décorations sont des photos de famille. L’une elle est un classique que nous retrouverons très régulièrement lors de notre voyage : la photo de la remise des diplômes. Symbole de fierté et de réussite pour toute la famille, elle a souvent une place de choix dans la maison.
La famille au delà de l’accueil de voyageurs et de ses activités autour du café a mis en place une mini épicerie. Les clients s’y succèdent furtivement. Pour se mettre à la hauteur du comptoir, une pierre sert de promontoire. Curieux, nous observons chaque instant. La banalité devient trésor.
Du café et des oropendula près de Matagalpa !
Lovée au cœur d’une plantation de café, la communauté est un lieu idéal pour s’initier à la culture du café. Géraldine nous trimballe alors gentiment de caféier en caféier et égrène patiemment les différentes étapes de sa culture. Ses grains, cueillis un à un à la main, forment de jolies perles d’un vert intense et brillant. Elles se teinteront bientôt en orange et rouge pour avertir de leur maturation.
Une fois la pulpe retirée, les grains seront séchés au soleil. Enfin, l’UCA se chargera de vendre ce café principalement dans une filière de commerce équitable. Une chose est sûre, après ces explications, je ne boirais plus une tasse à café de la même manière. Géraldine a su nous transmettre son enthousiasme.
C’est au cours de cette balade que nous ferons une très jolie découverte naturaliste. Alertés par des chants intriguants d’oiseaux mêlant glougloutements et notes très aiguës, nous demandons à notre guide de quel animal il s’agit. Elle nous montre alors de drôles de nids en forme de besace allongée qui pendent des branches des arbres et se balancent au vent. Il en sort des oiseaux marron et noir, au bec en mosaïque blanc-bleu et orange : des oropendola Montezuma ou Cassique de Montezuma.
Pendant le vol, on distingue sa queue jaune. Mais c’est bien son chant si particulier que nous reconnaitrons désormais à la première note dans d’autres forêt d’Amérique latine.
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D’autres bêtes moins charmantes dans une mine d’or abandonnée…
L’une des autres curiosités du coin est une ancienne mine d’or abandonnée. Différentes galeries désaffectées peuvent être visitées. La fièvre de l’or a vite été arrêtée ici, car les mineurs en voulant creuser trop profond ont percé une nappe d’eau. Résultat : plusieurs morts et des galeries inondées. Pour la parcourir, il faut donner de sa personne et se mouiller (au propre comme au figuré). Munis de bottes et de lampes torches, nous nous retrouvons vite avec de l’eau au niveau du buste. Ces eaux recèlent quelques surprises animalières… Crabes, araignées, grenouilles et mêmes couleuvres hantent ce lieu quelques peu effrayant. Nous les croiseront tous, ce qui me vaudra quelques petits cris dont l’écho résonne encore dans les méandres de cette mine. Mes cris ont ponctué la visite pour une autre raison : les chauves souris. Chers lecteurs si vous nous suivez régulièrement, vous n’êtes pas sans savoir que même si j’adore les animaux, je n’apprécie pas qu’on vole trop près de ma tête et c’est pourquoi je deviens rapidement hystérique quand une chauve souris me frôle de trop près. Je n’ai pas une grande confiance en la capacité de cet animal lorsqu’il s’agit de m’esquiver et de me laisser tranquille.
Pour s’y rendre, il est important d’avoir un guide. D’une part pour trouver l’entrée qui n’est pas signalée et pourrait passer inaperçue, mais aussi pour des questions de sécurité. La mine est en effet en partie inondée et il faut bien la connaître pour éviter le faux pas.
L’ambiance se réchauffe
Passée la phase de timidité, nous arrivons à communiquer et échanger davantage avec la famille qui nous accueille. Martine, la maitresse de maison nous invite même à venir cuisiner avec elle. Simplement nous préparons un plat bien typique du Nicaragua : les spaghettis à la tomate ! Je me rappelle encore très bien à quel point Martine et ses filles me dévisageaient et m’observaient en train de couper les tomates. Elles pensaient que je ne faisais pas la cuisine par moi même, d’où leur air surpris. Ce fût un moment d’échange très sympa.
Le frère de Martine nous rejoignit après le repas et ce fût une tempête de questions et d’échanges. Il partagea avec nous l’amour de son travail, son quotidien, sa vision du Nicaragua et nous questionna avidement sur la France. J’aime ces moments de partage de vision culturelle.
Les enfants deviennent aussi plus intrépides. C’est en jouant avec eux à la balle au prisonnier que nous arriverons à les conquérir !
S’ensuivit une nouvelle séance photo dont les clichés font partie de mes favoris. La communication se fait par l’intermédiaire tantôt du ballon, tantôt de mon reflex.
Lors d’un autre moment ce sont nos jumelles qui viendront jouer un facilitateur d’échange. A quelques mètres seulement de la maison, de nombreux singes se baladent d’arbres en arbres. Pour nous c’est quelque chose d’extraordinaire et nous passerons beaucoup de temps à les regarder et les photographier. Les enfants sont surpris de notre intérêt tant pour eux la scène est banale. Mais avec les jumelles, ils découvrent ces primates sous un autre angle et l’étincelle dans leurs yeux devient semblable à la nôtre.
Étincelle qui aujourd’hui encore reste vive à l’évocation de ces quelques jours passés dans la communauté de la Reyna. Une jolie expérience fait d’instants simples mais précieux.
Avez vous déjà testé le tourisme communautaire ? N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaires.
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Informations pratiques :
Nous avons réalisé ce voyage en 2010, la plupart des infos doivent rester valables, mais vérifiez tout de même avant de vous précipiter !
Se rendre à la communauté « la reyna »
De Matagalpa, prendre un bus à la gare routière « cotran norte » direction San Ramon.
Arrivés au centre de San Ramon, demandez aux habitants les locaux de l’UCA San Ramon. C’est la coopérative qui s’occupera de vous trouver une famille pour votre séjour. La communauté est ensuite accessible à quelques kilomètres à pied, ou bien vous pouvez profiter d’un bus qui passe dans le coin pour vous y déposer.
Activités à faire à la communauté « la reyna »
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Visiter une plantation de café et en apprendre plus sur le processus de fabrication
La communauté se trouve au cœur d’une région connue pour ses plantations de café. Vous n’aurez donc aucun mal à vous balader parmi les plantations avec un guide qui vous racontera toutes les étapes de la culture jusqu’à la préparation de ce sublime breuvage. Cette visite sera aussi l’occasion de découvrir la faune locale (oiseaux, écureuil, singes…).
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Visiter une ancienne mine d’or abandonnée
Pour les amateurs de grottes, cette visite les pieds dans l’eau n’a rien d’effrayant, mais offrira un peu de frisson aux claustrophobes et phobiques des chauves souris qui peuplent les lieux. A voir aussi dans cet espace d’autres bêtes peu ragoutantes. Ne vous y aventurez pas sans guide, cela peut être dangereux. L’eau cache des tunnels sous terrains qui pourraient vous aspirer !
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Partager le quotidien d’une famille nicaraguayenne
Passer quelques jours ici vous permettra tout simplement de partager des moments simples avec ses habitants (jouer avec les enfants, échanger des recettes de cuisine, observer la nature…).
Vous voulez découvrir un autre récit de tourisme communautaire au Nicaragua ? Nous nous sommes rendus quelques années plus tard dans la réserve de Miraflor près d’Esteli, une autre superbe expérience !
Vous aimeriez découvrir le Nicaragua ? Vous planifiez un voyage là-bas ? Nous vous recommandons chaudement ces articles :
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Laura
Droguée aux voyages depuis maintenant plus de 15 ans, je sillonne la planète avec Seb à la recherche de petites ou de grosses bêtes. Des forêts luxuriantes jusqu'aux déserts lunaires, c'est un terrain de jeu parfait pour m'adonner à ma deuxième passion : la photo.
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