La vallée de la Vézère en Dordogne n’est pas une vallée comme les autres. Avec ses 15 sites paléolithiques inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO et l’extraordinaire richesse de ses sites préhistoriques (abris sous roche, 147 gisements, 25 grottes ornées) sur 40 km, la vallée de la Vézère est un livre à ciel ouvert sur l’histoire de l’humanité. De ce fait, elle était même surnommée autrefois la « vallée de l’Homme ». Les milliers d’objets en pierre ou en os ainsi que les gravures et peintures pariétales témoignent du quotidien de nos ancêtres mais aussi de leur sophistication.
De Terrasson-Lavilledieu, porte du Périgord jusqu’à Limeuil à la confluence avec la Dordogne, nous allons visiter la vallée de la Vézère. En 10 sites incontournables, elle déroule une véritable frise chronologique de Cro Magnon à nos jours.
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La vallée de la Vézère, Grand Site de France, Késaco ?
Depuis 2020, la vallée de la Vézère a été labellisée Grand Site de France par l’état via le ministère en charge de l’environnement. Ce label est attribué, pour une durée de 6 ans renouvelable, à des territoires de forte notoriété et fréquentation qui entendent développer un plan de gestion durable pour préserver à la fois les paysages, l’esprit des lieux (c’est à dire les singularités du territoire) et l’équilibre entre accueil du public et intérêts des habitants. Il y a actuellement 49 sites à travers la France dont la pointe du Raz en cap Sizun, la baie de Somme, les dunes du Gâvres jusqu’à Quiberon, le marais Poitevin…
Plus d’informations sur la démarche des Grands Sites de France
Prémices artisanaux à Terrasson-Lavilledieu, la porte du Périgord noir
C’est à Terrasson-Lavilledieu que nous rencontrons pour la première fois la rivière Vézère. Le temps nuageux obscurcit son ruban aquatique. Les reflets du pont vieux que nous empruntons n’en sont que plus mystérieux. Bordées d’arbres que la sénescence automnale sublime, ses rives délimitent merveilleusement bien la vieille ville. Celle-ci s’élance en étages sur la falaise de Malpas. Nous empruntons le parcours aménagé avec des passerelles et jardins pour atteindre les remparts et la très belle abbatiale de Saint-Sour.
Visiter Terrasson-Lavilledieu en mode géocaching avec Terra Aventura
Un parcours de géocaching proposé par Terra Aventura guide notre itinéraire. D’énigmes en énigmes, nous découvrons les pépites insoupçonnées de Terrasson-Lavilledieu, véritable porte d’entrée pour visiter la vallée de la Vézère. Chaque détail, des sarcophages mérovingiens aux multiples fontaines, nous révèle une partie de l’histoire de la ville. De petites ruelles nous mènent à la belle place du Bouquier qui a conservé de belles maisons en pierre et à colombages.
Le parcours nous emmène ensuite dans les entrailles d’un cluzeau. Il s’agit d’un abri creusé dans la roche. On en retrouve ailleurs dans la vallée de la Vézère mais on ne connaît pas précisément leurs usages. Étaient-ils des lieux pour conserver des biens précieux ? Des cachettes pour se protéger en cas d’invasion vikings ? Plusieurs hypothèses circulent.
Grâce à notre sens de l’orientation et de l’observation, nous débusquons tous les indices du parcours. Ces réponses dévoilent les coordonnées GPS de l’ultime cache qui contient un poi’z. Hélio est tout content de trouver ce badge avec l’un des 35 personnages que compte les parcours Terra Aventura. Il vient compléter sa collection et lui donne envie de tester une autre chasse aux trésors. On en dénombre plus de 500 dans toute la région Nouvelle Aquitaine. Il y a que quoi faire !
Tester une chasse au trésor « Terra Aventura »
Pour cela, il suffit de télécharger gratuitement l’application « Terra Aventura » qui recense plus de 500 chasses aux trésors dans toute la région Nouvelle Aquitaine. Vous pourrez alors géolocaliser les parcours et choisir celui qui vous tente. Ensuite, suivez simplement les différentes étapes proposées pour trouver la cache finale contenant un badge.
En savoir plus : Terra Aventura
S’initier à l’artisanat avec le parcours des échoppes
Durant notre balade, nous avons également joué les curieux dans différentes échoppes de la ville. Une dizaine d’artisans accueillent les visiteurs dans leurs boutiques qui font également office d’ateliers. C’est ainsi qu’Hélio s’initie au tournage sur bois avec Nicolas Delmas. Leur complicité immédiate autour de la machine fait plaisir à voir.
L’intérêt d’Hélio ne fait que décupler le désir de transmission de Nicolas. Nous les regardons rire aux éclats éclaboussés par les copeaux de bois. De cet atelier naissent des objets délicats et uniques réalisés avec passion.
Je suis toujours fascinée de voir naître des objets sous mes yeux. La magie opère de la même manière avec Thibault, le souffleur de verre. Par l’entremise de températures inconsidérées et d’une bonne dose de savoir-faire, vases, animaux et réservoirs d’eau colorés apparaissent sous nos yeux ébahis.
Les démonstrations s’enchainent, cette chorégraphie ardente nous cloue sur place. Thibault est très pédagogue et répond à toutes nos questions tout en soufflant le verre. Seule la chaleur finira par nous déloger et poursuivre ce parcours artisanal que nous terminons chez Julie, la céramiste.
Dès que je pousse la porte de la boutique, je sais que je vais craquer pour une de ses créations. Elle utilise des couleurs que j’affectionne particulièrement, comme le vert sauge et l’indigo. Hélio nous dit depuis plusieurs années qu’il veut devenir potier, alors nous savons qu’il attend de pied ferme la démonstration. Tous les trois, nous sommes happés par la douceur et la précision des gestes de Julie. D’une seule motte, elle fait apparaître plusieurs petits vases telle une illusionniste. Elle fût une des premières artisanes de ce projet d’échoppes initié par la ville. Une très belle idée pour dynamiser cette jolie ville.
Parcours des échoppes de Terrasson-Lavilledieu
Une quinzaine d’échoppes d’artisans sont installées dans la vieille ville. Une signalétique facilite leur découverte. Sinon, vous pouvez demander un plan à l’office de tourisme pour n’en manquer aucune. Les types d’artisanat à découvrir sont nombreux (coutellerie, photographie, peinture, bijouterie…)
Admirer le talent des hommes et femmes préhistoriques à Lascaux IV en Dordogne
A quelques kilomètres de là, se trouve le site le plus réputé de toute la vallée de la Vézère à savoir les grottes de Lascaux. Si les grottes originales sont désormais fermées au public afin de les protéger, il existe différentes alternatives pour découvrir ce trésor préhistorique. Nous choisissons le site de Lascaux IV qui présente une reproduction intégrale de la grotte originelle.
L’impressionnant édifice moderne en impose. Semi-enterré, il s’agrippe au paysage telle une faille au pied de la colline qui abrite la grotte originelle. Nous avons le privilège de le visiter en dehors des heures d’ouverture. Durant 1h, nous aurons la grotte pour nous seuls ou presque. Après une immersion vidéo, qui relate l’histoire de la découverte de la grotte par 4 jeunes, il est temps de découvrir Lascaux.
Le choc est immédiat. D’une part, car la reproduction est bluffante de réalisme. D’autre part, car la beauté et la concentration des peintures rupestres sautent aux yeux.
Je pense qu’en visitant Lascaux, on ne peut plus penser que les hommes et femmes préhistoriques étaient des sauvages, dénués de sensibilité et de talent. Les courbes délicates des chevaux, l’harmonie des éléments, la vivacité des teintes parlent d’elles-mêmes. Ce qui frappe aussi c’est le « style Lascaux ». Bien que réalisés sur une période relativement longue, les dessins ont des codes stylistiques similaires.
L’éclairage de la grotte nous plonge aussi dans l’ambiance qui régnait ici autrefois. Il faut imaginer ces hommes et ces femmes peindre dans une luminosité toute relative, sans avoir de recul et sur des échafaudages de fortune pour les œuvres situées au plafond. Ces éléments viennent accroître mon admiration pour leur habileté. J’aime aussi me dire que dès les origines du monde, l’humain a ressenti le besoin de produire de l’art et qu’il s’est inspiré en premier, non pas de lui-même, mais de la nature environnante.
De la salle des taureaux au diverticule en passant par l’abside, l’émerveillement est au rendez-vous. Grâce à notre guide, nous comprenons également de quelle manière les artistes se sont servis du relief et de la matière des parois pour accompagner les dessins et les rendre plus réalistes. Les gravures remplacent les peintures là où la roche ne se prêtait pas à cette technique. Dans l’abside, on en dénombre des centaines. Peu visibles à l’œil nu, elles sont mises en valeur dans l’espace scénographique grâce à un procédé utilisant la lumière UV. Les nouvelles technologies sont ici au service de la compréhension des outils et techniques employés dans l’art pariétal. Un des dispositifs « l’expérience de l’art » teste même virtuellement vos aptitudes artistiques.
En repartant de Lascaux IV, une chose est certaine : notre regard sur les hommes et femmes préhistoriques a déjà changé.
Visiter Lascaux IV en Dordogne
Accès : Lascaux IV se trouve sur la commune de Montignac. Il est très facile de le trouver sur son GPS. Le site est également accessible avec des cars régionaux.
Horaires : ouvert ouvert toute l’année sauf deux semaines en janvier. Horaires variables selon les saisons.
Tarifs : 20€ tarif plein à partir de 13 ans. 12,90€ pour les enfants de 5 à 12 ans. Il existe aussi des tarifs réduits et des billets jumelés avec d’autres sites (Parc du Thot, Laugerie basse, Lascaux II, Grand Roc…).
Mon astuce : le coût des visites étant important, réfléchissez en amont aux endroits que vous voulez absolument découvrir pour bénéficier de la meilleure offre tarifaire. Les économies peuvent être importantes.
Plus d’informations sur leur site internet : Lascaux IV
Notre conseil restaurant près de Montignac
L’évidence
Cette ferme auberge propose des hébergements mais également un restaurant valorisant les produits fermiers produits sur place. Dans une grande salle conviviale, une cuisine familiale et traditionnelle est servie chaleureusement. On se sent comme à la maison. Côté assiette, c’est gourmand et généreux. Gardez une place pour goûter les fromages frais de la ferme, ils sont délicieux. Petit plus de l’établissement, il y a une salle de jeux pour les enfants. Entre les plats, ils peuvent faire connaissance et jouer ensemble.
Plus d’informations sur leur site internet : L’évidence
Changer son regard sur nos ancêtres de la vallée de la Vézère à Castel merle
Cette évolution de regard sur nos ancêtres va s’amplifier en rencontrant Isabelle au site préhistorique de Castel Merle. Un des préjugés les plus tenaces sur les hommes et femmes préhistoriques est celui de penser qu’ils vivaient dans des grottes. Or, c’est totalement faux.
Les grottes étaient bien trop peuplées d’animaux potentiellement dangereux. De plus il était impossible d’y maintenir un feu sans risquer de s’asphyxier. En revanche, ils utilisaient ce que l’on appelle des abris sous roche. Ce sont des endroits où la falaise a été creusée naturellement. Généralement, nos ancêtres utilisaient des peaux pour refermer ces abris et se tenir au chaud. Le feu était situé à l’extérieur. Ces abris servaient ponctuellement et n’étaient pas des habitations principales. Dans la vallée de la Vézère, la géologie et des facteurs naturels ont favorisé la création de ces abris. De plus, la topographie permettait d’avoir un climat plus doux que dans les alentours. Cela explique en partie la présence importante des humains durant la période glaciaire. Autrement dit, la vallée de la Vézère était un peu les Bahamas de l’époque… C’est bien entendu une comparaison très grossière, car au pic de chaleur en été, on dépassait rarement les 15°.
Isabelle nous raconte tout cela avec une énergie et un enthousiasme communicatifs. Nous ressentons toute son envie de partager une autre vision des hommes et femmes préhistoriques. Elle est bien placée pour cela car le site de Castel Merle est un des lieux en Europe comportant le plus de gisements de vestiges paléolithiques. Il est particulièrement réputé pour ses objets d’une grande finesse comme des parures en perle d’ivoire et coquillages. Silex, blocs gravés, os… complètent les objets retrouvés et figurant aujourd’hui dans les expositions des plus grands musées à travers le monde.
Dans sa volonté farouche de ré-humaniser nos ancêtres préhistoriques, Isabelle a choisi de faire vivre des expériences aux visiteurs. Le site de Castel-Merle propose donc de s’initier au tir au propulseur, à la peinture rupestre et d’autres activités de l’époque. Depuis sa première initiation préhistorique dans les gorges du Verdon, Hélio avait hâte de tester le lancer. Malgré une météo maussade, il écoute attentivement les explications et réalise ses premiers tirs.
La facilité d’utilisation est déconcertante. Elle est à mettre en corrélation avec l’ingéniosité de ses créateurs. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, tout le monde participait à la chasse (hommes, femmes et enfants). Il était donc primordial d’avoir des outils accessibles à tous et permettant de décupler la force de chacun. C’est en partant de ces constats que le tir à propulsion est né. En le testant, la prouesse technologique de l’époque est palpable.
Durant l’atelier sur la peinture rupestre, Isabelle continue de nous persuader, dans notre chair, de l’humanité des hommes et femmes préhistoriques. Il suffit de regarder Hélio mélanger les ocres à l’eau puis peindre avec ses doigts sur la paroi pour comprendre ce qui nous lie avec ces ancêtres. Comme l’intuition et le bon sens d’observer, tester et utiliser ce qui nous entoure, mais aussi l’envie du beau et l’inspiration avec la nature. Cela nous rappelle malheureusement que dans notre histoire récente, nous nous sommes beaucoup éloignés d’elle.
Visiter le site préhistorique de Castel-Merle
Accès : Castel-Merle est situé dans le village de Sergeac. Il est accessible en voiture et même en canoë ! (voir paragraphe sur cette activité)
Horaires : ouvert du 19 mai jusqu’en septembre, les après-midis (hors saison) ou toute la journée durant l’été.
Tarifs : 7,50€ tarif plein, 4,50€ de 6-10 ans.
Activités proposées : visite des abris sous roche, ateliers taille de silex, pain préhistorique, peinture rupestre, allumage de feux, tir au propulseur…
Plus d’informations sur leur site internet : Site de Castel-Merle
Voguer en canoë sur la Vézère jusqu’à Saint-Léon-sur-Vézère
Nous suivons de près la Vézère depuis le début. Cependant, certaines portions ne sont accessibles que depuis l’eau. Je vais donc ramer en canoë pour les découvrir. Rendez-vous est pris avec Philippe qui propose des balades accompagnées en canoë sur la Vézère. Nous allons voguer en amont du village de Saint-Léon-sur-Vézère. Les rives de la rivière y sont sauvages. La végétation s’y déploie et abrite une faune discrète que nous allons tenter de débusquer.
Le canoë offre le luxe de la sérénité et du silence. Seuls quelques clapotis trahissent notre présence. Quelques oiseaux volent ou passent à côté de nous, signe que nous faisons preuve de discrétion. En chemin, Philippe me raconte le territoire, de ses spécificités géologiques visibles immédiatement à ses trésors enfouis depuis des millénaires.
Mes yeux sont rivés sur les vagues creusées dans la roche calcaire. Il paraît que c’est l’œuvre de la pluie et de la brume. En se déposant sur la roche, l’eau imprègne le calcaire. Quand la température baisse, l’eau gèle et prend plus de place, exerçant des pressions qui brisent la roche là où elle est fragile. Ce n’est donc pas l’érosion directe dû au passage de l’eau qui est responsable de ces formations. Ce qui explique pourquoi on les retrouve même au milieu des falaises.
Quand le phénomène est important, cela crée de véritables abris sous la roche. Ceux-là même qui ont accueillis nos ancêtres. Les cavités moins importantes sont autant de refuges pour certaines espèces d’animaux.
Les avancées de la falaise sur l’eau peuvent aussi être d’excellents sites pour les châteaux, vue dégagée et présence de l’eau étant deux facteurs stratégiques pour établir de tels édifices.
D’ailleurs, au Moyen-âge, des guetteurs étaient postés à différents endroits de la Vézère pour transmettre les informations. La rivière serpentant en de nombreux méandres, l’information pouvait être transmise rapidement.
Au ras de l’eau, une végétation exubérante s’accroche tant bien que mal à la roche calcaire. Avec les reflets dans l’eau, tout se dédouble. Avec l’automne, tout se colore. Ce tableau naturel est d’une grande beauté. Je dois malheureusement le quitter quand j’aperçois le village de Saint-Léon-sur-Vézère, notre point d’arrivée. Je remercie chaleureusement Philippe qui m’a permis de vivre ce moment exquis et je rejoins Sébastien et Hélio pour visiter ce village qui figure parmi le club sélect des plus beaux villages de France.
Faire du canoë dans la vallée de la Vézère
Accès : la base de Canoë APA – Aventure Plein Air se situe à côté du pont de Saint-Léon-sur-Vézère. Vous pourrez y garer votre voiture gratuitement durant l’activité. Selon le parcours vous partirez directement de la base en canoë ou on vous accompagnera en minibus en amont.
Horaires : activités possibles du printemps à la Toussaint, ou sur demande précise en fonction des conditions météo.
Activités proposées : location de canoë, paddle, balades accompagnées, randonnées itinérantes de plusieurs jours en canoë
Plus d’informations sur leur site internet : Canoë APA – Aventure Plein Air
Nous flânons dans les ruelles de Saint-Léon-sur-Vézère. A différents moments de notre séjour, nous aurons l’occasion d’y passer que ce soit pour participer à la récolte de bonbons d’Halloween ou pour dîner à l’excellent restaurant de la Poste. Le village a beaucoup de charme et possède plusieurs boutiques artisanales.
Notre conseil restaurant à Saint-Léon-sur-Vézère
Le restaurant de la Poste
Cet établissement est situé en plein cœur du village et sert depuis 1948 des spécialités périgourdines. Dans une ambiance chaleureuse et feutrée, nous nous sommes régalés. Au menu, les produits locaux sont mis à l’honneur : un confit de canard délicieusement fondant, des escargots gratinés au magret ou bien encore un gâteau léger aux noix. Je vous conseille de réserver, le restaurant a bonne réputation et il était complet lors de notre passage.
Plus d’informations sur leur site internet : Restaurant de la Poste
Visiter un village aérien à la Roque Saint-Christophe
Depuis le début de cet article, j’ai évoqué à plusieurs reprises les abris sous roches si nombreux sur le territoire. Le site de la Roque Saint-Christophe est un bel exemple d’habitats troglodytes de la vallée de la Vézère. Par l’action de l’eau et du gel, cette falaise calcaire est jalonnée d’abris, mais aussi d’impressionnantes terrasses comme celle de 300 mètres de long (le plus grand abri aérien d’Europe). Dès la Préhistoire, les Hommes de Néandertal puis Cro Magnon l’utilisent pour se mettre en sécurité.
A partir du Moyen-âge, un fort y est érigé puis un village tout entier s’y développe. Durant la visite, différentes reconstitutions permettent d’avoir un aperçu concret de ces habitations médiévales insolites. Les parois portent encore les nombreuses traces de l’intervention humaine : des trous pour encastrer les poutres des maisons, des larmiers (saignées creusées au-dessus des toits pour dévier l’eau) ou bien encore des anneaux en pierre marquant l’emplacement d’une étable. D’ailleurs, il est surprenant d’imaginer des animaux à cette hauteur.
A mesure que nous visitons le site, nous allons de surprise en surprise. Le film d’animation retraçant la formation géologique et les 55 000 années d’occupation humaine est épatant.
Ce qui nous époustoufle aussi, c’est le panorama. Depuis l’immense terrasse où se situe l’église semi-souterraine, la vue sur la Vézère et ses alentours est imprenable. Pendant que nous l’admirons, un faucon pèlerin nous est même passé sous le nez, à quelques mètres seulement. Ce rapace est rare, alors nous mesurons la chance d’avoir croisé son chemin de manière inattendue.
Grâce aux différents panneaux didactiques et au livret de visite pour les enfants (une bd hyper bien faite et ludique), nous nous plongeons dans l’histoire passionnante de ce lieu. Hélio se précipite également vers les différentes répliques de machines médiévales. Treuils de puits, cabestans et grues à balancier, autant de machine servant à hisser les matériaux des pieds de la falaise jusqu’à la cité ou bien à déplacer des charges lourdes. Je rappelle que le site est situé à plusieurs dizaines de mètres du sol…
J’ai déjà eu l’occasion de découvrir des sites troglodytiques, par exemple près de Saumur, mais celui-ci tout comme le village de la Madeleine sont particuliers, car ils sont au milieu d’une falaise.
Visiter la Roque Saint-Christophe
Accès : la Roque Saint-Christophe est située sur la commune de Peyzac-le-Moustier. Le site est bien indiqué et vous le verrez depuis la route. C’est d’ailleurs en passant devant plusieurs fois qu’on s’est décidés à y aller. La route au pied de la falaise vous mènera au parking et à l’entrée du site.
Horaires : ouvert toute l’année, 7J/7 même les jours fériés (excepté le 25 décembre).
Tarifs : de 9,50€ (saison basse) à 10,50€ (saison haute) pour les adultes. 5€ pour les 5-13 ans.
Activités et services proposés : visites libres ou guidées sans supplément de prix. Sur le site, vous trouverez également un snack et des aires de pique-nique.
Mon astuce : allez y dès l’ouverture pour avoir le lieu pour vous tout seul !
Plus d’informations sur leur site internet : La Roque Saint-Christophe
Découvrir l’histoire de la vallée de la Vézère au village de la Madeleine
La Madeleine est également un site troglodytique exceptionnel. Sans le savoir, nous pénétrons maintenant dans un site que nous connaissons déjà. Je dis cela car le village de la Madeleine a donné son nom à une période préhistorique : le Magdalénien.
La raison de ce choix tient en un gisement préhistorique très important d’objets (outils en silex, pointes de harpons, plaques d’ivoire, parures en coquillage…) datant de -17 000 à -12 000 avant Jésus-Christ. C’est ici qu’on a trouvé la preuve irréfutable de la co-existence entre l’humain et le mammouth. Il s’agit d’une gravure très précise de mammouth réalisée sur la défense du même animal. On sait que les hommes et femmes ont occupé en premier les pieds de la falaise, s’en servant d’abri naturel.
Puis, dès la fin du IXe siècle, nos ancêtres investissent les abris au milieu de la falaise et les aménagent. Il se forme alors un vrai village se dotant même au XIIIe siècle d’un château fort et au XIVe siècle d’une chapelle. Ce sont ces vestiges médiévaux que l’on découvre en parcourant le site. Grâce à l’audioguide, nous comprenons la fonction de chaque partie du village qui s’étend longitudinalement. La position du village permettait aux habitants d’être protégés des invasions nombreuses ou des brigands tout en ayant accès facilement à l’eau et à des terres fertiles en contrebas.
Il règne ici une ambiance spéciale. La lumière qui frappe la teinte ocrée de la roche, la brume qui s’élève de la rivière, tout concours à magnifier ce site exceptionnel. La magie opère aussi grâce à Louis, l’un des propriétaires de la Madeleine. Il nous raconte l’histoire du lieu et la manière dont sa famille est impliquée dans sa conservation. Je me rends compte grâce à lui que la Madeleine est une véritable frise chronologique de la Préhistoire à nos jours. Les usages changent, mais la fascination pour ce lieu unique demeure.
Depuis 2020, le projet d’une ferme paysanne se développe au pied de la falaise. L’idée est de renouer avec une partie de l’histoire du site et de mettre en avant le bon sens paysan. Les produits de la ferme se retrouvent à la boutique du site et peuvent se déguster à l’espace restauration.
Dans le vieux four banal, le blé produit sur place servira même à confectionner un pain selon des méthodes anciennes. Depuis la ferme, on a également un panorama global sur le site de la Madeleine. On saisit d’autant plus la manière dont le village est inséré dans la roche. Vous l’aurez compris, ce site est incroyable tant par son esthétisme que son histoire. Je ne peux que vous conseiller de le rajouter à vos visites prévues dans la vallée de la Vézère.
Visiter le village de la Madeleine
Accès : ce site est situé sur la commune de Tursac. Il est bien indiqué depuis la route.
Horaires : de mars à novembre. Ouvert toute la journée, horaires variables selon les saisons.
Tarifs : 7,90€ adultes, 4€ enfants.
Activités proposées : visites libres, audioguide et livret, jeu de piste, visites guidées, animations (juillet/août)
Mon astuce : vous pouvez prolonger votre visite dans la Ferme en contrebas pour 2€ de plus. Vous aurez en prime une vue d’ensemble du village de la Madeleine.
Plus d’informations sur leur site internet : Village de la Madeleine
S’initier à la Préhistoire au Pôle d’interprétation de la Préhistoire aux Eyzies
Même si je n’en parle qu’au milieu de cet article car j’ai fait le choix d’une narration géographique le long de la Vézère, le Pôle d’interprétation de la Préhistoire est sûrement le premier lieu à visiter lors de votre séjour en vallée de la Vézère.
En effet, cet espace propose des expositions et de la documentation pour bien comprendre cette période. La vallée comportant de nombreux sites à découvrir sur cette thématique, le Pôle d’interprétation de la Préhistoire est aussi un lieu intéressant pour avoir une vision d’ensemble des possibilités de visite et construire son parcours en fonction de ses attentes.
Lors de notre passage, nous avons pu tester plusieurs propositions du Pôle. Tout d’abord, nous avons visité les expositions temporaires, l’une sur les préjugés autour des hommes et femmes préhistoriques et l’autre sur la représentation de la préhistoire dans la bande dessinée. Deux approches intéressantes pour aborder le sujet et débunker quelques idées reçues.
Ensuite, Hélio a participé à un atelier de fouilles. Depuis son plus jeune âge, il est passionné par tout ce qui a attrait à la science, alors son impatience était grande. Durant tout l’atelier, il a écouté religieusement les consignes. L’atelier était très bien fait. Au delà du côté ludique de la fouille, j’ai apprécié que l’animatrice fasse comprendre aux enfants la démarche scientifique d’une recherche archéologique et ses différentes étapes. Ainsi, les enfants ont saisi l’importance de déterrer délicatement les objets, de noter leur emplacement exact et d’émettre des hypothèses sur leurs observations.
Sachez que si vous avez, comme moi, l’envie irrépressible de jouer aux apprentis archéologues, c’est possible ! Ces ateliers s’adressent aussi aux adultes.
Lors de cette visite, nous en avons également assisté à un conte pour enfant autour de la préhistoire. Dans la douce pénombre d’une salle, la conteuse a créé un instant de magie en animant de minuscules personnages dans un décor préhistorique. Dès le traditionnel « il était une fois… » nous étions plongés dans l’histoire de Mr et Mme Cro Magnon. La mise en scène avec le décor miniature et d’autres trouvailles donnent une dimension poétique à l’histoire tout en faisant passer des informations historiques.
Visiter le Pôle d’interprétation de la Préhistoire
Accès : Le Pôle d’interprétation de la Préhistoire est situé dans le village des Eyzies-de-Tayac. Le parking se situe au 19 avenue de la Forge.
Horaires : ouvert toute l’année – Horaires différentes selon les saisons.
Tarif : entrée gratuite
Activités proposées : accueil et documentation sur les différentes ressources sur la Préhistoire disponibles dans la vallée de la Vézère, espace de découverte sur la préhistoire, expositions temporaires, ateliers pédagogiques (fouilles), animations contées…
Plus d’informations sur leur site internet : Pôle d’interprétation de la Préhistoire
Lors de votre visite aux Eyzies-de-Tayac, je vous recommande d’aller déjeuner ou dîner au restaurant « La maison » situé sur une des rues principales. La décoration est constituée d’objets insolites et d’une belle collection de bougies. Durant le diner, on peut scruter chaque élément. Côté assiette, une cuisine bistronomique raffinée qui mêle subtilement tradition et saveurs d’ailleurs. Je vous recommande notamment l’œuf pochée aux champignons et crème de Rocamadour, super gourmand ! On a passé un très joli moment du début à la fin. L’accueil et le service sont impeccables.
Plus d’informations et réservation au restaurant « La Maison »
Initiation au pistage à Campagne en Dordogne
Quand on se balade dans la vallée de la Vézère, on ne tarde pas à constater l’omniprésence de la forêt. Les activités humaines ayant changées, certains espaces ont tendance à « se refermer ». Certains milieux « ouverts » avec une flore spécifique ne sont alors plus disponibles pour les espèces qui les apprécient particulièrement. Dans un territoire, pour favoriser la biodiversité, il est toujours plus intéressant d’avoir une mosaïque de milieux plutôt qu’un écosystème dominant. D’ailleurs, c’est pour cette raison, mais également pour mettre en valeur le patrimoine géologique des falaises de la vallée de la Vézère, qu’à certains endroits, les parois sont défrichées.
Si je vous parle de faune, c’est aussi car nous avons participé à une initiation au pistage animalier. Francis de l’association « Je suis la piste » propose de décrypter l’environnement pour débusquer les traces et les signes de la présence d’animaux. Nous avons l’habitude d’être attentifs aux moindres signaux lors de nos balades dans la nature, mais avec Francis ces signes vont prendre une toute autre ampleur.
Rendez-vous est pris au château de Campagne qui bénéficie d’un grand parc arboré. Les reflets de l’édifice dans l’étang nous séduisent déjà tout comme le premier contact avec Francis. Dès les premiers échanges, nous savons que nous avons à faire à une personne passionnée et donc passionnante.
Une première expérience sur la pelouse nous renseigne sur la manière de distinguer le sens du mouvement d’un animal sur la végétation selon l’orientation de la lumière. Bluffant ! Si nous pensions être sensibles aux différents signes, Francis nous fait prendre conscience de dimensions supplémentaires dans l’observation.
Il décuple tous nos sens pour détecter ça et là des grignotements de rongeurs aquatiques, le passage d’un chevreuil ou le sentier tracé par un blaireau.
A peine 5 minutes se sont écoulées que nous tombons sur une trace intrigante : une magnifique plume beige tachetée. Mon esprit s’éveille car je reconnais à qui elle appartient : une chouette. Francis nous invite à faire des hypothèses pour comprendre la raison de la présence de cette plume. A deux pas, nous en découvrons d’autres, l’hypothèse de la perte naturelle s’éloigne au profit d’une attaque.
Une véritable enquête policière démarre. La thèse du meurtre est confirmée quand nous retrouvons carrément un morceau d’aile ! Nous sommes bien sur la scène d’un crime. Même Francis est étonné d’assister à cela. Il en profite pour que nous réfléchissions à ce qui a bien pu se passer. Quel animal a pu tuer cette chouette ? L’hypothèse la plus probable selon lui : un hibou grand duc vivant non loin de la dans une carrière…
J’ai beaucoup aimé l’approche de Francis. Bien qu’il émaille ses explications de données scientifiques, il convoque surtout chez nous nos sens et notre bon sens, rendant accessible à tous le pistage. Il invite à se questionner et à faire confiance à ses intuitions. L’initiation se poursuit avec le même bonheur au cœur de la forêt attenante où nous trouvons plusieurs places de couches (lieux où les chevreuils se reposent) et de nombreux sentes (sentiers tracés par le passage répété d’animaux). Les petits animaux laissent eux aussi des indices dans les interstices de la falaise ou sur le calcaire effrité. En compagnie de Francis, nous n’avons pas vu la matinée passer, je vous recommande vivement de faire appel à lui pour vous initier au pistage.