Qui n’a jamais rêvé de voir une colonie de lions de mers de près ? Des oiseaux marins par milliers ? Des manchots, des dauphins, le désert au bord de la mer ? C’est la promesse du parc national de Paracas et ses îles ballestas. Nous y sommes allés bien sûr, alléchés par ces belles images. La promesse est tenue, nous avons tout vu. Mais à quel prix…
En préambule, un rendez-vous raté avec Lima
Arrivants de Huaraz, dans le centre du pays, nous avions projeté de nous arrêter à Lima, après une grosse nuit de bus. Nous voulions aller voir la colonie de lions de mer au large de la capitale, peu connue, et en profiter pour visiter un peu la ville. Mais ça ne s’est pas tout à fait déroulé selon le plan… Sortis de la gare routière à 4h30 du matin, frais comme des gardons, nous partons en quête d’un endroit pour loger dans le centre. Plusieurs habitants de Lima nous ayant affirmé que ça ne craignait pas tant qu’on le disait, nous préférons tenté notre chance dans ce quartier historique plutôt que le quartier très touristique (et cher) de Miraflores.
Sauf qu’un détail nous a échappé, c’est la fin de semaine et la fin du mois, les Péruviens viennent de toucher leur salaire et partent en week end… Résultat, impossible de trouver une chambre libre. A tel point que le taxi qui nous aide à faire la tournée des hospedajes nous abandonne ! On n’est pas assez rentables. Nous décidons donc d’aller tenter finalement notre chance dans le quartier de Miraflores, le jour se levant, nous pourrons plus facilement l’explorer à pied. Oui mais le hic, c’est que c’est vraiment plus cher qu’ailleurs, ou alors abordable mais carrément pourri.
On en a marre, ça fait plus de deux heures qu’on tourne en vain, les grandes villes c’est pas notre tasse de thé. C’est décidé, on se casse à Paracas direct, tant pis pour Lima.
Islas Ballestas, nous voilà ! On est pas les seuls apparemment…
6 heures plus tard nous voilà à Paracas, les abords de la ville sont affreux, le bord de mer est jonché de déchets, il y a de grosses industries au loin, ça pue. Mais dans le village en lui même, c’est mieux, même si on voit direct que c’est un lieu dédié exclusivement au tourisme.
On se fait aborder gentiment mais régulièrement pour acheter des « tours » vers les îles ballestas toutes proches et le parc de Paracas. Il n’y a pas moyen de faire autrement que de passer par des agences (bateau oblige), alors on se laisse tenter pour une demi journée îles et l’autre demi journée désert. On est venus pour ça.
D’ailleurs tout le monde vient pour ça. Et quand je dis tout le monde, c’est beaucoup, beaucoup de monde.
Nous nous en apercevons trop tard, le matin même du départ en bateau, en nous rendant à l’embarcadère. Il y a des centaines de personnes qui attendent d’être embarquées, rangées en file indienne par bateau. Dans chaque bateau, ou plutôt barque, une quarantaine de personnes qui se tiennent chaud.
Des îles surpeuplées d’animaux ! Et de touristes…
Nous voilà partis pour deux petites heures d’une croisière bien rodée, avec discours prononcé en espagnol et anglais à la virgule près. Après un petit passage devant des lignes tracées dans le désert par des cousins des nazcas, nous filons vers les îles ballestas.
Une dizaine de bateaux se faufilent entre les îles, au plus près de la côte pour nous permettre d’observer les lions de mer, oiseaux marins et manchots. Il y en a beaucoup, c’est impressionnant, mais pas surprenant et le fait d’être devancé et précédé par d’autres bateaux donne un impression désagréable de zoo.
Nous nous sentons à la fois contents d’avoir observé ces animaux à l’état sauvage, à la fois tristes de les harceler avec ce balais incessant de bateaux. A quel point sont-ils dérangés par notre présence ? Cette question me hante et m’empêche de profiter du spectacle.
D’ailleurs, le guide nous explique dans son discours que la population d’oiseaux marins sur les îles a diminuée de moitié en 20 ans… Il ne dira pas pourquoi.
Le désert de Paracas au pas de course
L’après midi, ce sera un peu moins pire pour parler bon français, mais aussi moins intéressant. Nous sommes en minibus, nous partons dans le désert de Paracas. Une nouvelle fois le parcours est millimétré, mais bon, il ne faut pas s’attendre à un miracle quand on achète ce genre d’excursion. Il y a tout de même moins de monde que pour les îles, beaucoup moins même.
Premier arrêt, on observe des fossiles de mollusques par terre. Mouai.
Deuxième arrêt, nous nous rendons à la « cathédrale », une arche en roche en bord de falaise, style Etretat. Manque de bol, elle s’est effondrée en 2009 suite à un gros séisme. Mais la photo sur le panneau est jolie… Malgré tout, le panorama est superbe et nous aurons la chance d’observer des dauphins au loin. Nous ne boudons pas notre plaisir !
Troisième arrêt, les plages de sable rouge. Superbe.
Quatrième arrêt, le « mirador » (en fait une petite bute), une petite plage et surtout des restaurants construits n’importe comment, défigurant le paysage en plein milieu d’un parc naturel soit disant hyper protégé. Autant les autres arrêts se sont effectués au pas de course, autant là nous avions tooouuut notre temps. Ça faisant vraiment genre on-gagne-du-temps-pour-que-les-touristes-n’aient-pas-l’impression-que-le-tour-est-trop-court. Raté.
Nous rentrons au village en milieu d’après midi, un peu déçus, alors que tous les ingrédients étaient réunis pour passer une belle journée de découvertes, entre le désert et la faune marine (encore) abondante.
Alors quoi ? Nous n’aurions pas dû venir à Paracas et aux iles Ballestas ?
Je pense que non. Tout du moins dans la partie îles Ballestas en bateau.
Parce que la foule dans les villes et sites historiques, c’est déjà pas notre truc, alors dans les sites naturels… NON !
Aussi, je me pose sérieusement la question de l’impact environnemental d’un tourisme de masse sur des sites tels que celui-ci. Je me posais déjà cette question au Costa Rica qui joue la carte du tourisme écolo, mais récolte du tourisme de masse dans certains de ses parcs. Ici c’est pareil.
Honnêtement je n’ai pas d’avis tranché sur le bien fondé de ce type de tourisme. D’un côté, c’est certain, il y a un impact important sur la faune, la flore, le milieu naturel, le rapport entre les locaux et les touristes. Il n’y a qu’a voir la gestion des déchets, le piétinement, la pollution sonore etc.
D’un autre côté, ces parcs naturels, bien que surexploités, sont une source de revenus. Et si cette source de revenus n’existait pas, il y a fort à parier qu’il n’y aurait pas ce semblant de protection.
Pour revenir sur le cas de Paracas, la pêche industrielle est interdite dans la zone et seulement une petite partie du parc est visitée par les touristes. Alors même si la faune souffre de l’impact du tourisme, elle existe toujours…
La protection de l’environnement se heurte violemment aux réalités économiques, de manière plus visible encore dans les pays avec des ressources financières limitées. Je suis écolo, mais je suis aussi pragmatique, je ne peux donc me contenter de crier au scandale, de dénoncer une gestion mercantile du parc de Paracas qui menace ce milieu fragile. Il y a sûrement beaucoup de choses à améliorer, mais il faut aussi voir que ce fonctionnement, s’il n’est pas idéal, permet à pas mal de gens de vivre mieux et surtout de protéger tant bien que mal un écosystème menacé.
Comment réussir le pari d’une gestion soutenable économiquement, socialement et environnementalement à long terme ? La question reste ouverte, c’est un vaste débat.
Faut-il privilégier un accès limité aux parcs naturels et réduire ainsi les impacts ? Cela revient quasiment à interdire l’accès à ces endroits aux classes populaires et moyennes. Faut-il aller vers une maîtrise des impacts tout en garantissant l’accès au plus grand nombre ? C’est le pari que fait le Costa Rica notamment, mais il se trouve face à de très gros défis, les parcs les plus fréquentés sont très sérieusement menacés à moyen terme…
Infos pratiques – conseils pour visiter Paracas – îles ballestas
Cette réflexion n’engage que moi et bien sûr, c’est à vous de voir si la visite du parc est une bonne idée. De plus, il est tout à fait possible de visiter le parc sans se rendre aux îles ballestas. Voici quelques informations pratiques pour séjourner au parc dans de bonnes conditions.
Transport jusqu’à Paracas
Depuis Lima ou Ica, de nombreux bus desservent Paracas tous les jours.
De Lima à Paracas, il faut compter environ 4 heures pour 15 à 20 € selon la compagnie de bus
De Paracas à Ica, le trajet dure environ une 1h30 pour plus ou moins 5 €
Visite du parc de Ballestas – îles Ballestas
Les agences pullulent dans le village de Paracas et offrent quasiment toutes le même tour pour environ 30 soles le tour de 2h vers les îles et 45 soles le tour complet avec la visite de la péninsule.
Il faut ajouter à cela la taxe d’entrée dans la réserve de 10 soles et 3 soles pour le bateau (un peu bizarre, mais à l’embarquement, tout le monde doit payer ce supplément, mais vous êtes prévenu à l’avance).
Vous l’aurez compris, on ne vous conseille pas le tour dans les îles Ballestas si vous êtes sensibles à la protection de l’environnement. Vous pouvez par contre vous concentrer sur les autres atouts du parc : le désert, la plage si vous aimez le farniente, et pourquoi pas le parapente. Il est possible de voler à Paracas à proximité de la « cathédrale ».
Le tarif pour le parapente est de 180 soles tout compris par personne pour un vol de 10 minutes. Nous n’avons pas testé, ayant testé le parapente un peu plus tôt à San Gil en Colombie.
Manger à Paracas
Il y a beaucoup de restaurants où vous pourrez déguster des ceviches. Mais ce que nous avons préféré, ce sont les petits stands de rue montés le soir sur la place centrale. C’est beaucoup moins cher que dans les restaurants, la nourriture est fraiche et l’ambiance garantie !
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Très bel article et j’avoue me poser le même genre de question assez régulièrement.
Je pense que oui nous avons un impact négatif sur la nature mais que d’un autre côté les populations locales vivent grâce à ce tourisme.
Maintenant que faire pour le transformer en tourisme averti style éco-tourisme? Toujours une question épineuse et malheureusement sans réponse toute faite et encore moins miracle!
Merci pour tom commentaire, je me sens moins seul ;) Surement que l’éducation à l’environnement constitue une partie de la réponse, mais une partie seulement. J’en voit bien les limites pour bosser dans ce domaine ! Surtout quand on parle de tourisme international et d’économie…
Pour venir de passer trois mois en Equateur, je considère que ce tourisme naturel améliore les choses. En Equateur, j’ai eu pas mal de discussions avec des Equatoriens et ils me disaient souvent qu’il fallait protéger la nature parce que cela attire les touristes. Dans ce pays, cela m’a semblé être une boucle vertueuse: plus de tourisme permet de financer la protection des parcs, de plus beaux parcs ramène plus de tourisme.
Depuis que je suis passée au Pérou, je ne peux qu’être choquée par tous ces déchets simplement pour être passée dans un autre pays.
Je me pose les mêmes questions…
Pour le Costa Rica, malheureusement, j’ai bien peur que ce ne soit qu’une façade, une vitrine pour attirer le touriste… mais quand on se penche un peu plus sur la question et qu’on ouvre un peu les yeux quand on est sur place (j’y suis allé 2 fois 3 semaines, et j’ai des amis là-bas), on s’aperçoit vite que tout n’est pas si rose (ou vert pour le Costa Rica): les fosses septiques qui se déversent à Manuel Antonio par exemple, les plantations de palmiers à huile, l’épandage aérien sur les champs de bananiers, les écologistes assassinés… j’en passe et pas des meilleurs.
Je suis allé au Rwanda pour réaliser mon rêve, voir les Gorilles de montagne. J’en suis revenu heureux, mais un peu désorienté… le tourisme est il bénéfique? Et puis finalement, dans ce cas là oui, 10% des revenus générés par les entrées du Parc National sont reversés aux associations locales pour la construction d’écoles… les gens se sentent impliqués, le braconnage recule. Je parle du Rwanda, le cas est différent en RDC. Et il y a fort à parier que sans le tourisme, ces animaux magnifiques auraient déjà disparus depuis un petit bout de temps.
Je ne sais pas ce qu’il en est du coté des Iles Ballestas (qui me tentent bien), mais j’espère que les choses vont dans le bon sens.
Merci pour la partage et à bientôt
Jérôme
Je viens d’aller voir ton blog et ton expérience d’observation des gorilles présente quelques similitudes en effet ! Dans le questionnement, dans la philosophie. Après c’est évidemment un tout autre type de business. D’un côté un tourisme de masse, de l’autre une limitation drastique. Mais la sensibilité du milieu n’est pas la même non plus !
Bref, c’est du cas par cas, je ne sais pas si la limite est dépassée au Rwanda, mais je pense qu’elle l’est en ce moment dans les îles ballestas (mais ça peut encore changer !).
La question que je me pose avant d’aller dans des lieux sensibles, c’est est-ce qu’à long terme l’impact sera trop négatif, non soutenable ? Ou est-ce que si il y a un impact, il reste acceptable et permet paradoxalement la conservation du milieu.
Le soucis, c’est que nous n’avons pas vraiment toutes les données pour pouvoir répondre à cette question.
Un beau casse tête. Au final je fonctionne un peu à l’instinct…
Bon du coup, moi je sais plus si je dois y aller ou pas :( J’aurais aimé voir un peu de faune au cours de mon petit voyage entre Pérou du sud et Bolivie mais j’ai l’impression que ça ne vas pas être possible (à moins de me couper un bras et d’aller à Manu). Avez-vous d’autres endroits « faune » à conseiller dans le coin ?
Merci :)
Bonjour Lauriane,
J’ai bien conscience que je ne facilite pas la décision ;) Si c’était à refaire, je crois que j’irai tout de même à Paracas pour son désert et sa côte, mais pas près des îles Ballestas en bateau. Concernant la faune marine, en alternative aux îles ballestas dans le sud, il y a une colonie de lions de mer à observer au large de Lima, sur les îles Palomino. C’est bien moins fréquenté.
Dans le sud, pour les condors, je te conseille le canyon de Colca. Tu verras également des vigognes et autres camélidés sur le trajet et puis c’est un paysage magnifique. En Bolivie, ce sont surtout de superbes paysages, ou alors il faut aller en Amazonie pour observer de la faune sauvage en abondance. Mais nous avons passé moins de temps en Bolivie, alors il y a surement des coins qu’on ne connait pas.
Bon voyage !
Totalement d’accord avec ta conclusion – je vois bien les limites de ce genre d’endroit, mais le pragmatisme me force à constater que s’ils n’existaient pas, la protection serait totalement inexistante… Réflexion et récit passionnants, merci !
L’équilibre est comme tu le dis si justement très difficile à trouver. Ce à quoi il faut faire attention c’est qu’à force de vouloir protéger on ne finisse par nuire. Car malheureusement parfois les bonnes intentions peuvent être aussi nuisibles que les mauvaises. C’est une réflexion de chaque instant, des choix cornéliens parfois en voyage. On fait comme on peut, on se trompe parfois mais c’est aussi cela voyager : se poser des questions !
C’est ce que l’on appelle « le revers de la médaille », cela dit, j’adore votre blog, il me donne envie de retourner au Pérou (entre autre)
Oui, c’est toujours on d’aller regarder au delà des simples apparences et réfléchir à la portée de ses actes. Que ce soit en voyage ou chez soi d’ailleurs !
Merci pour ton retour :)
Bonjour et merci pour cet article,
Plusieurs questions en une seule, en fait : est-il possible de visiter la réserve de Paracas (désert et plages) sans guide ? Si oui, de quelle manière ? Enfin, est-ce que cela mérite 2 jours ?
Merci :)
Bonjour, malheureusement je ne saurais pas trop vous répondre car je ne suis pas sûre de la réponse. Ce qui est sûre c’est qu’il me semble nécessaire d’avoir un véhicule visiter la réserve. En revanche je ne sais pas si la réserve laisse entrer des véhicules sans guide. Cela m’étonnerait, je n’ai pas le souvenir d’avoir vu des voitures personnelles dans la réserve. Mieux vaut demander une fois que vous serez là bas.En une journée, c’est faisable et cela me semble suffisant d’autant plus qu’on ne peut pas vraiment randonner (aucune végétation donc pas d’ombre et pas de sentiers dédiés). Très bon voyage au Pérou quoi qu’il en soit !
Merci de votre réponse.
Bonjour,
Merci pour votre article ! Je prépare en ce moment notre prochain voyage au Pérou et je me posais la question de visiter ces îles, en me demandant si ça valait vraiment le coup de prendre 1 à 2 jours pour ça. Donc grâce à vous j’ai ma réponse ;-) En plus je vois dans une autre réponse que les îles Palomino permettent d’observer les lions de mer et sont plus proches de Lima. Je vais regarder ça de plus près.
En tous cas, merci pour ces conseils et bravo pour les photos (qui donnent quand même envie) !
Nicolas
Bonjour Nicolas,
Effectivement Palomino me semble être une bonne option pour l’observation des lions de mer. Après concernant Paracas, il reste toute la partie désert qui est très intéressante si jamais tu décides de passer dans le coin. Il faut juste mieux choisir la façon de la découvrir que nous, le « tour » passant trop de temps à notre goût sur la partie plage au détriment de l’exploration du désert et de la superbe côte.
Tu nous diras comment c’était si tu passes à Palomino, je serais curieux d’avoir un retour !