Visiter Saumur et ses environs le temps d'un week-end

Nous avons beau habiter à Nantes depuis 10 ans, nous balader le long de la Loire fréquemment, notre fascination pour ce fleuve ne faiblit pas. Son cours est une invitation au voyage, un chemin naturel qui relie des villes et des villages de la mer jusque dans les terres.
Ses abords ont attiré les notables qui l’ont parsemé de châteaux somptueux, et les visiteurs n’ont parfois d’yeux que pour eux. Pourtant, en planifiant notre séjour le long de la Loire, ce sont d’autres édifices qui attisaient notre curiosité : les troglodytes autour de Saumur.

Après le Marais poitevin, nous avons donc choisi de visiter Saumur et les troglodytes alentours pour poursuivre nos week-ends de découverte des Pays de la Loire avec Gîtes de France.

Visiter Saumur et ses environs de manière ludique

Nous arrivons le vendredi soir à la grange du Thouet, un joli gîte trouvé grâce à Gîtes de France. L’emplacement face à la rivière aux abords fleuris nous séduit instantanément. Nos bagages attendront un peu avant d’être déballés, le temps d’admirer les aigrettes évoluer avec grâce dans ce milieu aquatique. Une barque solitaire qui se reflète dans l’eau complète ce beau tableau bucolique.

Depuis la terrasse, nous peaufinons notre programme du week-end. Notre première visite sera consacrée à Saumur.

Du haut de son piton rocheux, l’immaculé château de Saumur domine fièrement la Loire. D’ici, le panorama augure déjà un séjour magnifique dans la région. Les reflets argentés dansent sur le fleuve. Nous empruntons le chemin longeant les remparts pour les rejoindre. Au pied des murailles, ce château de conte de fées nous époustoufle par sa beauté.

Au hasard des ruelles, nous arrivons sur la place du marché de Saumur qui bat son plein. Les étals colorés nous mettent en appétit. Mais il est encore un peu tôt pour mériter ces victuailles appétissantes. Nous rejoignons donc les bords de Loire en direction du quai du marronnier sur l’île Offard.

Nous suivons un jeu de piste proposé par l’application mobile Baludik (profitez-en elle est gratuite). Les énigmes attirent notre regard sur des détails et des anecdotes du quartier. De ce côté de la rive, la vue sur Saumur est magistrale. Elle invite à la flânerie, tout comme les toues (des embarcations traditionnelles) amarrées qui sont autant de tentations de prendre le large. Nous nous arrêtons un instant pour contempler la belle harmonie émanant des immeubles en tuffeau se reflétant dans l’eau.

Quelques semaines plus tard, nous avons même eu l’occasion de monter à bord d’une toue sablière pour une belle croisière au soleil couchant que l’on vous raconte dans notre article sur les activités nautiques à tester dans la région.

Visite des troglodytes de Saumur à Montsoreau

Dans les environs de Saumur, nous longeons les rives de la Loire entre Souzay Champigny et Montsoreau pour visiter les villages troglodytes. Ici, les maisons et les édifices ont été creusés horizontalement, directement dans le coteau constitué de tuffeau. Cette pierre calcaire s’est formée à la suite du dépôt de restes d’organismes marins (coquillages) quand la mer recouvrait la région, il y a 90 millions d’années.

Découverte des troglodytes de Souzay Champigny

De Saumur à Montsoreau les coteaux des rives de Loire d’un blanc immaculé se confondent avec les habitations. Il y a des siècles déjà, les Hommes ont creusé, sculpté, taillé la roche pour y construire des maisons. Nombre d’entre elles sont des habitations troglodytiques c’est à dire qu’elles sont intégrées au coteau. D’autres ont été construites à partir de la pierre de tuffeau extraite de carrières.

C’est cette curiosité que nous sommes venus voir. Il ne nous a pas fallu longtemps pour en distinguer plusieurs. Dès Souzay Champigny, l’imbrication des maisons troglodytes dans la roche compose un puzzle minéral qui nous amuse.

Visite des troglodytes de Turquant, près de Saumur

Turquant constitue surement l’un des plus beaux exemples de village troglodytes. Un parcours balisé permet de l’arpenter sans rater aucune de ses curiosités, que ce soit le village d’artiste, le site des pommes tapées ou les hauteurs du village qui apportent une autre perspective.

En effleurant la roche, le tuffeau, je ressens toute la fragilité de cette roche. Il n’est pas compliqué d’imaginer sa tendreté propice pour ce genre de construction. Je remarque aussi de nombreuses failles qui témoignent de sa porosité à l’eau. Avec le temps, l’eau se fraye des chemins et brise la pierre.

Le village d’artiste était fermé lors de notre passage, mais je vous invite à y passer. A cet endroit, une terrasse dégagée permet de bien observer les troglodytes converties en ateliers ou restaurants.

Un peu plus loin, c’est le site de la grande Vignolle qui attire notre attention. Il s’agit d’un ancien logis seigneurial troglodytique. Contrairement aux idées reçues, les habitats et constructions troglodytes n’étaient pas toujours destinés aux plus pauvres.
Nous recherchons tous les points de vue possibles pour le contempler dans son intégralité. Depuis la route, on se rend compte de toute la longueur de falaise de tuffeau qui a été grignotée pour accueillir ce qui est aujourd’hui un domaine viticole. Nous y déambulons également en tentant d’imaginer l’intérieur de ces hôtels et maisons si atypiques. Un chemin de randonnée nous emmène jusqu’au sommet de ce plateau. D’ici, il est encore plus surprenant de contempler cette architecture.

Visiter Montsoreau et Candes Saint Martin, plus beaux villages de France, près de Saumur

En prolongeant notre visite le long de la Loire aux alentours de Saumur, il est dur de choisir de quel côté regarder. A droite, la Loire, majestueuse, s’étire et caresse d’immenses bancs de sable. A gauche, d’autres villages immaculés et plus imposants jaillissent. C’est le cas de Montsoreau et de son château qui nous toisent. Faute de pouvoir le visiter, nous en faisons le tour pour mieux l’admirer.
La vue sur la Loire depuis son promontoire est sublime. En cette belle journée estivale, il est doux de seulement flâner au hasard des ruelles. Mais l’autre rive nous appelle, des bancs de sable, signes que la Loire est un fleuve vivant et mouvant nous appellent irrésistiblement. C’est à cause d’eux que j’aime particulièrement cette portion de la Loire. Ils m’hypnotisent.

Depuis Candes Saint Martin, l’un d’eux s’avance en pointe et marque la confluence entre la Loire et la Vienne. Il ne nous faut pas longtemps pour trouver comment y accéder. De là, la vue sur Montsoreau est grandiose. Les deux univers aquatique et minéral se réunissent, se superposent presque par le jeu des perspectives. Nous regardons quelques kayakistes passer, je leur piquerai bien leur embarcation pour poursuivre cette épopée ligérienne. Hélio quant à lui s’amuse à jeter des cailloux dans l’eau et à s’inventer mille et une histoires. D’ici, le village de Candes Saint-Martin se dévoile aussi superbement. De l’enchevêtrement des belles demeures à la collégiale, tout est harmonie. Il n’a pas démérité de figurer dans le cercle des plus beaux villages de France.

Découvrir la splendeur de l’abbaye royale de Fontevraud

D’architecture et de grandeur, il est aussi question à l’abbaye royale de Fontevraud située à 15 km de Saumur. Il s’agit d’un des joyaux incontournables à visiter dans la région. Je comprends vite pourquoi. Déjà l’abbaye est immense, c’est la plus vaste cité monastique du moyen-âge. Ensuite, elle est très bien conservée. Des siècles durant, elle a accueilli toute la noblesse avant d’être transformée en prison à la révolution. Aujourd’hui, elle a une fonction culturelle importante en mettant notamment en valeur l’art contemporain.

En déambulant entre les différents édifices, nous découvrons ses 10 siècles d’histoire. Sous la nef de l’église abbatiale, je me sens microscopique. La foi des Hommes n’a donc pas de limites. Il se dégage beaucoup de pureté de cette architecture.

Mais pour tout vous dire, ce qui retient le plus mon regard, ce sont les cuisines romanes. Avec leurs multiples cheminées à la couverture « en écailles de poisson », elles sont très étonnantes. Depuis notre passage, elles ont eu le droit à un petit relookage et sont désormais toutes blanches. Leur architecture interroge encore les historiens.

Sur le site, d’autres découvertes se succèdent, de la crypte archéologique au cloître en passant par les jardins et le pôle énergétique. Malgré son age vénérable, l’abbaye royale de Fontevraud reste ancrée dans son époque avec ses expositions. J’aime ce mélange artistique.

Visiter les étonnants troglodytes de Doué la fontaine

Notre appétit de troglodytes n’étant pas encore assouvi, nous nous éloignons un peu de la Loire pour rejoindre la plaine autour de Doué la Fontaine. Ici, une rareté bien cachée nous attend. En effet, c’est le seul endroit en France où l’on trouve des troglodytes creusés non pas sur des coteaux mais en plaine. La roche que l’on appelle le falun est extraite à la verticale. Progressivement, d’immenses cavités en forme d’ogive sont ainsi créées.

Le mystère des Faluns

A Doué la fontaine, on estime que les 2/3 du sous-sol de la ville sont creusés et comportent des sites troglodytiques. Une ville sous la ville en quelques sortes. Dès le haut moyen-âge, le falun est exploité, notamment pour fabriquer des sarcophages en pierre. Au fil des siècles, ce sont des habitations qui ont été creusées.

De loin, la ville n’apparaissait quasiment pas puisque les maisons étaient en dessous du sol. Pour se rendre compte de cette étrangeté, il faut se rendre à la rue des Perrières à Doué la fontaine.

Plus tard, les habitants ont décidé d’extraire des blocs de falun pour construire, cette fois-ci, des maisons au dessus du sol. Mais le procédé d’extraction était plus complexe que sur les coteaux. Au Mystère des faluns, une animation très poétique permet de comprendre la manière dont le sol était creusé au fur et à mesure, produisant au final de grandes cheminées, voir des cathédrales souterraines. Un travail de titan.

D’ailleurs, ce site est l’une de ces anciennes carrières. Je suis soufflée de pénétrer dans ce lieu à l’ambiance si particulière. Je distingue très bien les différentes cheminées qui avec le temps ont été reliées pour former une cavité immense. Au mystère des faluns, elles ont été scénographiées et mises en lumière pour rappeler toute l’histoire du lieu. La reconstitution d’un squelette échoué de baleine nous rappelle que la mer s’y déployait. Ce sont les sédiments accumulés qui ont formé le falun. Celui même creusé et exploité par les Hommes des siècles plus tard.

Je vous recommande vraiment cette visite à la fois instructive, immersive et poétique. Elle est aussi très impressionnante pour les enfants.

Les troglodytes de la sablière, près de Saumur

Nous continuons à en apprendre plus sur l’exploitation du falun au troglo de la sablière. Il porte ce nom car le falun y est plus friable. On y exploitait du sable et non des blocs de roche contrairement à la carrière du mystère des faluns. Beaucoup d’habitants arrondissaient leur fin de mois en vendant le falun de leur propriété. C’était le cas ici. Durant plus de 50 ans, son propriétaire a creusé à la verticale le sol pour en extraire du sable. Cela a commencé par un simple trou qui a été agrandi méthodiquement avec le temps pour former désormais une vaste galerie.

C’est saisissant de constater concrètement le travail d’une vie, des heures de labeur à creuser quasiment dans le noir. Les outils étaient rudimentaires et la patience indispensable pour remonter de bonnes quantités de sable. Et il n’y avait pas réellement d’autres occupations pour passer le temps.

L’autre particularité de ce site troglodyte près de Saumur par rapport à d’autres, c’est qu’on y trouve également des galeries investies par des artistes. C’est de la rencontre entre le propriétaire du site et des sculpteurs qu’est née l’idée. Depuis plusieurs années, ils viennent chaque été pour sculpter d’autres éléments. J’ai adoré cet univers poétique. Le falun étant très fragile, les artistes doivent redoubler de délicatesse et imaginer des motifs s’adaptant à cette caractéristique.

Avant de quitter le site, nous découvrons aussi une maison troglodyte attenante. Il ne fallait pas être grand ni claustrophobe à l’époque. Une pièce unique servait à la fois de cuisine, salle à manger et chambre. Ce petit volume permettait de chauffer plus facilement. L’avantage des troglos c’est aussi qu’ils conservaient une température constante tout au long de l’année.

Le propriétaires du site nous explique aussi que beaucoup de maisons troglodytes à Doué la fontaine sont à l’abandon et servent de débarras. Quant il a acheté ce lieu, il a dû extraire panier après panier les tonnes de déchets et bazar qui s’y trouvaient. En l’écoutant, on sent toute sa passion et sa détermination à valoriser ce patrimoine unique.

Le village de Rochemenier

Pour en savoir plus sur la manière dont vivaient les personnes dans ces maisons troglodytes atypiques, il faut également aller au village de Louresse Rochemenier. Ici un village entier, le mobilier et outils de l’époque ont été conservés. C’est un réel voyage dans le temps. Nous avions eu l’occasion de découvrir cet endroit il y a quelques années.

Chaque lieu du village de Rochemenier compose un musée constitué de 20 pièces. On passe de la chambre au cellier en passant par l’écurie ou la cave à vin. A chaque étape, on se rend ainsi compte des us et coutumes de l’époque. Ceci est rendu possible par le mobilier et les outils qui concrétisent ces habitudes et permettent de se projeter.

La tête pleine de troglos et de magie saumuroise, nous retournons à Nantes, avec la conviction renforcée qu’il ne faut pas aller bien loin de chez soi pour faire des découvertes étonnantes.

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