Des petites galères, des anecdotes douteuses, des plans foireux, des aveux inavouables… Voyageur loser c’est un peu tout ça à la fois. Une série qui ne se prend pas au sérieux et vous dévoile (non sans un trait d’humour) les situations cocasses que nous avons vécu au cours de nos voyages.
C’est en retombant sur un vieux carnet de voyage griffonné au Maroc en 2007 que j’ai trouvé l’inspiration pour ce sixième épisode de notre saga Voyageur loser ! Au programme de cet épisode (je spoil déjà), un couple à l’apparence trompeuse, du lourd, du beauf et des stratagèmes invraisemblables pour retrouver sa liberté !
Un road trip qui démarre timidement
Tout commence à Ouarzazate, point de départ pratique pour aller explorer la belle région de la vallée du Dadès et consœurs ! A l’arrache (as usual), nous n’avions pas vraiment programmé comment visiter tous ces jolis atours. Surtout que nous avions un timing légèrement serré (vu qu’on est sacrément gourmands, on ne se refais pas). Ça tombait plutôt bien puisque l’hôtel nous proposait une excursion de 3 jours pour sillonner la vallée du Dadès, les gorges du même nom ainsi que les gorges du Todhra pour finir à Merzouga et l’entrée du désert. C’était plutôt alléchant, répondant à nos attentes, sauf qu’il y avait deux hics :
- le premier, on n’a jamais fait d’excursion organisée de plusieurs jours et ça nous inquiétait un peu question liberté
- le deuxième, il fallait qu’on trouve d’autres personnes partantes, et à la saison à laquelle nous étions, les touristes ne sont pas très nombreux
Mais n’étant pas à 100% losers, la chance (c’est ce que nous croyons à ce moment là !) nous sourit. Un couple de français que nous prénommerons Mr et Mme B semble intéressé. Seb se charge de négocier les prix et les conditions. En effet, comme nous ne souhaitons pas faire une boucle pour revenir à Ouarzazate, nous optons pour une formule 2 jours (on avait du sentir un truc venir…) jusqu’à Merzouga d’où nous reprendrons nos habitudes (les transports locaux !).
Tout semblait calé, mais pour une raison obscure, Mr et Mme B hésitent… Sauf que le départ est prévu le lendemain matin et il est minuit (quand je vous disait qu’on était à l’arrache).
Nous partons donc nous coucher sans trop savoir ce qui sera décidé le lendemain. En gros, si quelqu’un vient nous réveiller à l’aube, ce sera ok.
La nuit passe tant bien que mal. Un chat squatte et miaule à la mort sous notre fenêtre toute la nuit, un mec décide que l’heure est propice à quelques travaux et moi je stresse un peu de savoir si Mr et Mme B vont enfin se décider (j’aime pas trop dépendre de la bonne volonté des autres !).
Au petit matin, un doux toc toc nous réveille et nous exultons à l’idée que l’affaire est dans le sac. Ce couple qui avait tant hésité se met désormais à tout vouloir faire comme nous.
Nous nous mettons en route avec une petite inquiétude tout de même concernant ce couple. Mais cela ne vient pas entamer notre curiosité.
Un diagnostic sans appel
Les décors de Western font place à ceux de Lawrence d’Arabie (pour de vrai), Mme B se révèle être une femme charmante, Mr B quant à lui montre quelques signes de nervosité, on ne le sent pas tout à fait à l’aise.
C’est lors d’une rencontre avec un vendeur berbère que nous avons commencé à diagnostiquer le problème de Mr B. Récit.
Ce vendeur nous invite à prendre le thé dans sa boutique nichée dans une grotte. Une conversation à bâtons rompus sur ses aspirations, son rêve d’ouvrir un restaurant, son amour pour « sa » montagne qu’il qualifie de trésor, est un bel échange. Malheureusement la douceur de cet homme, son élégance et sa tolérance n’eut d’égale que la rusticité, la beaufitude et le manque d’ouverture de Mr B. Celui-ci, outré par le fait de devoir se déchausser, nous impose alors un monologue sur l’odeur de ses pieds pour s’exempter de ce rituel de politesse élémentaire.
Nous commençons à comprendre que Mr B est coincé, étroit d’esprit et n’est pas vraiment dans une altérité bienveillante. Nous avions eu déjà quelques remarques dans la voiture qui auraient du nous mettre la puce à l’oreille. Du genre, à « ça en France c’est pas comme a ça » ou alors « en France, ça marche comme ça, c’est quand même plus efficace… ».
Seb me regarde. Je le regarde. Nos coups d’oeils n’ont pas besoin de s’accompagner de parole pour être compris. La traduction est sans appel : « Ce mec est super lourd ? Ouais grave, méga relou ! Comment elle fait sa nana ? ».
Le début d’un florilège interminable
Vous me trouvez sévère ? Je vous ai passé une foultitude de bougonneries, un lot de ralouillage et un flot de remarques limite racistes.
- En visitant les doigts de singes (superbes formations géologiques), à l’approche d’un passage difficile, Mr B visiblement en difficulté refuse la main tendue du guide. Il râle, proclame que le guide n’est pas suffisamment fort et qu’il risque de valdinguer à cause de sa force surhumaine (j’en rajoute hihi) pour finalement accepter le coup de main, l’air penaud. Comble de la connerie, il finira par se justifier de son attitude en disant « Oui mais j’ai des notions techniques ! » Ah ouais, je connaissais les techniques de l’info et de la com mais les techniques de chienlit et de la fierté mal placée, connaissais pas ! Chapeau ! Master accepted !
- Au repas, dans une sublime auberge en pisé, Mme B est surprise de me voir manger mon couscous avec les mains et aimerait bien faire de même. Elle me demande qu’elle est la technique pour faire des boulettes et ne pas en mettre partout. Le guide encourage ses premiers essais. Pendant ce temps là, devinez quoi ? Mr B bougonne et n’arrête pas de faire des réflexions et au passage en profite pour dévaloriser sa femme (le genre d’homme que j’adore !). Agacée par son comportement, j’en fais des caisses sur le fait de manger avec les doigts, j’enduis un peu plus mes boulettes de sauce et je suce bruyamment les os de mon poulet. Une manière détournée de dire « tu me fais chier gros con, profite de ton voyage bordel de merde et détteeeeennnnnd toi meeeerrrdeuuuu ». Au passage, le couscous était divin, le manger avec une fourchette aurait été un blasphème !
- Le deuxième jour, nous reprenons la route. A peine 5 min après notre départ, nous sentons Mr B complètement affolé (faut dire qu’il a du mal à se détendre). Cela monte crescendo, il pense avoir oublié son passeport, cherche comme un fou dans son sac, engueule sa femme au passage en l’accusant de ne pas lui avoir donné au bon moment… Nous retournons donc à l’auberge et nous poireautons le temps que Mr B redescende en pression. Conclusion de l’histoire, ses passeports étaient dans son sac, sa femme n’y avait pas touché… Mais malgré tout, une petite excuse pour nous avoir fait chier et engueuler sa femme ? NON que dalle ! Il a quand même trouvé le moyen de continuer à dire que c’était la faute de sa femme car elle avait changé de place la localisation des papiers.
- Aux gorges de Todghra, avant de repartir Mme B souhaite prendre 5 minutes de plus pour faire une photo. Nous sommes dans la voiture mais vu qu’il y a foule, nous avançons au pas donc pas de problème pour nous, elle nous rejoindra à pied. Sauf qu’au bout de 5 minutes et 30 secondes son « charmant mari » commence à la dénigrer car elle n’est pas encore revenue, à gueuler, à dire que c’est toujours comme ça « Ah c’est signé ça ! c’est signé ! (l’expression nous est restée…) à sortir de la caisse en vociférant le nom de sa femme devant des marocains complètement ahuris. Elle revient 2 minutes après, complètement épanouie (elle apprécie vraiment son voyage), tandis ce que son mari lui passe un savon et n’arrête pas de dire qu’elle fait chier tout le monde. Euh non en fait C’EST TOI QUI FAIT CHIER TOUT LE MONDE ! Je sens que le chauffeur commence à être à bout. J’ai comme des envies de le semer dans le désert, de l’empoisonner avec du tagine avarié ou de l’enfermer avec une horde de dromadaires affamés.
Des stratagèmes de sioux pour se débarasser de Mr B
Arrivés à Merzouga nous pensions être débarrassés d’eux ou plutôt de Mr B car Mme B était vraiment charmante. D’où le titre, la belle et la bête ! C’était sans compter sur le fait que Mr et Mme B étaient fans de nous. Quand un con se pare d’égocentrisme, cela donne un individu complètement incapable de se rendre compte de son environnement et des multiples signes d’hostilité et de réprobation lancés à son égard.
Même si officiellement l’excursion était terminée, Mr et Mme B nous collent aux basques et scrutent nos moindres faits et gestes pour nous suivre. Et le souci c’est que nous étions un peu piégés. A Merzouga peu d’options s’offrent à nous. Soit une nuit en auberge très chère, soit une nuit dans le désert précédée d’une balade en dromadaire. Vous imaginez notre choix.
Nous tentons de nous fondre dans le groupe, hissant une sorte de cordon sanitaire, une distance de cordialité (comme on dit dans les administrations) entre eux et nous. On en vient à ne pas répondre à leurs questions quant à nos choix, on reste évasifs, dès qu’ils ont le dos tourné on se faufile. Grâce à cela on arrive à être loin d’eux lors de la rando en dromadaire, ce qui nous a permis d’APPRECIER !
Mais ils nous a fallu être encore plus malin car une fois la nuit tombée, un guide nous signale que nous allons dormir dans la même tente que Mr et Mme B, étant arrivés au même moment, nous sommes pour lui un groupe indissociable. Je me remémore le monologue sur l’odeur de ses pieds, j’imagine son ronflement gras et je cauchemarde sur ses éventuelles paroles désagréables diffusées alors même qu’il dort.
Ayant sympathisé avec un apprenti guide, nous lui déballons notre sac en le priant de faire quelque chose pour nous afin de ne pas nous retrouver avec eux ! Et miracle, notre sauveur s’exécute et nous finirons la nuit sous une tente, seuls, en amoureux !
De retour à Merzouga le lendemain, nous pensions en avoir fini ! Je vous passe les détails, mais pour éviter qu’ils nous suivent pour le reste du voyage, nous avons sauté dans une jeep servant de transports locaux (avec la complicité de Mohammed). Comprimés dans le véhicule, avec des marocains étonnés de nous voir là, nous avons senti le goût d’une liberté retrouvée !
7 ans plus tard, en organisant notre roadtrip de 4 jours dans le salar d’Uyuni, nous avons eu quelques bouffées de stress, traumatisés que nous étions de cette expérience. Mais heureusement, ce fût cette fois ci une réussite complète !
Conclusion : une excursion de groupe sur plusieurs jours tous les 7 ans, pas plus !
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Laura
Droguée aux voyages depuis maintenant plus de 15 ans, je sillonne la planète avec Seb à la recherche de petites ou de grosses bêtes. Des forêts luxuriantes jusqu'aux déserts lunaires, c'est un terrain de jeu parfait pour m'adonner à ma deuxième passion : la photo.
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Mais moi je le trouve CHARMANT ce gars!!!!!!!!;-)
Un boulet c’est chiant mais prisonnier d’un boulet, là ça devient carrément affreux!
Et une question subsiste : comment fait sa charmante femme???
Oui le mystère reste entier concernant sa femme mais si tu le trouves charmant tu peux sans doute l’en débarrasser :)
J’ai adoré ce billet – et la façon comme tu le décris. Cela m’a fait bien rigoler. Oui, des gens comme cela existent, je pourrais même en nommer plusieurs, mais chut :)
Bien contente que tu es ri ! C’est bien le but de cette série. Si tu as des anecdotes croustillantes, n’hésites pas à nous en parler ! on taira les noms.
LA beaufitude, le fléau des voyages! On en rencontre toujours de près ou de loin mais la faut avouer que ya un sacré niveau!
Vous avez eu bien du courage en tout cas et je crois que l’éternelle question restera « comment fait sa femme? ». Les opposés s’attirent? Ya des limites je pense :p
Effectivement la beaufitude existe bel et bien partout mais lui c’était un sacré concentré mais pour sa défense je pense que c’est son angoisse qui le rendait si beauf alors peut être qu’au quotidien chez lui c’était un homme adorable (ce qui expliquerai que sa femme soit toujours avec lui !).
Hahahahahahah j’adore !!! Franchement y’a des boulets. J’ai eu le cas avec un Monsieur qui se prenait pour un indien pendant une ballade à cheval/dromadaire en Tunisie. Il nous a payé la honte tout le long et les tunisiens ils arrêtaient pas d’essayer de le faire taire.
J’ai énormément aimé le « j’ai des notions techniques » du Monsieur.
Un pur BOULET !
Eh bien ! Il faut croire que les balades en dromadaire font ressortir chez certains des relents de beaufitude (chameau + désert = indien, faudra qu’on m’explique…) !
Je n’imagine pas l’attitude de notre boulet si nous ne l’avions pas semé avant la balade dans le désert…
Dommage qu’on ai pas leurs coordonnées, une rencontre au sommet aurait pu être intéressante ;)
Mais comme il a l’air charmant ce gentil monsieur!! On peut aisément comprendre que vous ayez essayé de le semer!
On a fait preuve de beaucoup de créativité et on aurait pu encore plus se creuser les méninges pour trouver des moyens de le semer. En tout cas pour les prochaines excursions organisées cela nous aura appris à être plus méfiant et sélect sur le choix de nos compagnons de voyages.
Voyager en groupe a été une expérience difficile pour moi aussi. Cela fait deux années de suite que nous choisissons ce genre de voyage parce que nous n’avons pas vraiment le choix (pas envie de nous perdre dans la steppe ou de finir dans le ventre d’un ours polaire) et je sais qu’il y aura toujours des mésententes dans le groupe. Mais quand on se retrouve piégé avec quelqu’un comme Mr B, il y a de quoi devenir fou!
Cet épisode nous a traumatisé, au point que nous sommes extrêmement vigilants lorsqu’on est obligés de voyager un mini groupe (même pour une journée). Nous préférons de loin gérer quelques galères plutôt que de se trainer des boulets ! En fonction des destinations cela peut être vraiment très simple de voyager en indépendant. Le tout est de passer le cap, ensuite on se rend compte que finalement ce n’est pas autant l’aventure et qu’on ne risque pas tant que ça.
Oui, mais comme tu dis, c’est en fonction des destinations. Au Svalbard par exemple, nous ne pouvions pas sortir de la ville sans guide ni arme de gros calibre, à cause des ours. Du coup, pas le choix quant à l’organisation du voyage : nous ne sommes pas très ville, et nous voulions découvrir l’arctique en kayak. Pour le coup, je n’aurai pas pris le risque, et je préfère passer 10 jours à ignorer un macho plutôt que de ne pas réaliser un rêve :) Mais pour moi qui ai grandit dans une famille où nous partions en vacances sans savoir jusqu’où le camion allait nous mener, la première ‘excursion de groupe’ faisait bizarre…
Quoi, tu n’es pas prête à affronter un ours à mains nues ? Je suis choqué ;)
Plus sérieusement, c’est clair que dans ce cas, on passe bien volontiers sur les inconvénients du groupe ! Ça a du être une expérience absolument extraordinaire.
Tu m’as donné l’eau à la bouche :)