Vivre le deuil de sa sœur à des milliers de kilomètres, apprendre qu’elle est partie, dans une ville inconnue, Bogota, si loin de ses proches, c’est une expérience bouleversante.
J’ai beaucoup hésité à écrire un article sur cet événement personnel sur notre blog. Mais le voyage est aussi fait de la vraie vie, celle qui ne nous épargne pas, celle qui nous blesse. Le soleil et les superbes paysages ne sont pas des garanties de bonheur.
Je ne me voyais pas continuer à publier des articles comme si de rien n’était, comme si je n’avais pas vécu le moment le plus terrible de ma vie.
Le lendemain de notre arrivée à Bogotá, j’apprends la nouvelle de mes parents qui me demandent dans la confusion de leur chagrin et par instinct de protection de poursuivre mon voyage. Déboussolée, dans une difficulté de réaliser, d’accepter, je décide de poursuivre le voyage, en mémoire de ma sœur Camille. C’est ainsi que pendant 4 jours, Seb et moi, nous errons dans les rues de la Candelaria à Bogotá. En proie à de nombreuses questions, je ressens l’impérieux besoin d’être près de mes parents, de ma sœur Morgane, de mes proches pour vivre ce moment même si la peur d’affronter tout cela me paralyse.
Je décide finalement de revenir en France pour vivre l’enterrement, laisser partir ma sœur pour mieux la garder près de moi, protéger comme je le peux mes parents et me rendre compte à quel point ma sœur était aimée.
Cet article tout comme tout ceux qui suivront, je les dédicace à ma sœur Camille, partie trop tôt, nous laissant une déchirure béante qu’il nous faudra cicatriser.
Cette introduction triste, ne doit pas cacher mon ambition de faire de cet article un hymne à la vie. J’ai voulu que cet article puisse être gai, vivant, vibrant, léger car même dans les moments les plus sombres, il nous faut penser à la vie, aux chances qui nous sont offertes, à tous ceux qui restent et que l’on aime, à ce temps qui file et qu’il ne faut pas gâcher.
Malgré la tristesse et le désarroi de ces jours d’errance à Bogotá, cette ville m’a offert quelques moments de répit, d’espoir, de rire même. C’est de ces petits clins d’œils qui arrivent à vous arracher un sourire dont je veux vous parler.
1- Les courses de cochons d’Inde
Quelques conchons d’Inde (cuye) immobiles, un homme à la voix transformée qui harangue la foule, que ce passe t’il ? Simplement une course de hamsters. Le principe est simple, il y a quelques supports en plastiques qui peuvent accueillir un hamster.
Le public mise sur le support qui selon lui attirera le hamster. Lorsque les mises commencent à être importantes, l’homme clame une phrase aux hamsters et comme par magie, l’un d’entre eux s’élance avec avidité sur une de ces gamelles plastifiés. C’est rapide, surprenant. Ingénieuse débrouille pour gagner modestement sa vie.
2 – Les lamas aux lunettes de soleil
Sur la place centrale de la cathédrale, un bestiaire composé de lamas et de pigeons attend patiemment les touristes. Les uns pour se faire photographier avec des accoutrements frisants le ridicule, les autres pour se faire nourrir à coup de grains de maïs. Une jolie cacophonie. Je souris, en tant normal, j’aurai fustigé l’utilisation de lamas pour des raisons commerciales.
3 – La relève est assurée
Quelques jeunes militants sollicitent les passants pour un vote citoyen. Ils demandent aux gens s’ils sont d’accord avec la proposition de loi qu’ils défendent. Leur idée : que chaque chaise de député condamné pour corruption reste vacante afin que les citoyens puissent se rendre compte de l’importance du phénomène et convaincre les partis politiques d’avoir plus d’éthique. Un peu plus loin, c’est un stand anti-corrida qui interpelle les passants sur la question. Militer en Colombie, cela ne doit pas être une mince affaire. Cela me réjoui de voir ce courage et cette détermination.
4 – L’art en thérapie
Bogotá compte de jolis musées, à l’instar du musée de l’or. Plusieurs étages de bijoux, objets de cérémonie, parures mortuaires en or ou métaux précieux sont exposés. Il est beaucoup question de rites, d’hommage aux illustres morts. Je me prête à imaginer le plus beau des hommages pour ma sœur, celui qui apaisera le cœur des vivants et gardera vivante une mémoire nécessaire.
Les œuvres de Botero dans le musée qui lui est consacré m’ont également touchées, pleines de rondeurs, de douceur et de légèreté, elles évoquent parfois des réalités douloureuses tout en préservant l’insouciance. Ces tons pastels m’invitent à rechercher une sérénité qui mettra du temps à pointer le bout de son nez. Ces œuvres m’apaisent, elles sont la vie.
5 – La mode canine
Un peu de frivolité, ça ne fait pas de mal. Beaucoup de frivolité, cela peut vous arracher un sourire. En Colombie, la mode ne touche pas que les jeunes filles qui rivalisent de coquetterie. Elle atteint aussi les chiens par l’intermédiaire de leurs maîtres. A Bogotá, on peut croiser plusieurs vendeurs de rues de tenues affriolantes pour nos amis les chiens. Jupette, casquette, survêtement, une vraie panoplie a votre disposition. Attention, ne riez pas devant les acheteurs, c’est très sérieux ici !
6 – Voyageurs solitaires et colombien anti-clérical
Comme si le destin comprenait ma peine, il a mis sur mon chemin de vraies personnalités pendant ces quelques jours à Bogotá. Un québécois sexagénaire, baroudeur depuis toujours qui partage aujourd’hui sa vie entre la tranquillité d’une roulotte dans son pays et la compagnie féminine de la Colombie. Il nous racontera tous ses périples à travers le monde, le passage illégal de diamants au Népal, ses apprentissages spirituels, ses amitiés avec les exclus…
Une autre soirée, nous avons rencontré un père et son fils qui à l’annonce de notre nationalité, ont démarré une conversation politique des plus intéressantes. Tout y passe, les idéaux de la révolution française, le racisme en France, les positions néo-coloniales de notre cher pays ainsi que le principe de la laïcité à la française. Ce dernier sujet a fait l’objet d’une discussion approfondie, il n’est déjà pas évident de s’exprimer là dessus en français, alors imaginez en espagnol. Le fils pensait que l’interdiction de signes religieux est tout simplement antidémocratique, le père, un athée convaincu n’y voyait aucun inconvénient. Une fois le père seul, celui-ci a pu se lâcher sur les questions de religions. Il ne critique pas ceux qui ont la foi mais davantage le système religieux et l’hypocrisie qui y règne. Il dénonce notamment que les pratiquants n’appliquent pas réellement les règles morales qu’imposent la religion. Cet homme me fait penser à ma mère.
7 – Un enfant franco-allemano-italien naissant en Colombie
Signe ou simple coïncidence, dans la chambre adjacente à la notre, un couple. Elle est franco-allemande, lui est italien. Ils voyagent et vont avoir un bébé en Colombie. Ils se démènent avec les différentes administrations pour savoir quelles sont les procédures pour régulariser leur futur bambin et lui donner leurs nationalités. Sauf que les parents a eux seuls ont trois nationalités différentes et ils aimeraient bien que l’enfant à naître soit français, italien et allemand !
Un vrai bébé citoyen du monde, je suis heureuse pour ce couple.
Bogotá, par mon histoire, restera à jamais une ville singulière, celle qui a vu ma vie basculer, celle qui a vu mon insouciance s’envoler, celle qui a su mettre un baume de vie sur mes blessures, à sa manière.
Après un retour d’une semaine en France, nous sommes revenus à Bogotá en pleine fête de la lumière. De la gaieté, des bougies allumées aux quatre coins des rues, de la vie. Il faut croire que Bogotá, la Colombie et ses habitants cherchent désespérément à me consoler.
A ma petite sœur Camille, qui voyage maintenant dans chacun de mes pas.
Je t’aime sœurette.
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Laura
Droguée aux voyages depuis maintenant plus de 15 ans, je sillonne la planète avec Seb à la recherche de petites ou de grosses bêtes. Des forêts luxuriantes jusqu'aux déserts lunaires, c'est un terrain de jeu parfait pour m'adonner à ma deuxième passion : la photo.
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Merci Laura pour ce partage d’essentiel, plein de vie. Merci pour cette plongée en profondeur.
Pour tout cela et pour bien plus encore, cette envie de te dire : « je t’aime ».
On ne se connait pas, mais je suis votre périple depuis quelques mois et cet article m’a beaucoup touché… Simple et beau. Bon courage, un deuil n’est jamais facile à surmonter, et encore moins en voyage… Et peut être nous croiserons nous en Amérique du Sud dans les prochains mois (Argentine en janvier) !
Je confirmerai les dires précédents en disant que cet article est un condensé d’émotions avec une écriture magnifique. Nous vous suivons de très près. Merci et une très bonne route pour la suite :)
Je lis chaque article de votre blog avec joie. Je n’écris pas beaucoup, mais je dévore votre voyage. Là je ne peux pas rester sans écrire, tant cet article est beau et émouvant. Je ne te connais pas Laura, mais je t’envoie tout mon soutien pour cette épreuve difficile. Ne perds pas ton enthousiasme, il est si beau. Profitez bien tous les deux du reste de votre voyage.
Bhen voilà, je pleure …
tu parles très justement Laura. Pas grand chose à rajouter, si ce n’est que je vous envoie pleins de bisous, et vous dire qu’on pense à vous.