Cette semaine dans le podcast « les coulisses du voyage », nous allons évoquer un mode de voyage alternatif : le voyage en canoe kayak au long cours. Pour ce sujet, j’ai tendu mon micro à Céline qui a déjà parcouru plus de 1000 km le long de la Loire à coup de pagaie. Cette première expérience lui a donné le goût du voyage sur l’eau. Plus tard, elle a donc entrepris de faire le tour de la Corse en kayak gonflable.
Au travers de nombreuses anecdotes, elle nous raconte ses expériences insolites, son rapport au temps et sa manière très simple d’aborder les difficultés rencontrées au fil de l’eau.
Vous pouvez écouter cet entretien en deux parties directement via les player ci-dessous ou les retrouver sur votre plateforme d’écoute de podcasts préférée (apple podcast, deezer, spotify, podcast addict …). Sinon, vous pouvez lire la retranscription de l’interview ci-dessous.
Céline est l’autrice du blog « Voyages d’une plume ». Voyageuse sensible à la poésie touchante, ces escapades sont une belle éloge à la lenteur et à la force des sentiments. De l’Amérique du sud jusqu’au Cévennes, Céline nous réconcilie avec l’essence même des voyages, ressentir des émotions, se laisser happer par la beauté de l’ordinaire, laisser parler son cœur. Ses récits de voyage sont subtilement écrits, Céline est définitivement une de mes plumes préférées dans la blogosphère voyage.
Qu’est ce qui t’a donné envie de te lancer dans une randonnée en canoe kayak le long de la Loire ?
La réponse est très simple, c’est l’amitié. En fait l’idée, elle n’est pas venue de moi. Moi, je suis une très bonne suiveuse. J’ai beaucoup d’idées originales mais celle là m’est venue d’une amie qui, pendant le premier confinement, était bloquée dans le sud. A la fin du confinement, elle a voulu rentrer chez elle à Brest. Et en fait, elle s’est aperçue que les billets de train étaient très chers. Elle ne voulait pas prendre l’avion. Elle a regardé la carte de France et elle s’est aperçue qu’on avait un fleuve qui traverse une grande partie de la France, la Loire. Et ensuite, de Nantes à Brest, il y a le canal. Il y a donc un chemin tout tracé à travers les voies navigables. La seule solution qui restait à ses yeux, c’était de traverser la France en kayak. Elle m’a proposé qu’on le fasse à deux et moi j’ai suivi.
Est ce que vous aviez déjà voyagé en canoe kayak avant de vous lancer ?
Pas du tout ! Je pense qu’à nous deux, on devait cumuler 30 kilomètres d’expérience en kayak ! On en avait fait chacune de notre côté quand on était ado en sortie touristique. On a fait ce qu’on peut faire dans les gorges du Tarn ou les gorges de l’Hérault.
On ne savait rien du canoe ni de la réglementation. On savait juste qu’il fallait aller à Brest et qu’on voulait y aller en canoe kayak. On a fait plus de 1000 kilomètres, on est parti de Roanne à côté de Lyon et on a été jusqu’à Nantes via la Loire puis on a suivi le canal de Nantes à Brest. A la base, j’étais au Chili et avec l’histoire de la pandémie et du confinement, je suis rentré en France. Entre la fin du confinement, des restrictions de déplacements et le jour du départ, il y a eu trois jours. La préparation a donc été rapide.
Comment vous êtes vous préparé à cette randonnée itinérante en canoe ?
En fait, on a acheté juste acheté le kayak gonflable et les pagaies.
On a aussi cherché des informations, surtout sur Internet. On s’est aperçu qu’il y en avait pas beaucoup. La Loire, c’est un fleuve qui est très pratiqué en canoë kayak mais pas forcément sur toute sa distance. On a acheté le seul livre qui existe sur la traversée de la Loire en kayak et qui s’appelle « La Loire vue du fleuve » mais on l’a reçu après le départ !
Comme on allait bivouaquer, il fallait qu’on vérifie les points de ravitaillement dans les villages qu’on allait traverser. Il fallait aussi connaître les obstacles qu’on allait rencontrer comme les centrales nucléaires.
Avec ses recherches, on a su qu’il n’y avait pas d’interdiction par rapport à notre projet. On est donc parti mais sans trop savoir ce qui nous attendait.
Pourquoi avoir choisi de bivouaquer lors de ces treks en canoe kayak ?
On est toutes les deux adeptes du voyage minimaliste. On a aussi l’habitude de bivouaquer. Ce qui pesait le plus lourd sur le kayak, c’était la nourriture. On savait qu’en fait, en étant sur la Loire, on n’aurait pas forcément accès à des campings donc c’était plus simple de bivouaquer.
En plus, on ne gère pas forcément les distances de la même manière, à pied, à vélo ou en canoe kayak. En kayak, on peut se retrouver dans des endroits à côté de terrains vagues, de friches ou de forêts. La route peut être à plus de quatre kilomètres et on ne peut pas se permettre de transporter le kayak pour la rejoindre et ensuite de faire du stop jusqu’à un camping. Cela aurait demandé beaucoup plus d’organisation de prévoir des hébergements sur l’itinéraire. Et puis, on sortait du confinement et les campings n’étaient pas forcément ouverts à ce moment là.
En fait, le bivouac, c’est quand même la liberté. Ça permet de s’arrêter sur une plage ou un lieu qui nous plait et où on pourra profiter d’un beau coucher de soleil. Ou alors, si on en a marre de pagayer, on peut s’arrêter plus tôt que prévu.
Sur la Loire, il y a beaucoup de bancs de sable. Il y a des fois où ou on ne pouvait plus trop avancer à cause de ça. Il fallait descendre et tirer le kayak. On faisait de la rando dans l’eau. En bivouaquant on a pu avoir de la souplesse et s’arrêter aussi en fonctions des conditions météo.
Par exemple, il y a eu une crue pendant notre voyage. On a donc dû se poser dans un camping parce que c’était dangereux de camper à côté d’un fleuve dont le niveau monte. A ce moment là, on a dû pagayer moins parce que ça pouvait être dangereux aussi à cause des troncs d’arbres ou des branchages qui pouvaient potentiellement percer le canoe kayak.
Comment vous avez géré les aléas météorologiques ?
La Loire est réputée dangereuse, surtout pour les baigneurs, parce qu’il y a des courants qui peuvent tirer dans le fond. Quand on est sur l’eau, ce n’est pas si dangereux que ça en fait. On avait tout le temps nos gilets de sauvetage au cas où il y en a une des deux qui tombent à l’eau.
Pour les conditions météorologiques, je regardais tous les jours le site Vigicrues. C’est un site sur lequel sont répertoriés tous les fleuves et rivières de France et où on peut voir les alertes de crues pour chaque fleuve ou chaque rivière.
C’est un outil super pratique. Pour la météo, on n’a pas eu de chance. Il y a eu énormément de pluie mais on n’allait pas s’arrêter parce qu’il pleuvait. C’était pas vraiment concevable pour nous. On voulait continuer d’avancer. C’est embêtant, mais ce n’est pas dangereux de faire du kayak sous la pluie.
Quels ont été les passages les plus complexes de ces traversées en canoe kayak en itinérance ?
On a été confronté à deux types de passages qui peuvent être compliqués : les centrales nucléaires et les écluses.
Au moment des centrales nucléaires, qui sont bien indiquées, il y a plusieurs options. Soit il faut sortir de l’eau et continuer à pied pour contourner la centrale, soit il y a des passages conçus pour les canoës, des sortes de toboggans.
Et sinon, pour certaines centrales comme celle de Chinon, on peut passer sans aucun souci. Il faut se renseigner avant mais les informations ne sont pas toujours faciles à trouver.
Par exemple, pour la centrale de Chinon, on a perdu énormément de temps. On est restées bloquées un petit moment avant parce qu’il y avait plusieurs signalétiques et on ne comprenait pas tous les panneaux. On a dû appeler carrément la centrale nucléaire de Chinon pour savoir si on avait le droit de passer. Ils nous ont dit que c’était à nos risques et périls.
On a ensuite appelé l’office de tourisme de Chinon pour savoir si on avait le droit de passer. La personne ne savait pas, elle n’a pas pris des risques. Elle nous a dit que c’était complètement interdit de naviguer sur la Loire (ce qui est faux).
Finalement, il n’y avait aucun souci pour passer. Les personnes de la centrale et de l’office de tourisme ne sont pas habituées à ce genre de questions. Là, c’était vraiment le seul endroit où on a vraiment eu du mal à savoir. Il n’y avait pas d’accotement possible où on aurait pu sortir et continuer à pied. Et à côté de ça, on ne savait pas si on allait se retrouver dans un énorme barrage qui aurait pu nous coûter la vie. Ce qui est dangereux au niveau des centrales nucléaires ce sont les barrages et les retenues d’eau.
Je pense que c’est quand même important de parler des centrales nucléaires parce que ça peut être un potentiel danger. Il ne faut pas faire n’importe quoi. Quand il y a un panneau interdiction, on y va pas, mais sinon ce n’est pas dangereux.
Après la Loire, on a pris le canal de Nantes à Brest. C’est un canal où il y a plus de 200 écluses. C’est bien de se renseigner avant car le canal traverse différents département et la réglementation est différente. Dans certains départements, on peut se faire écluser, c’est à dire passer comme un bateau. C’est un éclusier ou une éclusière qui sort de sa petite maison et nous fait passer sans qu’on ait besoin de sortir du canoe kayak. Dans d’autres départements, on n’a pas le droit de se faire écluser. Il faut à chaque fois sortir de l’eau, traverser à pied et se remettre à l’eau après l’écluse. Et dans d’autres départements encore, il y a des toboggans à kayak donc c’est très simple de passer.
Plus d’informations sur le passage des écluses sur le canal de Nantes à Brest
Quels conseils pourrais tu donner à quelqu’un qui veut se lancer dans un voyage itinérant en kayak ?
La première des choses, ce serait de se renseigner sur le parcours en canoe kayak choisi. Par exemple, sur la Loire, la fin du fleuve subit les influences des marées, donc il ne faut pas y aller aux horaires de la marée montante sinon on se retrouve à ramer à contre courant.
Il faut choisir son parcours en fonction de ses envies. Est-ce qu’on veut des rapides (plutôt dans des gorges) ou un parcours tranquille à faire en famille (la vallée de la Loire par exemple). Il faut aussi bien gérer la distance du parcours en fonction de ses capacités et du temps dont on dispose.
On estime qu’en kayak, on avance à peu près à quatre kilomètres heure comme à pied. Donc il faut adapter les distances à ses capacités. Ça ne sert à rien d’essayer de faire 50 kilomètres dans la journée.
Si c’est juste pour un séjour en famille, ça vaut mieux d’y aller tout doucement et de prendre son temps. Surtout que sur le fleuve, on est très proche des animaux et de la nature. On voit des choses inédites, seulement possible en canoe.
Pour ceux qui n’osent pas se lancer seul, il est aussi possible de faire appel à un prestataire qui organisera un séjour de quelques jours en canoe kayak. Il s’occupera ainsi de tous les aspects logistiques. Ces propositions se font beaucoup le long de la Loire mais aussi dans la vallée de la Vézère par exemple.
Comment ne pas déranger la faune quand on bivouaque ?
Sur la Loire, il y a beaucoup de bancs de sable où les oiseaux peuvent nicher par exemple. En général, il y a des panneaux pour prévenir qu’il ne faut pas s’approcher, accoster ou bivouaquer. Ensuite, il faut faire preuve d’un peu de bon sens. Quand on voit des colonies de sternes au même endroit, on se dit que ce n’est pas le meilleur endroit où bivouaquer. Si on voit qu’il y a des animaux et qu’on risque potentiellement de les déranger, on n’y va pas pour ne pas les stresser surtout dans des périodes sensibles comme la ponte. On avait repéré les zones protégées pour mieux gérer nos lieux de bivouac et les distances à parcourir chaque jour.
Sur le canal de Nantes à Brest, tout le long du canal, il y a les maisons de l’eau. Ce sont des écluses ou des maisons qui proposent des expositions sur la faune et la flore du canal. Cela permet de sensibiliser aussi d’une autre manière. Quand on est sur l’eau avec le canoe kayak, on voit la nature de près mais on ne connaît pas forcément ce que l’on voit donc c’est bien qu’il y ait des lieux comme cela.
Sur la Loire, près de Blois, il y a l’observatoire Loire avec notamment un belvédère pour observer les oiseaux parce qu’il y a un banc de sable en face. Il y a aussi une exposition sur la faune, la flore et les spécificités de la Loire en tant que fleuve.
Après la Loire, tu t’es aussi lancée dans le tour de Corse en canoe kayak, quelles sont les spécificités quand on navigue en mer ?
Normalement, il est nécessaire d’avoir un kayak de mer pour ramer dans cet environnement. Mais les kayaks de mer sont très chers donc nous avons tenté avec nos canoe kayaks gonflables. Finalement, nous avons réussi à faire le tour de la Corse tout de même. On a juste pris notre temps.
En mer, il faut bien surveiller le vent, les marées et les courants. On ne peut pas se laisser porter par le courant comme sur un fleuve. Parfois, on a l’impression que la mer est calme et pourtant il y a des courants de surface qui nous devient facilement de notre trajectoire.
Avec ce type d’embarcation, on est aussi soumis à l’obligation de se situer à moins de 300 mètres d’un abri.
Il faut également faire attention aux bateaux, jet skis et autres embarcations motorisées qui peuvent être plus nombreuses dans certaines zones et venir nous déstabiliser.
Pour se préparer on peut se renseigner et se former auprès de la fédération française de canoe kayak.
Comment gériez vous votre canoe kayak quand vous alliez vous balader à pied ?
On a pris le parti de faire confiance, on laissait donc nos kayaks sur la plage ou accostés quelque part avec nos affaires. On prenait juste sur nous notre matériel de valeur (appareil photo, ordinateur portable….) Finalement, on n’a jamais eu de souci par rapport à ça.
Je remercie beaucoup Céline pour cette interview. Si vous voulez en savoir plus, je vous recommande le blog de Céline et ses articles suivants
Son guide pratique : La Loire en canoe Kayak (organisation, formalités, logistique…)
Sa carte « la Loire en kayak » : recense les passages spécifiques ou difficiles, les campings et d’autres informations utiles
N’hésitez pas à me soumettre des sujets et me faire des retours en commentaires de cet article qui reprend les notes de l’épisode.
Et si le cœur vous en dit, mettez moi plein d’étoiles sur votre appli de podcast préférée pour faire connaitre « les coulisses du voyage » !
Comment avez vous trouvé cet article ?
Vote moyen 4 / 5. Nombre de votes : 3
Soyez le premier à évaluer cet article
Ravis que cet article vous ai plu !
N'hésitez pas à nous suivre sur les réseaux sociaux pour garder le lien :)
Nous sommes désolés que cet article ne vous ai pas plu...
Aidez-nous à l'améliorer !
Dites nous ce qui ne va pas, votre retour nous aiderai énormément
Laura
Droguée aux voyages depuis maintenant plus de 15 ans, je sillonne la planète avec Seb à la recherche de petites ou de grosses bêtes. Des forêts luxuriantes jusqu'aux déserts lunaires, c'est un terrain de jeu parfait pour m'adonner à ma deuxième passion : la photo.
Soyez sympas, ne gardez pas tout pour vous ! Partagez ;)
Nos meilleures ressources pour organiser vos voyages
ASSURANCE VOYAGE
L'assurance voyage au meilleur rapport qualité prix selon nous
LOCATION DE VOITURE
Trouver une voiture au meilleur prix partout dans le monde,
plus une assurance 0 franchise optionnelle pas cher
HEBERGEMENT
Trouver un hotel, appartement, gîte au meilleur tarif
AGENCE DE VOYAGE
La meilleure plateforme pour trouver une agence de voyage locale
francophone, responsable et sur mesure
CARTE BANCAIRE SANS FRAIS
Fini les frais de change à l'étranger
avec une carte bancaire (vraiment) gratuite
ACTIVITES ET VISITES GUIDEES
Trouver des activités outdoor, excursions privées ou de groupe
et visites culturelles au meilleur prix partout dans le monde
Soyez foudingues, abonnez-vous à notre newsletter !
En vous abonnant à notre newsletter, vous acceptez notre politique de confidentialité. Vous pourrez vous désinscrire à tout moment.