Je me souviens. Lors de mes premiers voyages, je ramenai une quantité invraisemblable de souvenirs en tous genres… Pour moi, la famille et les amis. Au fur et à mesure de mes voyages, la case shopping a sauté. Pour une raison obscure, nous nous sommes réconciliés avec l’artisanat à Madagascar. Il faut dire que les malgaches font preuve de créativité de ce côté là.

Si la RN7 a été pour nous la route des lémuriens, comme vous avez pu le lire au travers des 4 épisodes à Isala tsara, Ranomafana, Anja et Isalo, elle a aussi été l’itinéraire des artisans.

A chaque ville ou village correspond sa spécialité d’artisanat, ce qui est fort pratique lorsque l’on visite.

Antsirabe, l’artisanat malgache de la récup ! Des cannettes aux cornes de zébu

A Antsirabe, la devise pourrait être « Rien ne se perd, tout se transforme ». Et même l’artisanat s’en inspire. Au marché artisanal près du parc de l’est, il est possible de visiter les ateliers. Vous passerez tout d’abord devant les ateliers d’artisanat classique comme la vannerie, la broderie et l’art du batik. En prolongeant cette rue, nous avons aussi eu l’occasion d’assister à la création en direct de quelques pièces originales.

Tout d’abord, l’atelier de fabrication des miniatures de véhicules typiques de Madagascar (pousse pousse, bus etc…) à partir de matériaux de récupération. A regarder le jeune homme manipuler ce qui pourrait être pour nous des déchets, ça semble simple… mais pourtant il faut de nombreuses étapes et beaucoup d’ingéniosité pour arriver à fabriquer un véhicule. Nous avons opté pour le pousse pousse que nous avons utilisé dans la petite vidéo du début.

Dans un registre récupération, mais nature, je vous présente la corne de zébu ! Cet animal est très important à Madagascar. Sa chair est prisée au point que des voleurs de zébus viennent sans vergogne détrousser les petits éleveurs. Mais au delà de sa viande, sa corne peut également être une ressource intéressante.

Lorsque la corne est prélevée chez l’animal, elle n’a pas une apparence très élégante. Terne et rugueuse, on ne penserait pas qu’elle puisse permettre la réalisation d’objets délicats. Dans un premier temps, il faut séparer la partie dure de la corne du reste. Pour cela, la corne est bouillie. Ensuite, un petit coup de main permet de détacher la « pulpe » de la corne.

La corne est poncée et ensuite polie
La corne est poncée et ensuite polie

Le sculpteur façonne ensuite la forme finale de l’objet qu’il souhaite fabriquer (nous avons vu l’exemple pour une petite cuillère). Après différents ponçages et polissage (dont une étape avec des morceaux de jean récupéré), la matière s’illumine, la brillance pointe son nez.

Pour une version plus contemporaine, la corne peut être colorée, à l’instar de ces jolis bracelets qui m’accompagnent désormais et que vous pouvez voir dans notre slow motion.

Acheter directement aux artisans : en voilà une idée qu'elle est bonne !
Si nous sommes devenus peu friands d’artisanat en voyage, mais avons eu un regain de gourmandise à Madagascar, ce n’est pas uniquement parce que les pièces étaient superbes. Le fait de voir ce beau travail se faire sous nos yeux, connaitre les conditions de travail et leur donner notre argent directement à décuplé notre plaisir, en plus de donner un sens à notre achat et à ces objets. Pas d’intermédiaire gonflant les prix (et/ou les baissant pour les artisans), pas de risque d’acheter un pièce fabriquée industriellement, que du bonheur !

Ambalavao, l’artisanat nature à Madagascar : la soie et le papier Antemoro (Antaimoro)

A Ambalavao, c’est aussi la nature qui inspire les artisans. Inspiration animale pour les tisseurs de soie ou végétale pour les créateurs de papier Antemoro (du nom du peuple habitant la région).

Le tissage de la soie sauvage

Le travail de la soie est une succession d’étapes délicates qui requièrent beaucoup de patience. Les cocons sont tout d’abord cueillis, triés et « étouffés » au soleil ce qui permet de se débarrasser des vers. Ensuite, afin de ramollir les cocons et pouvoir les dévider, ils sont bouillis dans l’eau chaude pendant quelques heures dans de grandes marmites. Les « baves » ainsi obtenus sont rassemblées à plusieurs grâce à un habile mouvement de pouce. Les ouvrières peuvent ensuite tirer le fil. A l’aide d’un morceau de vieux jean placé en jambière, elles accrochent ce fil pour le filer petit à petit. Un travail qui nécessite une patience incroyable.

L’étape suivante consiste à réunir plusieurs fils ensemble pour les solidifier. C’est ce qu’on appelle le moulinage. Pour affiner la future soie, les dernières impuretés sont retirées, puis le fil peut être teinté avec des pigments naturels. La matière est alors prête à être tissée à l’aide d’un métier.

Le papier artisanal Antemoro, unique à Madagascar et dans le monde

Le papier Antemoro ou Antaimoro est fait à partir de l’écorce d’un type de murier, l’avoha. Cette écorce est bouillie pour ramollir les fibres. Pour poursuivre ce processus, on les martèle et on les écrase jusqu’à obtenir une pâte. Celle-ci est divisée en boules. On détermine le poids des boules en fonction de la dimension de la feuille que l’on souhaite obtenir. Afin d’aplatir cette pâte pour arriver à une feuille, chaque boule est diluée dans l’eau sur une toile de coton maintenue par un cadre en bois. L’eau va progressivement s’évacuer et permettre à la feuille de se former.

Avant que celle-ci soit sèche, on en profite pour procéder à la décoration. A base de pétales de fleurs ou d’éléments végétaux, ils sont simplement disposés sur la feuille. Pour les faire tenir, on asperge un peu du mélange de la pâte de papier dilué dans de l’eau, ce qui fait office de colle naturelle.

Ensuite, les feuilles sont séchées au soleil, ce qui ne manque pas à Madagascar. Dans le stop motion du début, vous pouvez également voir ce type de feuille.

Négocier l'artisanat ? Pas à n'importe quel prix...
Qui dit souvenirs de vacances dit très souvent artisanat et négociations âpres, surtout dans les pays dits en voie de développement.

Si la négociation est un jeu agréable pour beaucoup d’acheteurs, voir une tradition dans certains pays, elle ne doit pas entraîner une course au prix le plus bas. En tant que touristes (ou voyageurs si certains ne se retrouvent pas dans ce terme), nous sommes l’unique moyen de subsistance de beaucoup d’artisans. Ceci nous donne un pouvoir très important.

Si le prix de base annoncé dans certains endroits où la négociation est rituelle est exagéré, négocier comme un goret pour « gagner » quelques euros ou centimes est presque criminel selon nous. En effet, que représentent ces quelques sous épargnés par rapport aux heures de travail passées à élaborer votre précieux souvenir. Et pensez bien que un euro pour vous n’a pas du tout la même valeur pour un artisan qui ne roule pas sur l’or à Madagascar ou ailleurs. Trop souvent je vois avec dépit des voyageurs (les français sont très réputés dans ce domaine malheureusement) fiers d’avoir baissé un prix à outrance juste pour le plaisir d’avoir négocié. Pensons aux conséquences !

Ambositra, l’artisanat boisé ou l’art de la marqueterie

La ville d’Ambositra est quant à elle connue pour ses tableaux et objets en marqueterie. La marqueterie est l’art subtile de « peindre avec du bois ». De fines lames de bois aux nuances naturelles allant du beige à l’ébène en passant par le kaki sont découpées pour former les pièces d’un futur puzzle. Une fois assemblées l’ensemble ressemblent à s’y méprendre à une peinture. Ces tableaux trouvent leur source d’inspiration dans les paysages malgaches et les scènes de la vie quotidienne. Vous en trouverez de qualités très diverses ce qui explique aussi les différences de prix. Notre amie Emmelie vivant à Madagascar nous a fait découvrir le travail de Maud et Dominique Masseron du projet le tableau de bois, qui valorise le travail des artisans locaux et leurs techniques traditionnelles et naturelles. Malheureusement, nous n’avons pas eu l’occasion de visiter l’atelier mais vous découvrirez différentes vidéos sur leur site qui explicite en détail leur travail.

Pour vous donner l’eau à la bouche et l’envie d’aller regarder le site du tableau de bois, voici quelques unes de leurs réalisations.

Au delà de la marqueterie, vous retrouverez à Ambositra des ateliers de sculpture de bois. Que ce soient des personnages religieux ou des commandes spécifiques (si vous voulez avoir votre cher et tendre en figurine), de nombreuses réalisations sont possibles.

A travers Madagascar, broderie et vannerie …

Je n’ai pas parlé de la broderie et de la vannerie qui sont aussi très présentes à Madagascar. Vous les trouverez partout à travers le pays sur les marchés ou les boutiques de souvenirs. Ce sont des incontournables. Le travail de la broderie est réservé aux femmes. Elles brodent alors quasiment toute la journée dans un silence religieux. Certaines réalisent ce travail chez elles et rapportent ensuite les pièces à l’atelier pour qu’elles soient vendues.

brodeuses
Duo mère-fille de brodeuses

La vannerie se décline sous toutes ses formes (paniers, sacs, chapeaux…) et les techniques de tressage sont très nombreuses. Les fibres utilisées sont principalement le sisal (issu d’une sorte d’agave) et le raphia (issu d’un type de palmier). La première est privilégiée pour sa résistance, la deuxième pour sa souplesse.

 

Avec autant de possibilités de petites ou grandes pépites d’artisanat, je vous met au défi de revenir de Madagascar sans aucun souvenir dans vos bagages.

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Épingle moi !
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Pour aller plus loin
Retrouvez tous nos articles sur Madagascar :

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Laura

Droguée aux voyages depuis maintenant plus de 15 ans, je sillonne la planète avec Seb à la recherche de petites ou de grosses bêtes. Des forêts luxuriantes jusqu'aux déserts lunaires, c'est un terrain de jeu parfait pour m'adonner à ma deuxième passion : la photo.

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