Quand on évoque les îles grecques, on pense immédiatement à la mer azur, aux villes blanches, aux oliviers… Mais aussi à une histoire riche, de l’antiquité à nos jours. Certaines îles sont passionnantes pour leur culture, d’autres pour leurs plages ou encore leurs sites archéologiques. Mais il en est une qui concentre tout cela en quelques kilomètres carrés. Avec seulement 3000 habitants, l’île de Patmos dans le Dodécanèse est un concentré de beautés naturelles et d’histoire.
Et cerise sur le gâteau, point de foule, le surtourisme a épargné Patmos. Franchement, je me demande bien pourquoi vu les richesses de l’île ! Mais c’est tant mieux, car j’ai pu en profiter sans avoir à (trop) la partager.
Je vous propose un petit tour d’horizon de ma visite de Patmos, entre nature et culture.
Ce voyage est le fruit d’un partenariat avec Discover Greece, une association qui vise à promouvoir le patrimoine de la Grèce et apporter un maximum d’informations aux voyageurs sur la destination via son site internet (en français). J’ai pu choisir moi-même l’île de Patmos comme destination.
Skala, premier contact avec l’île de Patmos
Si je me demande pourquoi Patmos ne reçoit pas autant de visiteurs que certaines îles grecques « star », j’ai tout de même ma petite idée. En premier lieu, son accès n’est pas aussi direct que d’autres îles. C’est en effet par la mer qu’il faut se rendre à Patmos. L’île est bien trop petite pour accueillir une piste d’atterrissage, et c’est tant mieux à mon avis !
Quel plaisir d’arriver sur une île par l’eau, d’abord découvrir sa silhouette, puis la laisser lentement se dévoiler, prendre le temps de l’approcher, de la désirer.
Il faut dire que Patmos à une forme très particulière, spectaculaire. Elle est de petite taille, mais son trait de côte est très découpé, formant de très profondes criques, autant d’occasions d’exploration. Si elle ne doit mesurer que 5 km de large au maximum et 12 kilomètres de long, faire le tour de l’île par la côte peu s’avérer très long !
L’autre raison d’une fréquentation moindre, c’est la forme de tourisme développée à Patmos. Plus qu’un tourisme de loisir balnéaire, c’est un tourisme culturel et historique qui attire les visiteurs sur l’île.
Et il y a de quoi faire… J’en parlerai ensuite. Patmos possède également de petites plages agréables, ce qui en fait à mon sens une île pouvant plaire au plus grand nombre. Tous les ingrédients sont réunis : culture, nature, farniente et histoire.
Le premier contact avec Patmos se fait dans la petite ville de Skala, qui abrite le port reliant l’île au reste du monde. Si ce n’est pas la « capitale », c’est la ville principale, celle accueillant la plupart des habitants. Nichée au bout d’une large anse, elle représente pour la plupart des visiteurs un point de transit vers le reste de Patmos, ou bien le coin où se restaurer, où dormir. Peu prennent le temps de visiter Skala, qui possède quelques ruelles charmantes où il fait bon flâner.
On peut notamment trouver à Skala d’anciennes églises, comme Agia Paraskevi of Cavos, une église du 17ème siècle, une acropole antique ou encore un monastère.
Mais disons le, tous les yeux sont tournés vers les hauteurs de l’île, vers la ville de Chora, son monastère de Saint Jean et la grotte de l’apocalypse.
Patmos, une beauté sauvage
Avant de vous parler des incontournables de Patmos, de la raison principale de visite l’île, laissez moi vous raconter ce que j’ai adoré sur l’île. En tant que passionné de nature, je ne pouvais que succomber aux charmes de la physionomie de Patmos, peu urbanisée et relativement sauvage.
Sa côte déchirée, ses hauteurs trahissant un passé volcanique, ses multiples criques sur fond azuré, sa végétation rase dévoilant des roches aux formes surprenantes… Tout concoure à séduire l’amateur de beaux paysages. Sans compter sur les petites chapelles, innombrables, qui parsèment Patmos et les petits villages parfaitement intégrés au paysage qui ajoutent à l’harmonie globale de l’île.
Bref, je me suis régalé, d’autant plus que certaines curiosités ont jalonné mes déambulations, un peu menées au hasard je l’avoue. C’est l’avantage d’aller dans une petite île, on peut vagabonder au gré de ses envies et tomber sur de petites pépites sans risquer de se perdre.
Au cours de mes pérégrinations, je suis notamment tombé sur le rocher de Kalikatsou, tout prêt de Petra beach que j’avais repéré depuis mon hôtel.
Situé au bout d’un isthme, cette formation rocheuse insolite semble posée au milieu des flots. Pour ne rien gâcher, le contrechamp est agrémenté d’une sorte de lagune asséchée au moment de ma visite, recouverte d’une croûte de sel. Les quelques flaques restantes donnaient des reflets superbes de la montagne et du village de Chora au loin.
Mon petit plaisir, cheminer sur les routes de l’île, cherchant les points de vue, prenant parfois de la hauteur pour repérer les endroits qui me faisaient envie, puis descendant dans les criques pour admirer les eaux turquoises ou un jolie petit hameau.
Les îlots entourant Patmos augmentent encore son pouvoir d’attraction, semblant former un microcosme en dehors du monde.
Je n’ai passé que deux jours et demi à Patmos, alors je peux vous dire que j’ai profité de chaque minute, du lever au coucher du soleil.
Chora (Hora), la capitale historique
En parlant de coucher du soleil, s’il y a un endroit d’où l’admirer, c’est bien Chora. Car non seulement ce village historique est irrésistible avec ses ruelles étroites, mais en plus il offre en plus une vue époustouflante sur Patmos.
Lors de ma visite fin septembre, la saison haute était déjà passée, si bien que l’ambiance était très calme, avec très peu de visiteurs, voir aucun le soir venu. Déambuler entre les maisons traditionnelles blanchies à la chaux, croisant seulement quelques habitants emportés dans une discussion animée et quelques chats avait quelque chose de magique. Comme un voyage dans le temps, avec le sentiment d’être privilégié de vivre cette expérience.
Construit autour du monastère de Saint-Jean trônant au sommet, Chora possède des bâtisses datant pour certaines du 15e siècle, voir du 12e siècle. Les ruelles construites volontairement très étroites, en plus de couper le vent avaient pour objectif de freiner les attaques des pirates et des turcs.
Si cela n’est probablement pas toujours très pratique pour les habitants, ce labyrinthe m’a donné le sentiment d’être coupé du monde, comme dans un cocon tranquille, sans voitures ni autre forme de dérangement. J’étais seul au monde, tout à mon plaisir.
S’il doit y avoir pas mal de visiteurs en juillet et août, le cortège de boutiques souvenirs et autres échoppes quelque peu dénaturantes n’ont pas fait leur apparition à Chora. Il y a bien quelques boutiques et restaurants sur le chemin principal menant au monastère, mais très bien intégrées et discrètes.
La grotte de l’apocalypse
Je le disais en préambule, Patmos malgré sa taille modeste est un haut lieu d’histoire. A quelques encablures de la Turquie, cette île est à la confluence entre l’Europe et l’Asie, mais elle reste résolument méridionale.
Successivement sous domination grecque, romaine, ottomane et même italienne, Patmos est un brassage culturel passionnant. Mais ce qui marque le plus ce mélange, ce sont les influences religieuses.
Ce n’est pas pour rien que Patmos est surnommée la Jérusalem de la Méditerranée. Haut lieu de pèlerinage chrétien, l’île croise autant de pèlerins que de visiteurs touristiques. Le motif de leur visite ? La grotte de l’apocalypse où Saint Jean en exil aurait écrit l’apocalypse, une partie fondamentale du nouveau testament.
Chassé de Turquie par l’empereur Domitien à la fin du 1er siècle, Saint Jean le théologien s’est réfugié dans une minuscule grotte où il aurait eu des visions. Une voix aurait émané du creux de la roche, lui dictant l’évangile.
La grotte de l’apocalypse, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, peut aujourd’hui être visitée par tous. Si je ne suis pas croyant, ces lieux me fascinent pour l’intérêt et la ferveur qu’ils peuvent susciter. Un endroit qui pourrait paraître anodin prend une dimension mystique, porté par la croyance et la dévotion.
Petite précision, il est interdit de prendre des photos à l’intérieur de la grotte de l’apocalypse. J’ai pu obtenir une autorisation exceptionnelle dans le cadre de ce reportage.
En poursuivant le chemin à pieds, à quelques centaines de mètres de la grotte de l’apocalypse, trois moulins à vent se dressent fièrement sur une crête. Aujourd’hui restaurés, ils témoignent superbement du passé agricole de l’île. Si désormais les cultures sont très rares, Patmos possédait autrefois de nombreuses vignes. L’activité avait totalement disparu, mais un exploitant s’est réinstallé pour une production viticole en agriculture biologique. Signe d’un renouveau ?
Le monastère de saint Jean le théologien, un patrimoine de l’humanité
Si la grotte de l’apocalypse est un incontournable à Patmos, c’est le monastère de Saint Jean le théologien qui attire tous les regards. Perché au sommet du village de Chora (parfois écrit Hora), il domine littéralement Patmos.
Visible depuis la plupart des points hauts de l’île, il marque fortement le paysage, avec son allure massive. Construit au XIIe siècle, il commémore bien sûr la présence de Saint-Jean sur l’île et son écriture de l’évangile.
Si Patmos est connue mondialement du monde chrétien, c’est bien par Saint-Jean et ce monastère.
Malgré son âge vénérable, il a su conserver son aspect original à l’architecture byzantine, avec ses larges remparts.
Principal attrait de l’île, le monastère est aujourd’hui un espace regroupant des chapelles, un musée et une bibliothèque recelant des trésors historiques de premier plan.
La chapelle principale m’a surpris. Très différente des chapelles que j’ai pu visiter auparavant, elle est à la fois très richement décorée et par certains aspects austère. Sans doute la pénombre m’a donné cette impression. La lumière est faible, les sons feutrés, créant une sorte d’intimité propice au recueillement, ce qui tranche avec le faste ostentatoire du décorum, entre les siège en bois sculpté et la superbe tapisserie centrale.
Le musée est très intéressant également, petit, mais regorgeant de pièces archéologiques relatant l’histoire du lieu. Si certaines œuvres parlent d’elles même, un guide vous apportera un éclairage tout autre.
Durant ces visites de la grotte de l’apocalypse et du monastère de saint Jean, j’étais accompagné par Thanasis envoyé par Astoria travel agency, à la sympathie communicative. Avoir un guide expérimenté pour visiter les lieux historiques m’apparaît de plus en plus intéressant avec l’expérience. Voir le beau, c’est bien. Le comprendre, c’est encore mieux.
Tout comme dans la grotte de l’apocalypse, les photos sont interdites dans le monastère de Saint-Jean, mais j’ai eu une autorisation exceptionnelle dans le cadre de ce reportage.
De Patmos, je retiens un concentré de ce que peuvent offrir les îles grecques. Une beauté sauvage, une culture riche et mélangée, une histoire multiséculaire. Mais j’ai aussi rencontré des personnes passionnantes, ouvertes, accueillantes, le tout sans avoir à partager avec trop de monde. Vive le hors saison !
Guide pratique – visiter Patmos en Grèce
Comment aller à Patmos ? Le ferry
Patmos ne peut être atteinte que par la mer. Il n’y a pas d’aéroport sur l’île (il n’y a que 3000 habitants). L’unique moyen de rejoindre Patmos est donc le ferry. L’île est reliée par ferry avec toutes les îles alentours, notamment celles du Dodécanèse. Pour ma part, je suis venu depuis Kos avec la compagnie dodekanisos seaways.
Le trajet durait environ 2 heures, faisant une halte très rapide aux îles situées entre Kos et Patmos. Un trajet rapide et confortable, avec la possibilité d’aller sur le pont ou de rester au frais en intérieur.
Les billets peuvent être réservés en ligne à l’avance (conseillé en haute saison), ou au port. Attention, SI vous allez ou venez de Kos, il faut parfois rechercher avec cette orthographe : Cos. C’est le cas avec le comparateur que je vous conseille ci dessous.
Pour me loger à Patmos, j’étais un peu à l’écart des deux villages principaux de l’île que sont Chora et Skala.
Situé dans la magnifique baie de Grikos, j’étais logé au Patmos Aktis suites and spa. Je dois dire que j’ai franchement été gâté. Cet hôtel haut de gamme est l’un des plus beaux dans lesquels j’ai pu être accueilli.
Il n’est pas question de chambres ici, mais de suites magnifiques. Et pour la première fois de ma vie, j’avais une petite piscine rien que pour moi… Oui oui, une suite avec piscine, rien que ça !
Le reste de l’établissement est à cette image, un design épuré, tout de blanc vêtu, s’intégrant parfaitement dans le village, inspiré de l’architecture traditionnelle.
Un établissement à taille humaine, un restaurant gastronomique, une taverna (restaurant traditionnel), une belle plage, un spa, un personnel accueillant, un environnement magnifique… Qu’ajouter de plus ?
Situé dans l’enceinte du Patmos Aktis suites and spa, ce restaurant gastronomique offre un menu de restauration grecque raffinée dans un superbe cadre. Une adresse pour se faire plaisir.
Les prix sont bien sûr un peu plus élevés que dans une taverna classique, mais restent raisonnables. Comptez environ 40 € par personne.
Renseignements
Ktima petra
Également situé dans la baie de Grikos, le Ktima petra offre une cuisine traditionnelle grecque généreuse. Située en bordure d’une des plus belles plages de Patmos, les tables sont dressées dans un très beau jardin.
Le personnel est agréable, la cuisine bonne et les prix abordables. Qui plus est, c’est une adresse qui semble appréciée des locaux, un très bon signe !
Attendez vous à des ruelles étroites pour accéder au restaurant, mais ça vaut la peine !
Que voir, que faire à Patmos ? Les incontournables, et plus encore…
Deux jours sont un minimum selon moi pour visiter Patmos. Dans l’idéal, je dirais 3-4 jours, afin d’avoir le temps de voir les principales attractions, de randonner un peu et buller sur la plage quelques heures.
Voici que voir, que faire à Patmos selon moi :
Visite de la grotte de l’apocalypse
Visite du monastère de saint-Jean le théologien et son musée (je vous conseille de vous faire accompagner par un guide pour une visite encore plus passionnante)
Balade dans le village de Chora et coucher du soleil depuis la place du village
Randonner dans la baie de Grikos jusqu’au rocher de Kalikatsou
Rejoindre à pieds les moulins restaurés depuis la grotte de l’apocalypse
Se détendre sur les plages de l’île
Se faire un mini road trip sur les routes de Patmos, à la recherche des plus beaux points de vues et criques.
Patmos n’est pas l’île grecque la plus réputée pour ses plages. Malgré tout, le tourisme balnéaire se développe et quelques belles plages valent le détour entre deux visites culturelles.
Voici celles que j’ai pu répertorier : Agriolivado, Kambos, Livadi Geranou, Liginou, Vagia, Lambi, Psili Ammos…
Pour Psili Ammos, c’est également l’occasion d’une belle petite randonnée. Comptez une demi-heure de marche dans de beaux paysages depuis la fin de la route, à l’extrémité sud de Patmos. Vous rejoindrez une très belle crique et une plage de sable fin peu fréquentée, car moins facilement accessible !
Se déplacer à Patmos, louer une voiture
Si l’île n’est pas grande, les distances sont difficiles à couvrir à pied et les transports en commun ne sont pas très développés, à part pour se rendre à la grotte de l’apocalypse et au monastère.
Si vous souhaitez explorer Patmos en dehors de ces incontournables, aller explorer les terres, la côte, aller sur les plages, louer une voiture peut être une bonne option.
Ma voiture m’a été fournie par patmos rent a car. L’avantage, ils se trouvent directement en face du port à votre arrivée à Skala. Donc rien de plus simple pour prendre et laisser la voiture.
Comptez 25 € par jour pour une voiture de type citadine.
Conduire à Patmos est assez facile, il n’y avait pas beaucoup de circulation lors de ma visite. Par contre, il y a pas mal de routes secondaires qui sont assez étroites, pentues et pas toujours goudronnées. On peut parfois se dire que le GPS nous fait passer par de mauvais chemins, mais non ! C’est juste que Patmos est une île au relief accidenté et qu’il n’y a pas tant de voitures que ça, alors il ne faut pas espérer un réseau routier hyper développé. Normal.
Quand visiter Patmos ? A quelle saison ?
L’île de Patmos jouit d’un climat méditerranéen relativement sec. La plupart des pluies arrivent en hiver. Les meilleures saisons sont sans doute le printemps et le début de l’automne, avec un climat doux, voir chaud et sec.
L’été est une belle saison bien sûr, surtout pour se baigner, mais il peut faire chaud. Aussi, en particulier en juillet août, les visiteurs sont plus nombreux. Si vous pouvez éviter ces deux mois, je vous conseille vivement mai ou septembre.
Aussi vous pourrez plus facilement éviter les paquebots qui viennent plus nombreux au cœur de l’été. Lors de leur arrivée, mieux vaut éviter de visiter Chora et le monastère de Saint Jean, ce dernier étant l’objet de la visite des croisiéristes.
très intéressant ….merci pour votre newsletter en fr ou uk