De Tupiza à Uyuni, 4 jours en terre extrême

Il y a des lieux à part sur cette planète. Des lieux si singuliers qu’on a peine à croire qu’ils sont réels. Le sud Lipez et sa star, le salar d’Uyuni font partie des quelques endroits sur Terre qui font fantasmer la quasi totalité des voyageurs et autres amateurs de paysages. A juste titre.
Pour en profiter pleinement, un seul conseil : partez explorer le sud Lipez depuis Tupiza et non d’Uyuni !

Ce qui rend cet endroit si hallucinant, c’est son côté extrême. Extrême dans son isolement, son altitude (de 4000 m à 6500 m), son aridité, sa diversité, sa singularité, sa démesure.

Nous n’avons que très peu préparé ce voyage, pour laisser place à la surprise, source d’émerveillement. Mais il faut bien avouer que nous avions tout de même deux trois immanquables sur notre itinéraire, et le sud Lipez en Bolivie était en haut de la liste.
Conseils pris auprès de voyageurs, nous arrivons avec quelques appréhensions à Tupiza, notre point de départ. D’une part à cause d’échos sur le mauvais temps. Certains nous ont affirmé que le salar était innondé à cette période de l’année et donc difficile à visiter. Aussi, nous savons que le seul moyen pour nous de visiter cette région grande et reculée, c’est le 4×4, partagé avec d’autres voyageurs.

Partager 4 jours avec d’autres voyageurs toute la journée dans une voiture, c’est pas vraiment ce qui nous attire de prime abord. Déjà pour les journées de bagnole et ensuite parce qu’on peut tomber sur des covoitureurs très sympas, mais aussi des gros lourds. Une expérience d’excursion au Maroc avec un couple de râleurs pot de colle nous a refroidi.

La préparation de notre excursion dans le sud Lipez depuis Tupiza

Notre plan est de partir de Tupiza plutôt que d’Uyuni pour explorer le sud Lipez. La majorité des personnes partent d’Uyuni. En partant en sens inverse, nous aurons plus de chance d’éviter la foule sur les spots à visiter. En plus Tupiza est une petite ville très mignonne, avec des alentours magnifiques que l’on peut aussi visiter à la journée. Une fois arrivés à Tupiza, notre plan requiert de trouver des personnes sympas pour partager la voiture et donc les coûts de l’excursion.
A notre descente du train (nous venons en direct depuis le carnaval d’Oruro), gros coup de bol ! nous retrouvons sur le quai Mélanie et Charlotte, rencontrées brièvement quelques semaines plus tôt dans le canyon de Colca au Pérou ! Le destin nous sourit !

Nous sentons immédiatement que le courant va passer et que nous allons partir ensemble découvrir la région. Ça c’est fait !

Vu que nous ne sommes pas pressés par le temps, nous prenons le temps de préparer notre excursion et de découvrir Tupiza. Le carnaval est encore proche et nous en faisons les frais : le gringo est une cible de choix pour se faire arroser à chaque coin de rue, depuis les balcons, les voitures qui patrouillent pistolets à eau à la main… Une bonne ambiance qui dénote tout de même une légère envie de se payer une tranche de touristes.
Et puis, il y a aussi le côté face de ce jeu bon enfant : le soir, l’alcool faisant son effet, ce ne sont plus les pistolets à eau que l’on voit dans les rues, mais les couteaux et autres fusils… Un peu moins rassurant.

Après trois jours passés à Tupiza, nous avons trouvé une agence sympa et réputée avec un tarif correct. Les conditions proposés à savoir 4 voyageurs dans la voiture, la présence d’un guide et d’une cuisinière nous conviennent également. Le feeling passe bien avec le guide, nous avons nos coloc d’excursion (Charlotte et Mélanie), la voiture est très confortable, on signe direct ! Le périple durera 4 jours et 3 nuits et il promet d’être mémorable.

Le sud Lipez et le salar d’Uyuni, enfin !

Pour la suite du récit, à savoir les 4 jours passés en compagnie de Charlotte, Mélanie et nos accompagnateurs, je serais moins prolix. Pour la description des paysages, leur variété, l’isolement, les grands espaces, la faune rencontrée, je laisserai parler les superbes photos de Laura.

Quelques bribes d’instants forts, voir magiques à l’intérieur de ce voyage halluciné en terre extrême.

J1 : Altiplano hostile et villages fantômes

Ce voyage en terre extrême démarre instantanément. Dès la sortie de Tupiza, les paysages arides de l’Altiplano nous sautent aux yeux et nous arrachent déjà la rétine. Les montagnes rouges deviennent vertes puis jaunes, c’est un festival de couleur.

Les paysages sont secs et hostiles mais leur brutalité les rendent captivants. Durant cette première journée, nous ne croiserons que deux autres 4*4. Les anciens habitants eux aussi ont désertés les lieux il y a bien longtemps. Si bien que l’on parcours des villages coloniaux abandonnés. Leurs ruines sont squattés par quelques viscaches, ces animaux typique qui ressemblent à des lapins.

Sur les grandes plaines, ce sont les vigognes, un autre animal féru de ces étendues et cousin de l’alpaga, qui évoluent paisiblement. Les éleveurs habitent encore dans quelques villages. Nous ne nous attendions pas à croiser des habitants sur ce territoire qui nous donne l’impression d’être au bout du monde.

Durant le trajet en voiture, nous avons tout le temps pour faire plus connaissance avec Charlotte et Mélanie. Nous rions de bon cœur quand Charlotte exprime tous ses talents linguistiques avec de superbes « moutchasse grassiace ». Son accent trahit instantanément ses origines françaises.

En démarrant cette excursion, j’avais peur que les trajets en voiture me semblent longs mais le paysage change constamment, on n’a pas le temps de s’ennuyer une seule seconde. Au contraire, on aimerait s’arrêter toutes les 5 minutes pour capter toute l’essence et la beauté des lieux.

J2-J3 : Le sud Lipez dans toute sa splendeur

Durant les deux jours suivants, les paysages sont de plus en plus beaux. C’est une succession de lagunes aux couleurs incroyables tantôt turquoise tantôt terracotta. En arrière plan de celles-ci trônent des volcans impressionnants. Leurs arêtes se distinguent parfaitement dans l’azur intense du ciel. Quand nous pensons avoir atteint la beauté maximale, nous sommes contredit par une nouvelle montagne colorée qui apparait. Ce sont à n’en pas douter les plus beaux paysages du monde.

L’activité volcanique est partout à tel point que nous devons être vigilant lors de nos sorties de la voiture. Les geysers « Sol de Manana » nous rappellent que le sol est brulant et qu’il faut mieux regarder où on pose ses pieds. Les panaches de fumée et les marmites de boues bouillonnantes sont des beaux avertissements brumeux.

Nous faisons ensuite une jolie pause au bord de la laguna rosada, sa couleur intense nous hypnotise tout comme le ballet des flamants roses dont le plumage est en totale harmonie. Il n’y a personne d’autres que nous pour contempler ce spectacle d’une intense poésie. C’est peut être ça le luxe ultime.

A ces reliefs colorés s’ajoutent bientôt des déserts ocres où des arbres de sable ont été sculpté par les éléments. Dans ce décor, renommé désert de Dali, nous croisons un renard un peu trop habitué à se faire nourrir par les visiteurs.

Entre deux contemplations bouche bée, nous nous défoulons dans l’habitacle avec des compétitions de blind test et de karaoké. Le guide a préparé une sélection de standards internationaux pour nous mettre à l’épreuve.

4e jour : contempler le salar d’Uyuni dans le sud Lipez

Après une courte nuit passée dans un hôtel de sel (oui tout en sel, tables, lits, mûrs, tout), nous nous levons bien avant le soleil afin de le surprendre à son réveil.

La voiture roule dans un noir quasi parfait, nous percevons vaguement autour de nous des étendues planes, une mince épaisseur d’eau parfois. Le chauffeur s’amuse à rouler phares éteints par moment pour ajouter à l’ambiance mystique.
Quand les premières lueurs font leur apparition, nous commençons à percevoir l’immensité horizontale dans laquelle nous sommes : le salar d’Uyuni le plus grand désert de sel au monde.

Bientôt la voiture s’arrête, nous nous en éloignons un peu, en marchant sur ce qui ressemble de la neige endurcie. Mais non, c’est plusieurs centaines de mètres de sel qui crissent sous nos pas.

Le soleil pointe à l’horizon. L’obscurité fait place à une lumière d’une intensité que je n’avais jamais vue. Une terre d’extrême, je me répète !

Le salar, ce n’est pas le plus beau de ces 4 jours pour moi, mais cette immensité blanche est très impressionnante. Depuis le sommet d’une île coralienne (l’île Incahuasi) perchée à 4000 mètres, nous contemplons ce paysage sans fin. Les cactus apportent une touche de verticalité.

Cette planitude offre aussi une perspective favorable pour faire des trompe l’œil sympa. Avec nos acolytes, on démarre donc sans plus attendre l’incontournable séance photo au salar d’Uyuni. Cela nous occupe bien car il faut bien dire qu’il n’y a pas grand chose à faire dans ce désert de sel.

C’est alors le temps du retour à la civilisation. Nous arrivons à l’entrée du salar au niveau de la ville d’Uyuni. Nous l’avons trouvé assez moche et triste en réalité ce qui a confirmé notre bonne idée de passer par Tupiza.
C’est ici que nous laissons Charlotte et Mélanie, non sans une certaine mélancolie, après une si belle expérience, nous n’avons pas envie d’en rester là ! Sûr que nous nous recroiserons un jour.

Au final, ce sont 4 jours en dehors du temps que nous avons passé. Nous n’étions plus en voyage, nous n’étions plus dans la civilisation. Juste nous face à cette immense beauté naturelle. Un instant parfait, un moment de pure grâce.

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Guide pratique – excursion dans le sud Lipez et le salar d’uyuni

Comment se rendre à Tupiza depuis La Paz ou Oruro ? Bus ou train

Pour se rendre à Tupiza, vous avez le choix entre le bus et le train (si vous venez du nord). Nous avons pris le train, c’est un peu plus cher que le bus en 1er classe, mais le surcoût vaut la peine si vous voulez dormir la nuit (le voyage nous a pris presque 24h depuis Oruro à cause d’une panne).

Pour aller vers le sud, en Argentine, vous pouvez prendre un bus jusqu’à la frontière (le temps d’attente à la frontière est assez long). Après la frontière, il faut aller jusqu’à la gare routière à pied (10-15 min). Il y a aussi des taxis, mais je ne sais pas le prix.

Attention pour la monnaie, s’il vous reste des bolivianos, on ne vous les changera pas côté Argentin et du côté Bolivie, le taux de change est vraiment très mauvais. Il y a un distributeur de billets sur le chemin vers la gare, mais pas toujours approvisionné. Le mieux est d’arriver avec des dollars, vous trouverez des taux très avantageux au marché « blue ».

Où dormir à Tupiza et Uyuni ?

L’offre d’hébergement à Tupiza est principalement constituée de petits hotels et hostels économiques (15-20 €). Il n’y a pas vraiment d’hotels haut de gamme. Nous vous suggérons deux adresses qui sortent un peu du lot :

Hotel Mitru (qui possède une piscine)
El grano de oro (un peu plus confort)

A Uyuni, le choix est bien plus vaste, la ville étant largement dédiée au tourisme.

Trouver un hôtel à Uyuni

Quelle agence (tour) pour le sud Lipez et le désert du salar d’Uyuni ?

Il y a de nombreux prestataires qui proposent des excursions de 1 ou plusieurs jours dans le salar d’Uyuni et le sud Lipez. Avant de faire votre choix, regardez en détail les conditions et les services proposés pour ne pas avoir de mauvaises surprises.

Nous sommes partis, depuis Tupiza, avec l’agence La torre tours, nous avons payé 210 dollars / personne pour une excursion de 4 jours. La voiture contenait 4 personnes. Ce prix comprenait les excellents repas (nous avions une cuisinière attitrée), le guide et les 3 nuits (avec sacs de couchage fournis). En arrivant à Uyuni, le prestataire peut vous déposer ici ou vous reconduire (par la route directe) à Tupiza.

Depuis Uyuni, il y a une grande diversité de tours proposés que ce soit simplement dans le salar ou plus largement dans le sud Lipez :

• Excursion d’une journée dans le salar d’Uyuni + coucher de soleil
• Excursion de 3 jours dans le salar d’Uyuni et sud Lipez, retour à Uyuni ou prolongement du côté chilien à San Pedro d’Atacama en bus si vous le souhaitez

Réservez votre tour dans le salar d’Uyuni au départ d’Uyuni

Nos conseils pour préparer votre tour dans le sud Lipez

• soyez attentifs pour les repas, certaines agences « mutualisent » les cuisinières pour plusieurs voitures, la qualité s’en fait ressentir (on a fait des jaloux avec nos bons repas chauds devant certains dubitatifs face à un hamburger douteux)
• le sud Lipez se situe environ à 4000 m d’altitude (sur les plateaux), il fait froid la nuit… N’attendez pas des hébergements grand luxe avec chauffage, alors si vous n’avez pas de sac de couchage bien chaud, négociez en un ! Apportez également des vêtements chauds pour le soir.
• débrouillez-vous pour vous procurer les jumelles
• rechargez bien les batteries de votre appareil photo… Pas d’électricité dans les hébergements pour les deux premières nuits

Que voir, que faire à Tupiza ?

En ville il n’y a pas grande activité… Nous avons pu assister à quelques déambulations de gars éméchés, visiter quelques restaurants louches et squatter la place centrale, mais rien de bien affriolant à se mettre sous la dent. La ville reste petite et assez touristique.

En revanche dans le parc naturel à proximité, des randonnées à pied et à cheval sont proposées. Elles permettent d’explorer des décors magnifiques comme un très beau canyon ocre. Il y a des sorties de 3 h ou à la journée selon les sites à atteindre.

A quelle altitude se trouve Tupiza ? Comment s’équiper ?

C’est une question qui revient souvent ! Tupiza se trouve à 2850 m. Oui, c’est haut, mais il ne fait pas froid pour autant, enfin la nuit c’est frisquet tout de même.

Par contre dans le sud Lipez, ça caille vraiment la nuit, on se trouve à des altitudes aux environs de 3500 mètres (variable) tout comme le salar d’Uyuni à exactement 3658 mètres d’altitude. Lors de votre excursion il faudra donc prévoir des vêtements bien chauds.

Quelles randonnées faire dans le sud Lipez ?

Llicancahur (ou Licancabur) – 5916 m – 1400 m de dénivelé positif

Accessible depuis la laguna Verde, le Llicancabur est le volcan sans doute le plus grimpé du sud Lipez, mais il n’est pas simple ! Une bonne partie de l’ascencion se fait dans la cendre, ce qui rend la marche difficile. Mais la vue depuis le cratère est parait-il la plus belle de la région.

Comptez 8 à 10 heures aller retour pour des marcheurs moyens.

Profil complet de l’ascencion du Llicancahur

Tunupa – 5400 m – 900 m de dénivelé positif

En partant du village de Jirira, vous pourrez rejoindre le village voisin de Coquesa, point de départ pour monter jusqu’au mirador de Tunupa qui offre une belle vue sur le salar. L’accès au cratère est interdite depuis plusieurs années en raison de risque d’éboulement. Ensuite, engagez-vous dans les cendres volcaniques, en direction de la partie la plus basse du cratère.

Comptez 6-7 h aller-retour.

Profil complet de l’ascencion jusqu’au mirador de Tunupa

Ollagüe – 5870 m – 1000 mètres de dénivelé positif

Dans cette région peu fréquentée, à la limite entre le Chili et la Bolivie, l’ascencion de l’Ollague donne un sentiment d’être au milieu de nulle part. La particularité de ce volcan, c’est qu’une piste peu vous amener jusqu’à 5600 m d’altitude ! Des mineurs de souffre et autres minéraux travaillent dans le coin, à 5000 mètres d’altitude…

Si vous vous rendez au bout de la piste, vous n’aurez plus beaucoup de chemin à faire, ce qui en fait un des sommets à cette altitude les plus faciles à atteindre. Sinon, vous pouvez partir de la base du volcan pour une ascension bien plus difficile, mais méritoire !

Profil complet de l’ascencion de l’Ollagüe (depuis sa base)

Uturuncu – 6008 m – 500 mètres

Relativement accessible, l’Uturuncu est un des sommets les plus hauts de la région. Sans cratère bien défini, le volcan est malgré tout bien actif avec des fumeroles visibles durant l’ascension (ne vous approchez pas des gazs toxiques !). Il offre une belle vue sur le Lipez et ses lagunes. Attention tout de même, en fonction de la saison, la neige peu parfois bloquer le sommet. Encore plus qu’ailleurs, attention à l’acclimatation, nous sommes en très haute altitude !

Profil complet de l’ascension de l’Uturuncu

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Pour aller plus loin, retrouvez tous nos article sur la Bolivie, ou notre prochaine étape : le nord ouest argentin et sa sublime quebrada