Rotterdam a pour ambition d’être une ville leader sur les questions de développement durable. Bien qu’industrielle, elle réfléchit, expérimente et innove pour mettre en place des initiatives durables et repenser les modèles des villes traditionnelles. C’est cette impulsion écologique et sociale qui m’a donné envie de la découvrir. Ce fil conducteur a guidé mon itinéraire de visite à Rotterdam durant un week end.
- Street art, découvrir les plus beaux spots à Rotterdam
- Cool district et le quartier des musées de Rotterdam
- Roof top et architecture étonnante à Rotterdam
- Euromast et Cool haven, entre émerveillement et relaxation
- Delfshaven, le quartier historique de Rotterdam
- Un port réinventé et des initiatives engagées à Rotterdam
- Guide pratique tourisme durable à Rotterdam
Dès mon arrivée à la gare, Rotterdam donne le ton. La rupture architecturale avec ce que j’ai l’habitude de voir est totale. Le hall de la gare transperce le ciel avec un aileron de métal et de verre qui lui a valu le surnom de « the shark » (le requin). On ne s’en aperçoit pas mais c’est le plus grand toit recouvert de panneaux solaires en Europe. Les buildings d’un gris transparent s’élancent eux aussi dans les hauteurs, laissant à peine entrevoir son fourmillement interne. N’ayant pas visité de grandes villes depuis un moment, j’ai presque un choc. Mes premiers pas à Rotterdam se font donc la bouche ouverte et l’air hébété. Comme le dira plus tard une guide que je rencontrerai, Rotterdam est une « ville chat », elle est libre, étonnante et demande un temps pour l’apprivoiser. Contrairement à Amsterdam, une « ville chien » qui nous saute dessus et que l’on aime instantanément.
Street art, découvrir les plus beaux spots à Rotterdam
C’est dans ce mélange de curiosité et de perplexité que je commence à arpenter les nombreuses rues de la ville. Mon hôtel, le bellhop hôtel, étant situé dans le centre ville, le long de la Witte de Whithstraat bien connu des noctambules, je rayonne autour pour me familiariser avec ce nouvel environnement. Je remarque assez vite la présence importante de fresques et graffitis. Il ne me faut pas très longtemps pour débusquer une application gratuite « Rotterdam routes » qui me fournit en un rien de temps plusieurs parcours de visites à réaliser, dont deux spécifiques sur le street art. Ils me permettent de géolocaliser facilement des œuvres dans le quartier. Rewriters 010 a aussi édité une application sur cette thématique ainsi qu’une carte téléchargeable gratuitement.
Non loin de la gare, il y a même un musée à ciel ouvert de street art le long de la West Kruiskade où des fresques murales colorées s’exposent aux yeux des passants de cette rue commerçante. J’ai particulièrement aimé le portrait troublé de John Travolta dans Pulp fiction de l’artiste Insane 51. Un habile travail qui vous donne l’impression d’avoir des soucis de vision. Impossible de rater ces œuvres en formats XXL.
Etonnant également, certains artistes comme Daan Botlek ont imaginé des astuces pour que les spectateurs interagissent avec leurs dessins. Grâce à des échelons, on peut ainsi aider ces personnages tout en silhouette blanche à s’entraider et faire partie du dessin.
Le street art n’étant pas figé dans le temps, n’hésitez pas à ouvrir l’œil à chacune de vos balades pour débusquer de nouvelles propositions qui ne seraient pas répertoriées dans les outils que j’ai cité précédemment.
Cool district et le quartier des musées de Rotterdam
Le dépot Boijmans Van Beuningen, un lieu unique au monde !
Pour continuer ces découvertes artistiques, je me rends autour de la station Eendrachtsplein où se concentrent de nombreux musées de la ville. Lors de ma visite de Rotterdam, il était en plein chamboulement car le musée Boijmans Van Beuningen se refait actuellement une beauté. C’est d’ailleurs ce chantier titanesque sur plusieurs années qui a donné l’idée d’imaginer un lieu unique au monde : le dépot Boijmans Van Beuningen. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un lieu où l’on stocke les œuvres en attente d’être exposées. Habituellement, ces entrepôts ne sont pas accessibles au public. Toute l’originalité du dépot Boijmans Van Beuningen réside sur le fait qu’il a été imaginé pour que le grand public puisse le visiter en partie et comprendre ainsi les coulisses des musées et les enjeux de la conservation. Mais n’imaginez pas que vous allez visiter un vulgaire hangar, nous sommes à Rotterdam, ville d’architecture par excellence, il fallait donc un design à la hauteur du caractère singulier du lieu.
Le moins que l’on puisse dire c’est que c’est très réussi. Ce bâtiment en forme de bol géant recouvert de miroirs accroche le regard. A l’intérieur, c’est un dédale de verre et d’acier sur plusieurs étages. Quelques œuvres sont exposées dans le hall central et aux étages pour donner un petit aperçu de l’extraordinaire collection que renferme ce bâtiment (plus 100 000 pièces). Le reste peut paraître austère si on oublie qu’on se trouve dans un dépôt. C’est une succession de portes renfermant des espaces où les œuvres sont entreposés selon leur matière ou volume. On ne peut pas y accéder afin que les conditions de températures et d’hygrométrie restent stables. En revanche, un système très malin a été mis en place pour satisfaire notre curiosité. De grandes vitres ont été installés à certains endroits. Avec un bouton à proximité, on actionne un éclairage temporaire. Ainsi, l’intérieur du lieu de stockage se révèle. C’est super intéressant de voir comment les œuvres sont soigneusement entreposées.
A d’autres étages, les larges vitres nous permettent d’épier les restaurateurs qui bichonnent les œuvres. Chaque atelier est dédié à certains matériaux (œuvre textile, bois, papier …). On ne s’imagine pas toutes les petites mains qui œuvrent pour redonner vie à ces productions artistiques.
Pour aller plus loin dans l’expérience, vous pouvez suivre une des visites organisées. Grâce à un guide, vous aurez accès l’espace d’un instant à l’un des lieux de stockage. Pour cela, il faudra revêtir une blouse et bien ranger toutes ces affaires en dessous. Les lieux changent donc vous pouvez vous amuser à faire plusieurs visites guidées dans la même journée.
Vous pouvez terminer votre visite sur le toit de l’édifice qui accueille un restaurant et une balade arborée avec une très belle vue sur les environs.
Visiter le dépot Boijmans Van Beuningen
Accès : Museumpark 24
Horaires : Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h
Tarifs (en 2024) : 20 € pour les adultes – Gratuit pour les moins de 19 ans
Activités proposées : Visites guidées, visites libres du dépôt, restaurant, boutique
Plus d’informations sur leur site internet : Dépot Boijmans Van Beuningen
Il existe aussi une visite guidée de Rotterdam qui passe par le dépot Boijmans. Lors de cette balade à pied dans le centre de Rotterdam, vous pourrez aussi découvrir d’autres lieux emblématiques de la ville et en apprendre plus sur son histoire.
Het Nieuwe Instituut, le temple du design à Rotterdam
Juste en face du dépôt se trouve le Het Nieuwe instituut dont l’architecture ne laisse pas non plus indifférent. Avant d’aller explorer les expositions de ce centre, je fais une petite pause à son café réputé pour sa cuisine végétarienne. Baignée par la lumière diffuse qui travers la baie vitrée, je déguste en effet un plat savoureux et coloré. Ce centre culturel propose des expositions temporaires sur l’architecture, le design et les arts numériques. Celles que j’ai visité m’ont semblé assez pointues et conceptuelles. Le fait de ne pas avoir de traduction en français m’a empêché de rentrer pleinement dans les discours portés. Cependant, les productions visuelles ou sonores m’ont interpellé et amené à réfléchir sur de nombreux enjeux de société soulevés. Je vous recommande d’avoir du temps pour bien profiter des contenus.
Visiter le Het Nieuwe instituut
Accès : Museum park 25
Horaires : Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 17h
Tarifs (en 2024): 16,50 € pour l’accès aux expositions. Vous pouvez accéder au café sans billet.
Activités proposées : Expositions temporaires, café, librairie, évènements culturels, centre de recherche …
Mon astuce : Prévoyez du temps car les expositions sont nombreuses et riches
Plus d’informations sur leur site internet : Het Nieuwe instituut
Je le disais plus haut ce quartier est celui des musées, au delà des deux que je viens de mentionner, vous trouverez également le muséum d’histoire naturelle, le musée d’art (Kunsthal) ainsi que le musée Chabot. Ils se situent tous autour du Museum park, un petit écrin de verdure bien agréable entre deux expositions.
Roof top et architecture étonnante à Rotterdam
Rotterdam est incontestablement une ville fascinante d’un point de vue architectural. Après les bombardements de la seconde guerre mondiale, la ville a été entièrement reconstruite. Fini les petites rues, place à de grandes artères longées par des tours immenses aux formes originales. Les architectes ont pu aller au bout de leurs idées les plus incongrues. L’exemple le plus connu est sans doute celui des maisons cubiques jaunes.
Des maisons cubiques à Oude Heaven
Quand on les voit, on peine à imaginer le quotidien des habitants tant on a l’impression que tout est penché. L’ensemble de ces 38 maisons est hyper graphique et photogénique. Piet Blom, l’architecte, les a pensé dans les années 70 comme un village dans la ville, une « forêt » où chaque maison représente un arbre. Il tranche avec le calme et l’ambiance traditionnel de Oude Heaven, le vieux port qui a gardé un charme désuet. Rotterdam c’est exactement ça, des univers radicalement différent qui se côtoie, un éclectisme architectural qui me surprend à chaque coin de rue.
J’étais trop curieuse à propos de ces maisons cubiques alors je n’ai pas résisté à visiter une maison témoin, la Kijk Kubus dont l’entrée coûte 3€. Les murs inclinés à 45° exigent d’avoir des meubles entièrement sur mesure. Contrairement à mon impression initiale, les gens vivent bien normalement dans ces drôles d’appartements. En revanche, mieux vaut ne pas être grand ni aimer les grands espaces. Les pièces sont assez petites et beaucoup d’espace est perdu à cause des murs pentus. Assurément, ces maisons cubiques sont davantage esthétiques que pratiques.
Depuis les maisons cubiques, vous aurez aussi une vue sur un immeuble « crayon » pensé par le même architecte. On aime ou on n’aime pas mais ça ne laisse pas indifférent.
Profitez d’être aux maisons cubiques pour emprunter le petit passage qui mène à Oude Heaven, le vieux port de Rotterdam qui est un des rares endroits à avoir été préservé des assauts de la seconde guerre mondiale. Observez notamment la Witte House (maison blanche) construite en 1897 dans un style art nouveau et qui est toujours debout. Depuis, elle a vu grandir des voisins qui l’ont devancé en hauteur. Une frise chronologique architecturale en quelque sorte.
Le Markhtal, un marché insolite !
Dans le même quartier, je découvre aussi le markthal, un édifice en forme de fer à cheval aux dimensions là encore impressionnantes. De l’extérieur, le bâtiment est déjà surprenant mais le meilleur reste à venir à l’intérieur. Il renferme un immense marché couvert où des stands proposent des saveurs d’ici et d’ailleurs. Les senteurs et couleurs donnent l’eau à la bouche. Du chocolat au fish and chips en passant par des meules de gouda ou montagnes d’épices, vous aurez l’embarras du choix pour vous restaurer. Certains stands sont comme des petits restaurants grâce à leur étage où des tables sont disposées. Mais il faut lever les yeux pour voir le clou du spectacle de cet endroit déjà très cool. La voûte est une immense fresque colorée représentant des fruits et des légumes. Des petites fenêtres s’intercalent dans le dessin car plus de 200 appartements se situent au dessus et autour de cette halle.
Des roof top aux multiples usages, le futur de Rotterdam ?
Pour continuer dans cette thématique « architecture », j’ai réservé une visite guidée originale avec Rotterdam Inside. Narjara, architecte de formation propose des tours sur les roofs tops de la ville et leurs usages. En effet, les bâtiments de Rotterdam ont presque exclusivement des toits plats. Cela représente une surface de 18 millions de mètres carrés non utilisés. Rotterdam étant une ville résolument tournée vers le développement durable, elle cherche sans cesse de nouvelles initiatives pour être plus verte.
Les roofs tops pourraient être une des clés de ce changement comme me l’explique Narjara qui distingue 4 usages majeurs pour ces toits. Récupération de l’eau de pluie, installation de panneaux solaires, jardins urbains ou espaces de loisir, les idées pour utiliser ces espaces sont nombreux. Ce tour permet d’aller sur des roof tops qui ne sont pas toujours accessibles au public.
Le premier rooftop que je foule se situe au sommet d’un hôtel de style art déco. Il accueille une salle de réunion avec une vue imprenable sur l’hôtel de ville. De quoi avoir envie de regarder partout sauf devant le paperboard. Cette fois ci le toit devient un lieu de travail. Mais dans d’autres bâtiments que Narjara me signifie, on peut aussi trouver une cour d’école, des terrains de jeux ou des espaces de détentes.
L’autre usage qui m’intéresse davantage est lié à l’écologie. Les villes sont parfois éloignées et dépendantes des centres de productions agricoles à la campagne. L’enjeu de pouvoir produire localement des aliments de base est important. Les surfaces agricoles ne sont extensibles à l’infini mais les toits peuvent se transformer en potager urbain. Au niveau du toit du café Ted’s c’est le choix qui a été fait. Cet immeuble des années 50 au look passé aurait pu être détruit mais cela aurait été un non sens écologique. La municipalité a donc réfléchi à la manière dont ces espaces pourraient servir. Aujourd’hui ce sont devenus des bureaux pour de jeunes entreprises qui avaient du mal à trouver des locaux bon marché à Rotterdam.
Sur le toit, un café très sympa s’est installé. Le parti pris est de garder l’architecture et le design d’origine, une manière aussi de ne pas renier l’histoire de la ville. Attenant au café se situe un jardin potager dont la production sert en partie au restaurant du café. Végétaliser les toits au delà du volet agricole est aussi une manière de rafraichir les villes. Ce toit a également mis en place un système de récupération d’eau de pluie très intéressant.
On ne s’en rend pas compte mais toute l’eau de pluie qui ruisselle dans les villes se retrouve dans les égouts. Cela représente une quantité importante d’eau qui vient gonfler le volume d’eau à traiter par le réseau urbain. Cela demande donc de l’énergie et des ressources alors que cette eau de pluie pourrait servir telle quelle pour de nombreux usages (comme l’arrosage, les toilettes etc…)
A la sortie du Ted’s je découvre la passerelle jaune Luchtsingel construite à l’initiative des habitants. Lassés d’attendre que la municipalité construise un passage désenclavant le quartier, les habitants ont décidés de le faire collectivement en proposant à chacun de payer une ou plusieurs lattes de la passerelle. Les contributeurs pouvaient ensuite choisir d’inscrire un mot sur le morceau de bois. C’est souvent le nom de la personne mais cela peut aussi être une phrase, une déclaration d’amour ou une touche d’humour comme celle ou est inscrit « je suis une planche » !
Le dernier roof top que je visite est un espace de détente, avec des bancs et des plantes, les habitants peuvent venir ici profiter de la vue ou se retrouver. Autour de cet immeuble, Narjara attire mon attention sur des immeubles aux designs très étonnants.
Réserver une visite guidée spéciale « Roof top » avec Rotterdam Inside
Si vous êtes férus d’architecture, il y a également d’autres prestataires qui proposent des visites guidées sur cette thématique:
- Circuit à vélo de 2,5h pour découvrir les points forts de Rotterdam
- Balade à pied de 2h à travers les spots d’architecture les plus spectaculaires de la ville
Euromast et Cool haven, entre émerveillement et relaxation
Le lendemain, je traverse le museum park pour rejoindre à pied le Het park. Si Rotterdam est une immense ville aux constructions impressionnantes, les espaces verts y sont nombreux ce qui la rend très agréable. Le Het park est un des plus beaux exemples. Les larges pelouses invitent aux pique niques improvisés, les allées boisées accueillent les amoureux et les oiseaux barbotent dans les étangs. Se plonger dans l’exubérance végétale du Het park après une balade urbaine est très ressourçant. Les arbres cachent les immeubles et étouffent les bruits de la ville.
Pour se rendre compte de l’immensité de ce parc, il faut prendre de la hauteur. Une drôle de tour surplombe le parc et permet justement de faire cette expérience. Euromast a été construite en 1960 dans le simple but de dominer la ville et de proposer une vue époustouflante. A sa base, on trouve un café et une boutique. Ensuite, on emprunte un ascenseur qui nous monte illico à 100 mètres de hauteur. Un restaurant panoramique attend les gourmands voulant épater la galerie.
Il y a même deux chambres pour passer une nuit très insolite. En effet, une fois l’Euromast fermée, vous aurez l’immense terrasse et la vue pour vous tout seul (bon je ne vous cache pas que c’est un budget tout de même). Je me suis contentée de la vue de jour depuis la plateforme. C’est vertigineux. D’ici le gigantisme de la ville est palpable, les buildings élevés, les constructions insolites, le port colossal sont visibles. Par beau temps, il parait même qu’on peut voir jusqu’à Anvers.
Euromast est aussi un lieu de loisir à sensation. On peut en effet descendre en rappel ou en tyrolienne la tour ou bien s’envoyer en l’air avec l’euroscoop qui vous propulse tout en haut de la flèche de l’Euromast soit à 185 mètres. Ces activités n’étaient pas disponibles lors de mon passage mais si vous aimez l’adrénaline, renseignez vous, vous devriez être servis.
Delfshaven, le quartier historique de Rotterdam
Rotterdam a été en très grande partie détruite par les bombardements au cours de la seconde guerre mondiale. J’ai vu des images avant/après et cela fait froid dans le dos. Au moment de la reconstruction, la ville a fait preuve de résilience. Plutôt que de reconstruire à l’identique, Rotterdam a fait le choix de « profiter » de cette page blanche pour réinventer leur ville, l’imaginer différemment. Les architectes ont pu dessiner une ville moderne et créative. Des buildings se sont élevés dans le ciel, les petites maisons en briques ont laissé place à d’imposants édifices en verre et métal et autres bâtiments originaux.
Il reste cependant à quelques endroits de la ville des vestiges du passé, de petits quartiers qui ont par miracle échappé à cet anéantissement. C’est le cas du quartier de Delfshaven situé un peu à l’écart du centre ville. En se baladant autour du canal, on retrouve l’image que l’on se fait de la Hollande, les maisons en briques rouges soulignées d’éléments noir et blanc, les bateaux en bois se languissant sur le quai et même un moulin ! Celui ci continue à fonctionner grâce à des bénévoles passionnés.
Flâner à Delfshaven est comme une téléportation dans une autre époque, dans une autre ville, tellement son visage diffère littéralement du reste de la ville. Profitez de ce moment de calme pour boire un café ou une bière à la réputée brasserie Pilgrim. J’y suis allée au petit matin, à l’heure où les rideaux sont encore fermés donc je ne peux malheureusement pas vous conseiller d’adresses spécifiques.
Un port réinventé et des initiatives engagées à Rotterdam
Il serait incohérent d’évoquer Rotterdam sans parler de son port qui fait partie des 10 ports les plus importants au monde au regard de son trafic. Les portes conteneurs se relaient dans un ballet incessant et coloré. Mais avant de naviguer autour d’eux, je vais voir le nouveau visage du port et rencontrer des personnes porteuses d’initiatives intéressantes et dans l’air du temps.
La Ferme flottante de Rotterdam, une première dans le monde
Si je me suis écartée autant du centre, dans une zone peu voire pas touristique c’est pour aller à la rencontre d’Audry de la ferme flottante. Dans ce décor urbain et industriel du port, ce sont des vaches qui m’accueillent. Les voir paître ici est vraiment perturbant, tout comme leur étable qui flotte sur la Meuse. Audry va m’expliquer ce projet prototype. La ferme flottante est comme son nom l’indique une ferme construite en partie sur l’eau et qui a la faculté de flotter et donc de s’adapter aux différences de niveau de l’eau.
Ce projet est né de plusieurs constats. Le premier : les villes sont bien trop dépendantes de la campagne pour l’approvisionnement en nourriture. Ce constat a été particulièrement renforcé au moment de l’épidémie du Covid. La deuxième réalité qui a poussé à réfléchir sur de nouveaux modes de production est lié au réchauffement climatique. Les Pays bas du fait de leur topographie et de la présence de l’eau vont subir l’élévation du niveau de la mer. Des terrains vont surement disparaître d’où l’idée de construire sur l’eau des structures qui pourront s’adapter à cette réalité.
Au delà de faire flotter l’édifice, toute la démarche est pensé selon le principe de l’économie circulaire. Ainsi les vaches sont nourris en partie avec les drêches issues d’une brasserie locale (pas de gaspillage), les excréments des vaches sont transformés en fertilisant. Grâce à un procédé technologique, l’urine est séparé du reste des excréments ce qui évite une réaction chimique et la production d’ammoniac. L’énergie est aussi pensé durablement avec la mise en place de panneaux solaires et un projet est en cours pour utiliser l’énergie du vent.
A terme, la ferme flottante va s’agrandir pour permettre la production de fruits et légumes. Tous les produits issus de cette ferme atypique (lait, fromage, …) sont vendus sur place dans une boutique ou en circuits très courts dans des épiceries spécialisées de Rotterdam
D’ailleurs, si vous avez l’œil vous verrez aussi dans le quartier Kop Van Zuid, deux autres édifices flottants, le bureau à énergie neutre de l’UN climate center et des chambres d’hôtels atypiques sur l’eau. En face, se trouve le Rijnhaven, une promenade verte aux pieds de hauts immeubles qui ont permis de densifier les logements et ainsi moins utiliser de surface de construction. Les villes permettent en effet de loger de nombreuses personnes en utilisant moins de terrains. C’est un enjeu écologique majeur quand la population s’accroit.
Stadshaven, une brasserie moderne et engagée à Rotterdam
Je parlais justement des déchets utilisés à la ferme flottante et issus d’une brasserie. C’est vers celle ci que je me dirige à présent. La Stadshaven brasserie est bien plus qu’un lieu où boire une bonne bière. Sa démarche globale mérite qu’on s’y attarde un peu. Dès la conception de la Brasserie, le souci de l’environnement était au cœur des préoccupations.
Le bâtiment, une halle aux fruits laissée à l’abandon a été rénovée plutôt que d’être détruite. L’armature en béton a été conservée et recouverte d’une structure moderne. Ces grands espaces accueillent d’un côté la partie technique de la brasserie, de l’autre le bar avec de nombreuses tables réparties en plusieurs espaces conviviaux à la décoration industrielle très réussie.
Dans sa démarche de production, la brasserie cherche à réduire au maximum son impact sur l’environnement que ce soit dans les économies d’eau, la recherche de solution pour réutiliser les eaux sales ou bien dans le réemploi des déchets de brasserie (notamment les drêches avec la ferme flottante).
Côté gustatif, les bières sont excellentes, la gamme est variée et originale. En hommage à l’histoire du lieu, la brasserie utilise subtilement des fruits dans ses créations. J’ai beaucoup aimé l’univers graphique et la décoration du lieu qui donne envie de passer de longues soirées entre amis.
Blue city, un modèle d’économie circulaire à Rotterdam
Avant de repartir, j’ai une dernière rencontre à faire pour continuer à me rendre compte des initiatives durables qui animent la ville de Rotterdam. Une immense verrière désuète au bord de la Meuse m’intrigue. C’est justement ici que je vais échanger avec Laura. Elle va m’expliquer l’histoire de ce lieu et en quoi il est important aujourd’hui pour le futur de la ville.
En entrant, je saisis tout le gigantisme de l’endroit, je suis dans un ancien centre aquatique avec piscine et toboggan qui a été laissé à l’abandon faute de rentabilité. Cet endroit aurait pu être complètement détruit mais cela aurait été une gâchis écologique et un déni de l’histoire. Des starts up se sont regroupés pour mettre en place le projet Blue City, donner une seconde vie au lieu et promouvoir l’économie circulaire.
Grâce à leur inventivité et leur pugnacité, les locaux attenants à cette piscine monumentale ont été convertis en bureau, espaces de co-working et laboratoires partagés pour les start up. Pour cette transformation, tous les matériaux ont été récupérés. Les bureaux sont séparés avec des fenêtres d’un ancien hôpital par exemple.
J’écoute Laura me raconter toute cette démarche passionnante. L’économie circulaire vise à réutiliser, à revaloriser les déchets même ceux auxquels on n’avait pas pensé. Elle me donne de nombreux exemples des projets développés ici. Ainsi, une start up fabrique du cuir à partir de peau de mangue ou d’autres fruits, le résultat est bluffant. D’autres start up se penchent sur le réemploi d’autres déchets comme la laine des moutons à viande. De qualité insuffisante pour confectionner des vêtements, elle peut cependant devenir un excellent isolant.
Je suis stupéfaite de constater qu’il y a de nombreux déchets auxquels je n’aurai jamais pensé comme les plants de tomates qui ne peuvent être compostés ou certains matériaux de construction. Le travail que font ces sociétés en lien avec les municipalités et d’autres organisations est colossal. Grâce à cette collaboration, ils peuvent identifier les déchets à revaloriser et trouver des solutions. Réduire les déchets à la base est un enjeu majeur, penser l’économie de manière circulaire également. Ce lieu est ouvert au public uniquement pour certains évènements mais un concours va être lancé pour imaginer de quelle manière l’ancien espace de piscine pourrait être réemployé pour accueillir ouvertement du public. La tâche est ardue car le cahier des charges précise qu’il faut être dans une démarche durable, ne pas démolir et n’utiliser que des matériaux recyclés. J’ai hâte de voir ce que cela donnera dans quelques années.
C’est ici que s’achève mon séjour à Rotterdam. L’arrivée fût un choc, le départ est aussi percutant avec toutes ces initiatives originales qui bousculent et qui sont autant de fenêtres sur la ville de demain.
Guide pratique tourisme durable à Rotterdam
Comment se rendre à Rotterdam ?
Rotterdam est très facilement accessible par train en 2h30 environ depuis Paris grâce au Thalys. En plus d’être rapide ce trajet est très confortable grâce aux différentes offres que propose Thalys. Les plus économes choisiront la classe standard qui comprend le wifi, 2 prises de courant ainsi que deux bagages. La classe confort donne quant à elle accès à des places plus spacieuses et un wifi plus rapide avec davantage de data. J’ai pu tester la classe premium lors de mon arrivée à Rotterdam.
Une expérience digne d’un trajet en avion. Vous avez bien entendu accès à ce que propose les autres classes mais en plus un service de restauration servie à votre place est inclus. Durant mon trajet, j’ai donc pu avoir une collation pour le gouter ainsi qu’un repas complet et des boissons. C’était délicieux et particulièrement agréable pour démarrer ce trajet. D’autres services sont inclus pour ce type de billet comme l’accès aux lounges, à une offre d’e-press, l’accueil sur le quai …
Comment se déplacer à Rotterdam ?
La ville est grande mais la découvrir en marchant est un bon moyen de visiter des quartiers moins touristiques. Comme on est en Hollande, vous vous doutez également que le vélo est un moyen très utilisé.
Un réseau de transport en commun diversifié
Rotterdam est une ville comportant un réseau très important de transport en commun que ce soit le métro, tramway ou bus. Nul besoin d’avoir une voiture ou autre véhicule motorisé pour profiter des visites et activités à Rotterdam. Il existe aussi un système de location de scooter électrique via une application. Personnellement j’ai mixé transport en commun et déplacement à pied.
La nouvelle Meuse traverse aussi la ville alors il n’est pas étonnant de pouvoir également se déplacer en Water Taxi. Cette société s’engage à réduire ses émissions en utilisant des bateaux à hydrogène pour les services de ferry. Vous pouvez réserver un déplacement en Water taxi directement sur une application. Il y a environ 50 arrêts disséminés dans la ville. Les tarifs vont de 4,50€ à 10€ en fonction du nombre de zones. Il y a aussi quelques courts tronçons où il y a des départs réguliers toute la journée. La compagnie propose aussi des tours en bateaux plus long pour visiter Rotterdam depuis la Meuse notamment pour découvrir le port.
J’ai pu me rendre de la brasserie à l’hôtel New york et c’est très impressionnant de voir la ville sous cet angle. En frôlant les docks du port, on se sent tout petit face aux énormes cargos et les milliers de containers.
Vous pourrez aussi prendre un bateau pour explorer sur l’eau le quartier du port. Ainsi vous pourrez voir toute l’activité de ce chantier naval et du transbordement de milliers de conteneurs. Un spectacle insolite et impressionnant.
Réserver une croisière d’une heure dans le port de Rotterdam
Bon plan : Rotterdam welcome card
Si vous souhaitez utiliser les transports en commun, je vous recommande de vous procurer la Rotterdam welcome card. C’est une carte permettant d’avoir des réductions pour des lieux d’intérêts, des activités, restaurants etc. de la ville. Il y a par exemple 25% de réduction sur l’entrée au Museum Het Nieuwe Instituut et à Euromast, 20% pour la brasserie Stadshaven et les burgers de Jack Bean, 50% sur un produit de la ferme flottante pour ne donner que quelques exemples.
On peut la coupler à un accès au réseau de transports en commun. Dans ce cas, Il y a des cartes pour 1,2 ou 3 jours qui sont respectivement au prix de 13,50€, 19,50€ et 24,50€. On peut se les procurer en ligne ou à l’office de tourisme de Rotterdam.
Où manger à Rotterdam ? Mes adresses veggies et/ou durables
Après autant d’activités testées à Rotterdam, il fallait bien se restaurer. Durant ce séjour, j’ai pu me rendre compte de la belle offre de restaurants engagés à Rotterdam que ce soit des restaurants complètement veggies ou proposant de belles options pour les végétariens/vegans. Même si vous n’êtes pas végétariens, vous vous régalerez car la cuisine développée est créative et diversifiée. Je me suis rendue compte qu’on était vraiment à la traine sur le sujet en France. Il y a aussi de nombreux restaurants qui favorisent les produits locaux et de saison.
Jack Bean
Un fast food à 2 pas de la gare à l’ambiance tendance qui sert des burgers vegans gourmands et délicieux. Tout est fait maison jusqu’à la sauce ketchup. Les produits viennent des fermes locales. Cet établissement a une démarche qui vise le zéro déchet. Pour manger sainement et éthiquement sur le pouce entre deux visites, c’est l’idéal.
La rotonde
Coup de cœur pour ce restaurant végétarien à l’ambiance ultra chaleureuse. La cuisine est ouverte, le feu de bois crépite et distille une cuisine hyper créative. J’ai été surprise par les associations végétales. Le concept est en plus très sympa car on peut prendre plusieurs petites assiettes pour constituer son repas. Les produits sont locaux. Un joli moment.
Spirit
Spirit est une autre adresse incontournable végétarienne à Rotterdam. J’ai adoré ce buffet gigantesque composé de 50 recettes de plats salés ou sucrés. C’est un restaurant idéal pour découvrir de nombreuses saveurs veggie. On se sert et on paye ensuite au poids de son assiette. Je me suis régalée. C’est bon, rapide et sain.
Backyard
Des propositions vegans dans ce très joli café au style industriel. Pour le petit déjeuner je me suis régalée d’une gaufre garnie de fruits et d’un smoothie ultravitaminé. Vous pourrez aussi déguster des avocats toast, granola croustillant et carrot cake. L’ambiance est très sympa. Il est aussi possible d’y déjeuner.
Hotel New york
En bord de Meuse, l’hôtel New york dispose d’une belle terrasse avec une vue dégagée sur la ville. C’était très agréable d’y déjeuner à l’ombre d’un parasol. Le menu est diversifié, je me suis laissée tenter par un plat de moules cuisiné avec un twist asiatique, un délice. Je vous recommande de réserver, l’adresse a l’air très prisée. Après votre repas, profitez en pour découvrir le quartier et vous balader le long de la Meuse.
Old scuola
Cette pizzeria est située dans l’ensemble de bâtiment Little C à l’architecture remarquable. Dès l’accueil, je me sens comme chez moi. L’ambiance est décontractée et raffinée à la fois. Les effluves de pizza chatouillent mes narines. Après un petit cocktail et des olives gouteuses, je teste l’une d’elle, un délice absolu. De la burrata fondante, des poivrons grillés, que d’excellents ingrédients agrémentent une pâte légère et cuite à la perfection.